On
ne fait pas la manche, on veut le travailler le dimanche, ont lancé une poignée
de salariés de Leroy Merlin et de Castorama, des enseignes condamnées à fermer
leurs magasins le dimanche en Île de France. Ceux de Sephora sur les Champs
Elysées, guère plus nombreux, ont manifesté dans la rue pour travailler la nuit
au-delà de 21 heures.
Des
mouvements qui profitent en fait du soutien des directions des magasins et qui
n’ont pas d’autre objectif que de manipuler l’opinion publique…
Travailler
le dimanche est-il utile pour l’économie et la croissance en ces temps de vache
maigre ? De nombreux économistes prétendent qu’il n’y a pas vraiment
nécessité d’avoir un jour ouvré de plus dans la semaine et que le surplus de
consommation entraîné au final est très mince car les achats reportés le
dimanche auraient été de toute façon effectués.
Sans
parler des effets négatifs de cette loi sur les marchés traditionnels du
dimanche qui participent à la convivialité des villes et villages ! Car la
loi prévoit déjà depuis belle lurette des exceptions. Il y a bien entendu des
métiers qui ont toujours bénéficié de dérogations pour le bien-être de
tous : infirmières ou médecins de garde dans les hôpitaux, pompiers,
journalistes de presse quotidienne (pour préparer le journal du lundi),
gardiens de musée etc. Mais fallait-il ouvrir les centres commerciaux ?
Est-ce vraiment nécessaire pour le bien commun ?
Aux
cris de « Yes week-end » ou de « like » sur Facebook, il
aura suffi de quelques jours d’agitation médiatique organisée par un collectif
des bricoleurs du dimanche pour que le gouvernement annonce une énième mission.
Elle a été confiée à Jean-Paul Bailly, ex-PdG de La Poste, qui s’était déjà
exprimé sur le sujet dans un rapport de 2007 et qui est un fervent
partisan du travail le dimanche.
La
mission Bailly répondra donc au coup de gueule organisé par des groupes créés
en quelques heures sur les réseaux sociaux. Pourtant, le collectif « Yes
week-end », celui des « Bricoleurs du dimanche », ainsi qu’une
certaine Marie-Cécile, porte-parole de salariés de Sephora, sont les vitrines
d’un seul et même lobbying libéral que beaucoup de salariés ignorent.
« Yes
week-end » a pour jeune porte-parole Jean-Baptiste Jaussaud, qui est aussi
le représentant de l’organisation « Liberté chérie », une fédération
d'associations ayant pour vocation de réformer le modèle social français Elle
vise à promouvoir la pensée libérale et refuse toute subvention publique.
Ce personnage cumule aussi les casquettes de promoteur en France du mouvement
ultraconservateur des Tea Party et d’entrepreneur marseillais. Il a soutenu en
2012 le mouvement des « pigeons entrepreneurs », qui a fait reculer
le gouvernement socialiste sur la taxation des plus-values de titres de
société...
Les
« bricoleurs du dimanche » sont quant à eux soutenus par Gérard
Fillon, employé à Leroy Merlin de Gonesse (95) qui surfe intensément sur sa
page Facebook. Reçu à Matignon en lieu et place des syndicats représentatifs du
personnel, ce prétendu collectif bénéficie des conseils d’une agence de
communication, rétribuée par les directions de Castorama et de Leroy Merlin…
Et
le surprenant mouvement né autour de l’enseigne Sephora et son magasin des
Champs Elysées, condamné à respecter la loi qui oblige l'enseigne de
cosmétiques à baisser son rideau avant 21 heures, est animé par Marie-Cécile
Cerruti, militante UMP qui s’affiche souvent en compagnie de Jean-François Copé
! La jeune femme est également membre du bureau national du mouvement des
étudiants (MET), la branche universitaire de l'Union nationale
inter-universitaire (UNI), devenue la fédération de la droite dans l'éducation
nationale…
Finalement,
avec ses messages réactionnaires parés de vertu, ce lobbying en faveur du travail
le dimanche ou de la nuit n’a pas d'autre but que de faire bouger le
gouvernement.
Mais
s’il y a un temps pour la consommation, il y a un temps pour le repos, pas
seulement le repos individuel chacun dans son coin mais le repos de la famille
et de la société dans son ensemble. Il convient de continuer à considérer le
dimanche comme un jour hors marché (à l’abri des grandes enseignes du moins),
un jour à part, différent des autres, indispensable à la respiration de notre
société déjà trop saturée de biens de consommation.
A
moins de considérer qu’emmener sa famille au centre commercial le dimanche soit
le summum du loisir, l’aboutissement mérité d’une dure semaine de labeur, une
récompense offerte à ses enfants, il y a tant d’autres choses à faire le dimanche…
Photo
Creative Commons par Yahoo Images (http://fr.images.search.yahoo.com/search/images;_ylt=A0PDodqjVlxSomYA6jBlAQx.?p=travail+le+dimanche&ei=utf-8&y=Rechercher&fr=yfp-t-703&imgsz=icon)
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