Aujourd’hui, la 27ème édition de la Journée mondiale du refus de la misère milite sur un fait de société louable : lutter contre la discrimination pour précarité sociale. En France, le mouvement ATD Quart Monde porte une réflexion singulière sur le sujet et s'interroge sur le lendemain des préjugés véhiculés sur les personnes dans le besoin.
Après des années d’engagement, Anne de Marjorie, responsable du réseau Culture ATD Quart Monde, établit le bilan suivant : "… on nous demande toujours combien de personnes nous avons aidé à sortir de la misère, mais on ne nous demande jamais combien de personnes nous avons aidé à changer de regard sur la misère…" Pourtant, professionnels, bénévoles et personnes directement concernées en sont convaincus, les préjugés associés aux personnes en situation de précarité peuvent être aussi violents que la misère elle-même. Le tissu économique français et la crise économique multiplient les réactions de rejet d’un public devenu trop fragile."C'est humiliant et dévastateur d'être traité de clochard ou de cas soc', d'être traité différemment parce qu'on habite un quartier pauvre, parce qu'on porte une carte CMU ou à cause de son allure portant les stigmates de la misère, rien de cela n'est reconnu", dénonce l'association dans un communiqué "… notre pays peut faire ce pas de civilisation"
Une pétition, "Je ne veux plus qu'on discrimine des personnes en raison de pauvreté", a été lancée par les associations, syndicats et collectifs partenaires de cette journée (Secours Populaire, CFDT, Emmaüs, etc.) "Nous lançons aujourd'hui cette pétition afin que la discrimination pour cause de précarité sociale soit reconnue dans la loi, pour être mieux combattue", mentionne le texte consultable sur internet.Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone devrait par ailleurs recevoir une délégation de personnes en situation de pauvreté au palais Bourbon aujourd’hui, alors qu'une "marche contre les préjugés" et un rassemblement citoyen sont prévus à Paris.
D'autres manifestations sont programmées dans des dizaines de villes comme Strasbourg, Rennes, Lille, Marseille ou Lyon. Au nombre des partenaires de la journée, la CGT dénonce dans un communiqué "les politiques d'austérité (qui) amplifient la pauvreté et creusent les inégalités" et demande "un autre partage des richesses du travail (…) l'État doit promouvoir et déployer, à l'échelle du pays et en Europe, des politiques publiques volontaristes et ambitieuses visant l'éradication des racines des situations de pauvreté et d'exclusion. En ce sens, le plan pauvreté décliné par le gouvernement s'avère un échec", dénonce la confédération syndicale.
Le gouvernement pâteux de François Hollande avait présenté en janvier dernier un plan quinquennal de lutte contre la pauvreté qui prévoit notamment une hausse du Revenu de solidarité active de base (RSA "socle") de 10% en cinq ans et un accès élargi à la Couverture médicale universelle complémentaires (CMU-C). Un plan qui devrait coûter €2,5 milliards à l’état en année pleine à partir de 2017. Considérant que la Bulgarie et la Roumanie devrait, selon toute probabilité, devenir état membre de l’espace Schengen, ce plan quinquennal sera-t’il suffisant ?F/G