Le nom, par exemple. Tournant autour de cette notion, le narrateur va tomber sur un peintre brut, Charles-A. Chenardier, une sorte de douanier Rousseau qui s'y est intéressé aussi, et dont l'observation des toiles, qui auraient passionné les surréalistes, mènera à de singulières découvertes.
Le texte sur le lieu permet toutes sortes d'interrogations : Qu'est-ce qu'un lieu ? Qui utilise ce mot ? Autre enquête autour du mot « péripatéticienne », qui nous emmène vers Baudelaire et de Quincey, dans une autre quête délicieuse et nostalgique partie de Grisélidis Réal, dont Philippe Renaud fut un ami et est toujours un admirateur. Ce n'est d'ailleurs pas le moindre mérite de notre professeur que d'avoir introduit l'écrivain prostituée dans un séminaire officiel de l'université de Genève.
Le thème s'élargit dans un autre texte, où on découvre les affres d'un homme persuadé que sa femme se prostitue via les petites annonces d'un quotidien de boulevard, et en plus persécuté par un fâcheux qui fait irruption chez lui et lui parle d'un roman qu'il voudrait écrire.
On trouvera encore dans ce recueil des souvenirs des USA, des récits de rêves décortiqués ou un trajet bouffon en train.
Je connaissais déjà certaines de ces histoires qui avaient paru dans la revue [vwa] ou dans la revue Ecriture. Leur publication en volume est un bon moyen de se les remémorer et de constater que leur juxtaposition forme un vrai recueil.
Entre elles, il y a plusieurs liens. Thématiques déjà : y reviennent l'amour des animaux, le souvenir d'Odette, la femme aimée et disparue... Les compositions s'y répondent, agréablement digressives, travaillant sur le rebours, servies par une écriture badine et précise. Tout ceci étant porté par la personnalité généreuse, intelligente et savante d'un maître. D'un ami.
Philippe Renaud, Sept histoires à rebrousse-poil, L'Aire