Les troubles de l’élection. La ville de Dijon s’y penche

Pour les candidats à une fonction élective, un scrutin s’apparente à la conduite et à la gestion d’un projet. Les composantes de cette procédure sont désormais bien connues. Tout projet, selon son degré de sophistication, est réductible à l’ensemble des opérations qui le composent selon un calendrier bien maîtrisé. Rien ne sert de courir après les électeurs, il faut partir au bon moment avec une technologie de communication adaptée et singulière. Pour donner le bon tempo et le maîtriser, c’est bien de démarrer avec une longueur d’avance et de faire naître une métacommunication.

En amuse-gueule de la future campagne électorale, l’équipe de communicants réunie autour du maire sortant candidat joue la carte des préliminaires. Entrer en campagne, sans que la campagne ne soit vraiment commencée, mais être vraiment dedans, c’est être dans la course avant les autres. Pour encourager les jeunes nouvellement arrivés à l’âge de la citoyenneté électorale à s’inscrire sur les listes, la ville de Dijon sort de la routine de la communication institutionnelle. Elle bat la campagne avec une affiche qui cible les populations jeunes. Le clin d’œil complice renouvelle la communication citoyenne. La culture numérique s’invite dans le jeu civique. C’est une initiative qui prend acte de la place du principal réseau social dans la vie de la jeunesse. Le pouce levé façon Facebook et le jeu de mot jouent la force du décalage pour sensibiliser les jeunes à la participation civique. Techniquement réfléchie et orchestrée, la campagne va décliner le slogan sous plusieurs formes « d'affiches, de flyers et sur le site Internet de la ville jusqu'à la fin de l'année», précise la mairie de Dijon. Le coup est réussi. Un avant-goût de la prochaine campagne des municipales ? A peu de temps près, les militants du PS désignaient, le 10 octobre, dans toute la France, les têtes de listes pour les prochaines municipales. La liste dijonnaise sera conduite par le maire sortant, seul candidat à l’investiture. Il a recueilli 214 voix sur 216 votants. http://www.bienpublic.com/grand-dijon/2013/10/11/le-ps-investit-francois-rebsamen. Si le vote avait été électronique, une grosse majorité d’adhérents auraient signifié qu’ils “like ” sa candidature. Une élection sans trouble-fête ! 

Mais réussir un coup de com., est-ce communiquer ? Dans un ouvrage récent consacré à la communication d’entreprise, Jean-Marie Charpentier et Vincent Brulois, distinguent la com’ qui porte une « conception instrumentale et symbolique » des messages d’une institution, de la communication qui doit être perçue en priorité comme une question sociale, c’est à dire comme un vecteur de relation et comme une dynamique d’échanges plus seulement linéaires mais multidirectionnels. Les outils, la « production de supports », ne jouent que partiellement la carte de la compréhension des enjeux liés au contexte  de nombre d’organisations. (Refonder la communication d'entreprise. De L'image au social, éditions FYP, Limoges, 2013).

Les

troubles de l’élection ont, semble-t-il, une origine belge. C’est en constatant que les femmes élues représentent une minorité que le Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB) a lancé en 2012 une campagne pour l’engagement des femmes en politique en posant la question : « Vous aussi, vous souffrez de troubles de l'élection ? ». http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_trop-d-electeurs-belges-souffrent-de-troubles-de-l-election?id=7846796. Dans les formations à la communication, il est souvent répété aux étudiants qu'un bon titre pour un article est à usage unique, comme une campagne de communication l'est aussi. Mais si c'est pour une bonne cause ? Les communicants dijonnais ont-ils maté la copie des communicantes wallonnes ?

Le maire de Dijon dont le fauteuil ne semble pas en danger voit juste. La vie publique manque de vitamines pour affronter les maux qu’elle génère elle-même : cumul des mandats, politique fiscale, mauvaise image des élus… Cependant, plus que de produits dopants, la démocratie locale a besoin d'éthique, d’écoute et de compréhension des populations... Malgré tout, le docteur Rebsamen a raison de vouloir traiter les troubles de l'élection. Il doit pour cela réfléchir à son diagnostic. Les troubles de l'élection sont de nature diverse. Certains résultats peuvent annoncer de troubles positions et produire des effets troublants. Ceux de la cantonale de Brignoles, par exemple.