Texte extrait du blog d'Axel Kahn : Pensées en chemin, la triple quête
Il y a plus de vingt ans, je randonnais avec un groupe d’amis dans le Massif Central. Quoique nous fussions en été, le temps était exécrable, un vent glacial balayait la crête sur laquelle nous cheminions à 1400m d’altitude. Je crus d’abord à un phénomène optique lorsque je distinguai à travers le brouillard épais en ce petit matin une forme scintillante, affaissée sur le sol. M’approchant, je reconnus une silhouette humaine, celle d’un très vieux monsieur enveloppé dans une couverture de survie tapissée d’aluminium ; ses deux cannes anglaises étaient posées à côté de lui. La veille au soir, il avait été pris par la nuit dans le mauvais temps et avait passé la nuit là. Après l’avoir réconforté, lui avoir préparé un café bien chaud, je lui posai alors une question dont la stupidité condescendante me consterne aujourd’hui encore :« Qu’est-ce qu’une personne dans votre état peut bien faire en un tel endroit? » L’homme ragaillardi se redressa alors et me fixa de son regard intense : « Parce que, selon vous, je devrais être dans un hospice en attendant qu’on me passe le pistolet et le bassin ? Chacun choisit sa vie, je l’ai fait ».
Le blog d'Axel Kahn