Dictateur de la Yougoslavie, Tito meurt en 1980. L’unité entre les régions de l’Union s’est effritée et voit sa disparition en 1991.
Dès 1990, le président serbe Milosevic abolira l’autonomie de la province du Kosovo puis suivra une répression contre la majorité albanaise qui y est installée : arrestation, licenciement, prison. Une résistance armée se met en place en 1996 avec la création de l’UCK.
En 1998, l’OTAN est intervenue militairement en bombardant la région. En réponse, Milosevic déportera les Albanais vers les pays voisins. Voilà pour l’histoire.
C’est en été 1999 que Gani Jakupi, journaliste kosovar résidant en Espagne, est revenu sur sa terre natale, accompagné par Domingo, un photographe. Son reportage, dont le thème est ses retrouvailles avec son pays en ruines a été financé par le journal « El mundo ».
Gani y a retrouvé la désolation des villes et des villages provoqués par le passage des troupes serbes. Une partie de sa famille a été tuée puis enterrée dans une fausse commune et l’idée de prendre des photos de lui sur ce lieu macabre n’était pas du gout de Gani.
Malheureusement pour lui, ces quelques jours passés dans la peau d’un reporter de guerre vont lui montrer que le scoop et le sensationnalisme sont les buts recherchés par les grandes rédactions. Le travail d’enquête est obstrué pour se conformer à l’information recherchée. Les méthodes employées peuvent aller d’une traduction erronée à une mise en scène photographique collants aux attentes.
Ce récit illustré est une réflexion sur l’objectivité du journaliste et une critique des méthodes employées par une partie de la profession (dont le but est d’avoir le reportage accepté par les rédactions, qui a pour critère de vendre du papier).
Massacres, vengeances, incendies, ruines, toute l’horreur de la guerre est bien pesante. Gani penche naturellement du côté Kosovar en ce concentrant sur les exactions serbes. Lui même l’admet, mais de toute façon y a-t-il une réelle neutralité journalistique ? C’est sans doute un débat qui ne trouvera jamais de réponse.
Contrairement aux reportages de guerre de Joe Sacco, précurseur de ce genre de BD, « La dernière image » innove en prenant l’angle de la transmission de l’information lors d’un conflit armé et il est cinglant.