Le Blu-ray a définitivement vaincu le HD DVD en février dernier. On aurait donc pu croire que Sony et les autres sociétés high-tech soutenant ce format vidéo «next-gen» allaient voir leurs ventes de lecteurs exploser. Au contraire : elles ont chuté de 40 % en… février. Sept écueils expliquent ce mauvais score.
Le Blu-ray, au moment même d’annoncer sa victoire définitive sur le HD DVD, a vu ses ventes chuter aux Etats-Unis. La commercialisation de lecteurs Blu-ray a perdu 40 % en février par rapport au mois précédent, pour se reprendre très légèrement en mars (+ 2 %), selon les chiffres de NPD. On est loin des grimpées escomptées suite à l’abandon du HD DVD par son concepteur, Toshiba.
Comment expliquer cette méforme du format haute définition promu par Sony ? Certes - et très logiquement - les ventes de lecteurs HD DVD ont plongé en février (- 13 %) et en mars (- 65 %). Mais on aurait pu penser que, mathématiquement, le chiffre d’affaires de Sony en la matière aurait été plus spectaculaire, même plusieurs mois avant l’été (et son arrivée classique de blockbusters) et, a fortiori, loin avant Noël.
Sony et le consortium derrière le Blu-ray trébuchent en fait sur plusieurs obstacles.
Ecueil n° 1 : un prix des lecteurs BRD encore trop élevé
Pour profiter pleinement d’un Blu-ray, il faut un téléviseur haute définition. Certes, les prix de ces dalles LCD ou plasma n’ont cessé de baisser au cours des mois, mais un achat gruopé «lecteur Blu-ray/TVHD» représente malgré tout une certaine somme. Selon un article de The Economist datant du 1er février dernier, les chaînes de magasins se plaignent de ne vendre de lecteurs BRD (Blu-ray Disc) qu’à la moitié des acquéreurs d’un écran haute définition.
Ecueil n° 2 : une trop longue guerre des formats
La guerre des formats qui a opposé Toshiba et Sony et duré longtemps. Trop longtemps pour bon nombre de consommateurs qui, à force d’attendre un vainqueur, se disent aujourd’hui que la prochaine évolution n’est peut-être pas aussi loin. Plutôt que d’acheter un lecteur Blu-ray (encore relativement coûteux) et de se (re)faire une vidéothèque idoine (avec, à la clé, des disques plus chers que le bon vieux DVD), ils préfèrent sans doute attendre encore un peu…
Ecueil n° 3 : une période de transition de plusieurs (?) années
L’évolution de la vidéo vers le DVD a pris du temps. Il a fallu 10 ans à la VHS pour détrôner le Betamax ; environ cinq ans au DVD pour faire oublier (presque) totalement la VHS. Les consommateurs ont donc besoin de temps pour adopter massivement un nouveau format, remplacer leurs anciens lecteurs et téléviseurs, adapter leur mode de consommation. Cela explique en partie la non-explosion actuelle des ventes de lecteurs Blu-ray.
Ecueil n° 4 : le Blu-ray bientôt dépassé par… une clé USB ?
Les consommateurs prennent donc leur temps avant de passer totalement à un nouveau format. Or, avec une évolution technologique en pleine accélération, il est possible que, le temps que ces clients potentiels se décident, un format plus évolué apparaisse, coupant l’herbe sous le pied du Blu-ray et faisant du vainqueur Sony un… perdant. Le magazine The Economist énumère plusieurs possibilités. Les clés USB en sont une. Leur capacité ne cesse en effet d’augmenter. D’ici quelques années, les analystes prévoient la sortie de clés de 32 Go, soit largement plus qu’un Blu-ray simple couche (25 Go). Avec des facilités d’usage bien plus importantes qu’un disque.
Ecueil n° 5 : le Blu-ray bientôt dépassé par… le téléchargement ?
Les opérateurs télécoms misent gros sur le triple play, service mêlant téléphonie fixe, connexion Internet et télévision à la demande. Avec la progression rapide de leurs technologies, ils vont peut-être définitivement écraser la concurrence des câblo-opérateurs. Les fibres optiques de Verizon, aux Etats-Unis, transmettent les données à une vitesse de 50 Mb par seconde, deux fois plus que nécessaire pour acheminer un film en qualité Blu-ray. Certes, les câblos atteignent par exemple 160 Mbps, mais cette capacité est partagée par tous les foyers reliés à une même boucle. Ce qui, au final, ramène la bande passante à quelques Mbps seulement, très insuffisant pour un film en haute définition.
Ecueil n° 6 : le Blu-ray sera trop faible pour la prochaine HDTV
Pour une «immersion» vraiment impressionnante en matière de télévision - la vraie killer app, selon The Economist - les écrans devront atteindre une définition plus de dix fois supérieure à leur capacité actuelle. Les premiers essais sont en cours. Ainsi, le japonais NHK teste l’Ultra-HDTV, doté d’une résolution de 7.680 x 4.320 pixels. Loin devant les écrans actuels (1.920 x 1.080 pixels). Et la suite ne fera que confirmer cette tendance à suivre la fameuse loi de Moore… une tendance que le Blu-ray ne pourra guère suivre.
Ecueil n° 7 : un DVD bien suffisant pour l’œil humain
L’œil d’un spectateur moyen ne peut, selon The Economist, distinguer de différence entre un DVD ordinaire et un disque Blu-ray joués sur un écran haute définition. Ajoutez à cela les écueils précédents - transition entre formats, prix plus élevé du Blu-ray, etc. - et vous comprenez pourquoi le format «next-gen» de Sony ne cartonne pas encore.
Source : Trends.be