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Ceci n'est pas... qu'un jeu (suite)

Publié le 17 octobre 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Dries Verhoeven, Ceci n'est pas... de l'amour, Strasbourg, place d'Austerlitz, 12 octobre 2013. © Dries Verhoeven. Photo: CR.

Il y a quelques jours, j'ai écrit un article que j'ai publié sur Rue9Strasbourg et j'avais bien envie d'écrire la suite et de vous faire partager cette découverte. Ainsi, à Strasbourg, la place d’Austerlitz, pour quelques jours, est devenu le théâtre d’un artiste néerlandais : Dries Verhoeven, invité par le Maillon dans le cadre de l’événement Ville[s] en jeu[x]. Je suis allée voir cette performance deux jours : vendredi et samedi, les thématiques étant différentes : Ceci n'est pas... une mère vendredi et Ceci n'est pas... de l'amour samedi. Dimanche, on m'a envoyé une photo de Ceci n'est pas... le futur.

Ceci n'est pas... une mère

Quand je suis arrivée vendredi, un attroupement s’était formé autour de la cabine en verre qui trône sur la place d'Austerlitz, une musique en sortait : I follow Rivers de Lykke Li, petite ritournelle entêtante. Sur cette chanson, une toute jeune blondinette dansait mollement. Vêtue d’un pantalon slim rose pétant, d’un t-shirt vert, elle portait aussi un casque sur les oreilles et elle était enceinte jusqu’aux yeux. Elle se dandinait puis s’asseyait sur une chaise, le sol de cette vitrine transparente était recouvert de balles en plastiques multicolores toutes droit sorties du monde merveilleux de l’enfance.

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Dries Verhoeven, Ceci n'est pas... une mère, Strasbourg, place d'Austerlitz, 11 octobre 2013. © Dries Verhoeven. Photo: CR.

Cette fille-mère qui était mise en scène, était trop jeune pour peut-être se rendre compte que sa vie sera être bouleversée par la venue de son enfant et avait l’air de s’en ficher royalement, l'artiste nous la montre, même si les convenances auraient tendance à vouloir cacher que les adolescents ont une sexualité de plus en plus précoce, que des jeunes filles tombent enceinte de plus en plus jeune, qu'elles se fardent comme des adultes, qu'elles (ils aussi en fait) miment le monde adulte alors qu'ils/ elles sont encore des enfants.

Ceci n'est pas... de l'amour

Samedi, j'y suis retournée et j'ai recroisé le papi avec lequel j'avais discuté la veille. Il m'a vue arriver et m'a dit : « ah, c'est l'heure ? ». Et il y retournait aussi alors que la veille il ne comprenait pas ce que c'était et n'en voyait pas l'intérêt donc était curieux quand même de ce qu'il allait voir…

Là, quand je suis arrivée, je me suis dit : « ah oui, logique en fait ». Juste avant, j'étais tombée par hasard sur une vidéo de sensibilisation des adolescents à la violence sexuelle (à voir ci-dessous parce qu'elle est importante : ). Ce que j'y ai vu ? Une toute jeune fille quasi nue était assise sur les genoux d'un homme, lui ne portait qu'un slip et il lui lisait les Contes des Frères Grimm, ambiance glaciale sous le soleil strasbourgeois.

 

Vidéo de sensibilisation des adolescents à la violence sexuelle

Comme la veille, Dries Verhoeven nous montre ce qui dérange et là il est question d'amour entre un adulte et un enfant, d'amour entre deux membres d'une même famille peut-être, d'amour entre quelqu'un qui sait ce qu'il fait et un autre qui ne sait pas ce qu'il doit ou non faire, qui est influençable et qui a confiance en l'adulte sensé le guider. Mais le texte qui accompagne la performance de ce jour-là revient sur le fait qu'un homme ne peut plus avoir une relation affectueuse avec son enfant sans qu'il soit taxé de pédophile... Ou comment perturber d'autant plus l'interprétation qu'on peut faire de cette œuvre mais c'est comme ça que c'est intéressant: quand il y a plusieurs couches de lecture on peut discuter et aller plus loin dans la réflexion..

Dans mon cas, cette performance a évoqué une loi iranienne votée le 22 septembre dernier : cette dernière autorise le mariage entre un père et sa fille adoptive (si elle a plus de 13 ans ; pour plus d’infos, c’est par ), ou comment la pédophilie est légalisée dans d’autres pays…

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Dries Verhoeven, Ceci n'est pas... de l'amour, Strasbourg, place d'Austerlitz, 12 octobre 2013. © Dries Verhoeven. Photo: CR.

Ceci n’est pas… qu’un jeu

Cette œuvre de Dries Verhoeven s’intitule Ceci n’est pas… Le point de départ de l’artiste ? Ceci n’est pas une pipe (ou plutôt La Trahison des images) de René Magritte. Il s’agit d’une peinture datant de 1929 montrant une pipe et sous laquelle il y a écrit « Ceci n’est pas une pipe » parce qu’effectivement ce n’est pas une pipe mais la représentation de cette dernière. Dries Verhoeven reprend cette assertion et va chercher avec sa vitrine à parler de la vie, de ce monde dans lequel on vit et plus particulièrement de ce qu’on préfère ne pas y voir.

Anecdote de fin : deux dames sont arrivées, ont vite regardé et, en partant quasiment de suite après, la première a dit : « oh ben c’est sans doute de l’art contemporain d’un air dégoûté » et la seconde en partant : « c’est vraiment n’importe quoi ». Comment faire pour expliquer aux gens de quoi il s’agit, s’ils partent et, quelque part, refusent le dialogue ? Et des dialogues j’en ai eu avec des enfants, un papi touchant et l’une ou l’autre personne alors que je suis un spectateur lambda de cette œuvre… Mais en même temps, on n’est obligés de rien, ce n’est qu’une proposition de réflexion : « Ce que je ne veux pas, c’est faire changer d’avis le spectateur, tel un moralisateur. Je pense que je dois plutôt l’accompagner dans sa réflexion et sa description des images. », nous dit l’artiste.

Cécile.

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Ceci n’est pas… de Dries Verhoeven, place d’Austerlitz de 15h à 20h, tous les jours jusqu’au 19 octobre. Entrée libre.

Pour plus d'infos:

http://www.maillon.eu/

http://www.villesenjeux.org/

http://cecinestpas-strasbourg.tumblr.com/


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