Ce matin, en quittant mon hôtel de Calais, je me suis trouvé directement face à la mer. Une belle lumière matinale m accueillait pour mieux mettre en valeur la beauté de ce paysage maritime.
Quelques hectomètres plus loin, je rencontre le premier panneau du GR 145, tout fraîchement inauguré, et qui décrit maintenant l'itinéraire "officiel" de la Via francigena dans le Pas de Calais. Il devrait d'ailleurs se poursuivre plus loin pour tracer une Via francigena française mieux tracée et évitant davantage les routes que les tracés proposés dans les rares guides existant.
A ce propos je me suis d'ailleurs aperçu que j'ai égaré le topo justement consacré à ce gr145 dans le pas de Calais. Je dispose d'un guide "Cicerone", en anglais, mais qui paru avant la création du GR propose des itinéraire légèrement différents. Enfin je vais mixer les deux, les traces GPS que j'ai trouvé reprenant plutôt l'itinéraire du guide anglais. .. bref tout cela pour vous rappeler mon étourderie naturelle et que ce panneau indique tout de même Rome à plus de 2100 kilomètres, ce qui est largement plus que ce que j'avais lu jusqu'à présent!
Mais bon, cela ne me décourage pas, de toutes façons je suis loin d'être arrivé et je vais déjà m'attacher à bien mener la longue étape qui m'attend aujourd'hui.
Je marche à présent sur la plage. Le spectacle des vagues, d'une mer animée où flotte quelques gros bateaux me distrait et me ravie. Je marche au plus près des flots, afin d'avoir les pieds sur un sable le plus dur possible. Ce n'est pas toujours le cas et parfois je dois lutter pour avancer. Mais dans cette belle lumière le spectacle vaut bien l'effort.
Un peu plus loin, je grimpe au cap Gris Nez, puis, après quelques kilomètres bien vallonés, le Blanc Nez.
De là, je domine la mer. Le ciel est encore un peu dégagé et le panorama est splendide. Cette première matinée française sous le signe des flots est vraiment agréable. La température est très correcte, je n'ai pas froid malgré le vent.
Après avoir atteint Wissans, d'où Sigeric avait pris le bateau pour s'en revenir en Angleterre (c'était alors un port connu et le passage le plus étroit pour traverser la Manche, aujourd'hui un calme bourg de bord de mer sans trafic maritime), ce qui explique que les pèlerins fassent ce large et beau détour (pas tous, mon guide anglais préfère un itinéraire direct de Calais à Guines, qui fait gagner 20 kms mais rater ces beaux caps), je m'enfonce dans les terres. Je ne reverrai plus la mer avant longtemps. Sans doute pas avant la fin de ce voyage.
La campagne se dévoile alors à mes pas. De larges champs, que cisaille un chemin souvent bien tracé. Les panneaux de signalétiques sont tous neufs. Cela dit , si le sentier est parfois très bien indiqué, il l'est moins dans certains secteurs.
Le vert des champs, à l'infini, a remplacé le bleu des flots. J'ai parfois l'impression d'être face à un autre océan, celui des cultures céréalieres.
Je croise aussi quelques villages. Aux Caffiers où je m'arrête prendre un café dans lestaminet local, un sympathique trentenaire se montre très enthousiaste quant à mon projet et me paye le café pour m'encourager.
Cependant, c'est la pluie qui m'accueille au sortir de cette agréable pause. Elle ne quittera guère mon chemin du reste de l'après midi. Je marche dans le vent et sous une humidité qui commence à devenir vraiment peu agréable.
Le GR, quant à lui, me fait bien visiter les lieux. Il louvoit beaucoup pour m'amener à Guines, après un nombre de kilomètres qui me semble un peu plus élevé que prévu. Je ne rencontre quasiment pas un chat, mais en revanche une bonne troupe de faisans de jolies parures. Ils sont tellement familiers et sans peur que je les soupçonne d'avoir été élevé à la ferme.
Après Guines, vu le mauvais temps, je décide de tenter la variante "Cicerone" qui doit me conduire un peu plus vite à l'étape, sur la commune de Licques.
L'expérience n'est pas très concluante car je longe une route départementale tout de même un peu empruntée. Cela dit , ça me permet d'accélérer un peu et le temps n'est plus à la flânerie. Je trottine un bon moment cependant avant de parvenir à Licques où m'attend un mobile home que j'avais réservé au camping local, qui offre un prix spécial aux pèlerins.
Je dois ajouter deux kilomètres pour retourner à la supérette locale qui heureusement ferme tard pour m'offrir de quoi dîner et récupérer de cette tout de même copieuse journée!