A qui s’adressent les recommandations qui vont suivre ? Oh, eh bien, aux trois quarts de la population masculine habituée à porter une veste, et parmi ces personnes, à toutes celles qui ne sentent pas parfaitement, indiscutablement à l’aise dans leurs vêtements. J’insiste sur ce point. Il ne s’agit pas de savoir ce qui serait bien ou mal en vertu de je ne sais quelle règle abstraite, mais de ce qui peut vous permettre d’oublier que vous portez un costume, ce qui est bien le moins, a fortiori si vous pensez y être contraint.
Manches trop longues, manches trop courtes : deux erreurs à éviter
La longueur des manches d’une chemise n’est pas une question de goût mais de proportions, et donc de confort. Confort visuel pour votre entourage, confort tout court pour vous qui n’aurez pas sans arrêt à vous débattre avec votre veste de costume. Si vous achetez une chemise aux manches trop courtes, vous n’aurez de cesse en effet d’essayer de les « récupérer » à chaque mouvement afin qu’elles ne disparaissent pas sous vos manches de veste. De la même façon, si vous achetez une chemise aux manches trop longue, vous serez condamné à tirer désespérément sur vos manches de veste afin de ne pas donner l’impression que cette dernière est trop petite pour vous. Dans les deux cas, vous ne serez pas vraiment libre de vos mouvements. D’où l’intérêt de ne pas se tromper. De fait, l’erreur la plus fréquente consiste à acheter des chemises trop petites. Si prévoir une taille en plus équivaudrait à soigner le mal par le mal, il faut garder à l’esprit qu’une chemise aura tendance à rétrécir au cours des premiers lavages. Les chemisiers le savent bien, qui commencent par laver à 60° les tissus qui leur serviront à la confection de toute chemise sur-mesure.
Guide d’achat d’une chemise en prêt-à-porter
En toute logique, une chemise s’essaye. A moins de n’avoir qu’un seul fournisseur, ou de faire suffisamment confiance au professionnel qui vous sert, il est toujours nécessaire d’essayer avant d’acheter. Sur Internet, un guide des tailles qui ne se limite pas à un simple tableau de concordance des tailles devrait permettre de se faire une idée précise de l’article en l’absence de possibilité d’essayage.
Lors de l’essayage d’une chemise, pensez à bouger comme vous le feriez naturellement. Je sais bien que ce conseil paraît bête, mais trop d’hommes essayent encore une chemise comme s’ils devaient rester toute la journée les bras tendus le long du corps. De toute évidence, une manche qui remonte à la première flexion du bras n’est pas bon signe.
La manche de la chemise ne doit pas « tomber » sur la main. Cette prescription, pour péremptoire qu’elle puisse paraître, ne doit cependant rien à l’arbitraire. Qui aurait envie d’être rappelé à l’ordre par une manche qui descend chaque fois qu’il se saisit d’un stylo ? Même chose en ce qui concerne la largeur du poignet. Une manche n’est pas un ramasse-miettes.
Dernier point, les épaules elles non plus ne doivent pas « tomber », ce qui implique que la couture soit située très légèrement avant le tombé naturel de l’épaule.
Qu’en est-il des manches de veste ?
La plupart des hommes peu soucieux de leur apparence ou peu attentifs portent des vestes de costume trop larges, des pantalons trop larges également et sont abonnés aux manches trop longues. Or, pour ne pas dénaturer la silhouette, la manche de veste doit épouser la manche de chemise. Quant au poignet de chemise, il lui faut dépasser d’un à deux centimètres. Pour Bernard Roetzel, auteur de L’Eternel masculin (Könemann), un écart un peu marqué n’est d’ailleurs pas un drame. Propos à nuancer en fonction des gabarits. « Même si les manches de la veste sont légèrement trop courtes par rapport à celles de la chemise, cela ne se remarque pas, car en fait on ne la porte jamais sans chemise ; c’est même assez chic. Les manchettes apparentes font toujours paraître les bras plus longs. Que tous ceux qui ont les bras vraiment courts pensent à user de cette astuce. »
Col de chemise et revers de veste
Un mot maintenant sur les problèmes liés au col de la chemise et à la liaison entre ledit col et la veste. Puisqu’il s’agit d’attirer le regard vers le visage, l’idée est très simple : alors que le nœud de cravate doit remplir le triangle formé par l’encolure, les pointes du col doivent rester collées à la poitrine, et ce indépendamment des mouvements de tête. Autrement dit, le port de la cravate ne doit pas avoir pour effet de relever les pointes du col. Il conviendra donc, soit d’adapter le col à la cravate, soit, plus sûrement, la cravate au col. Un col petit et étroit, par exemple, a très peu de chances de se marier avec une cravate en tricot.
Dernier point, et non des moindres : il s’agit de l’harmonie entre chemise, cravate et veste. Pour que la concordance soit respectée, il faut que le revers de la veste recouvre très légèrement le rebord et les pointes du col de la chemise (en aucun cas, il ne peut être question de faire disparaître le col de la chemise sous le revers de la veste). Un écart persistant entre la chemise et la veste indique le plus souvent une veste mal coupée et/ou mal choisie. En tout état de cause, on ne devrait essayer une veste que muni d’une chemise parfaitement coupée et adaptée à ses mensurations.
Merci à Nicolas Gabard pour s’être prêté au jeu des photos. Les costumes Husbands, confectionnés en Italie (et entoilés, comme il se doit), sont à découvrir 9, rue Manuel 75009 Paris. Site : http://www.husbands-paris.com.