Vous allez dire « Encore la Renaissance italienne ! », c’est vrai, j’ai quelques marottes, mais bon, il m’est plus facile d’écrire sur Donatello que sur Calder, Christo ou Niki de Saint Phalle – et encore, eux sont de vrais artistes, quant à d’autres…
Je n’aime pas le Louvre, j’ai eu l’occasion de l’écrire plusieurs fois : il y a trop de monde, trop de bruit, trop d’œuvres, aussi belles ou connues soient-elles.
Et pourtant, par le thème alléché, je suis allé visiter l’exposition consacrée aux débuts de la Renaissance italienne qui s’y tient.
Et je n’ai pas été déçu, bien au contraire ; c’est tout simplement exceptionnel. Tout ce que vous apprenez en histoire de l’art sur cette période, et bien vous l’avez en vrai, en peinture et en marbre !
En dix salles, on assiste à l’éclosion d’une révolution artistique, intellectuelle, théologique, politique. C’en est même émouvant !Tous y sont présents, ou presque, avec dans le désordre, Ghiberti, Brunelleschi, Donatello, Pisano, Nanni di Banco, Filarète, Uccello, della Robbia, Masaccio, Lippi, Alberti… Tout ce petit monde travaillait en Toscane, principalement à Florence et quasiment au même moment. Pour une ville de 40 000 habitants, vous imaginez le nombre de génies au mètre carré.
L’exposition propose principalement des sculptures et des fresques, un peu d’orfèvrerie et d’enluminure ainsi que quelques peintures. Son intérêt est également de mettre en regard les œuvres de la Renaissance et leurs modèles antiques, qui évidemment ne dépareillent pas, que cela soit le buste d’un patricien, l’un romain, l’autre florentin (le laid Francesco Sassetti, le pote de Laurent le Magnifique par exemple) ou des puttis ailés, joufflus et fessus, christianisés du bout des lèvres sous le nom de spiritelli. Admirons d’ailleurs les nombreuses sculptures et bas-reliefs romains, tout en finesse et en austérité, notamment un sarcophage ouvragé très bien conservé dont les nombreux personnages ont un mouvement général extraordinaire. Ici où là, subsistent quelques traces du gothique international, notamment dans certaines peintures où les oripeaux médiévaux apparaissent avant de s’évanouir dans le cours de l’histoire. Entretemps, vous aurez le loisir d’admirer deux œuvres emblématiques de la naissance de la Renaissance : des panneaux en bronze doré de Ghiberti tels qu’on peut les voir sur les portes du baptistère du duomo de Florence, et des statues identiques à celles de l’église d’Orsanmichele (Nanni di Banco, Donatello et plus tard Verrochio).Trois points à retenir
Un artiste : Andrea del Castagno et ses fresques, particulièrement la sibylle de Cumes et le portrait de Boccace.
Une œuvre : une vierge à l’enfant de Luca della Robbia (l’oncle d’Andréa), d’une beauté inouïe.
Une technique : le stiacciato, qui permet d’obtenir des bas-reliefs avec peu de profondeur, en accentuant la perspective par la multiplication des plans, technique que Donatello a utilisée avec brio pour sa madone Pazzi.
Je ne vous en dis pas plus. Allez-y, vraiment !
Le printemps de la Renaissance – La sculpture et les arts à Florence, 1400-1460
Du 26 Septembre 2013 au 6 Janvier 2014
http://www.louvre.fr/expositions/le-printemps-de-la-renaissance-la-sculpture-et-les-arts-florence-1400-1460