Marinah ‘ El Baile De Las Horas

Publié le 16 octobre 2013 par Heepro Music @heepro

Après quatre albums studios, Ojos De Brujo avait annoncé la fin d’un projet au succès phénoménal pendant les années 2000. Phénomène ayant eu pour cimes deux albums, Barí puis Techarí. Succédant au quatrième et dernier album Aocaná, la compilation Corriente Vital voulait autant retracé dix ans de carrière que retrouver des amis rencontrés lors de cette décennie musicale (Amaral, Bebe, Roldán , Nitin Sawnhey, etc.).
En ce début d’octobre 2013, la sortie du premier album solo de Marinah vient malgré tout martelé le panneau « se acabó » sur ODB. Ce qui est forcément une triste nouvelle, car l’espoir demeurait présent en nous.
Car les membres de ODB partent tous dans des projets différents, car ils auront effectivement fait le tour d’un style qu’ils auront magnifié, certes, mais pas révolutionné au point de pouvoir se régénérer davantage (c’est d’ailleurs le défaut que beaucoup ont entendu sur leur dernier album, qui est pourtant celui que j’écoute le plus souvent).
Marinah n’est autre que le pseudo de la chanteuse du groupe, Marina Abad, également surnommée « las canillas ».
Est-il utile de préciser que, avec ce nouveau nom, ainsi qu’un d’album accompagné du titre El Baile De Las Horas, la chanteuse espagnole change de cours d’école. Fini l’inspiration flamenca et les influences andalouses sur la pochette de l’album : le belle devient plus uniforme, et même si le visuel du disque rappelle l’artwork des derniers ODB, il y a une évidente volonté de séduire un public bien plus large. Racoleur, diront certains. Pourquoi pas, après tout. L’important demeure le résultat de tous ces petits changements tout sauf anodins.
Musicalement, les fans de son projet précédent seront forcément bien déçus. Ne serait-ce que pour une raison : la production de l’album est trop lisse, et les rapprochements avec la pop espagnole deviennent inévitables, ce qui n’est pas un compliment.
Ainsi, je regrette beaucoup la facilité du nouveau son de Marina Abad. Malgré tout, sa voix reste inégalable et telle qu’on la connaissait auparavant : ce détail est aussi nostalgique que rassurant. D’une certaine façon, El Baile De Las Horas est un peu le moins bon album d’ODB, mais un bon album tout de même.
Carl y a de très bons moments : dès les premières chansons « Despierto » ou « Aquí estoy », on retrouve avec bonheur la voix et la vivacité de Marina. Le trio formé avec Roldán et Ruzzo sur « Te gustó » est particulièrement réussi (ces deux derniers ne s’étaient par retrouvés depuis fort longtemps) et nous fait également regretté que leur groupe Orishas ne soit pas non plus en processus de donner suite à leur album de 2008. Quant à la production de Philipe Cohen-Solal (l’un des trois mousquetaires de Gotan Project), elle semble un peu facile de prime abord mais apporte finalement beaucoup à l’unité de El Baile De La Horas, ne serait-ce que parce que « El carrusel » est une pause très douce et parfaitement bien venue. Plus loin, « Menos mal » nous offrira un nouveau moment de calme, avec un quatuor piano-basse-batterie-trompette des plus efficaces. Jamais ODB n’aurait pu se permettre un tel moment d’accalmie !
Ensuite, « Iré » commence en douceur, avant de nous réveiller petit à petit.
Ojos De Brujo continue évidemment de laisser des traces visibles dans la musique de Marinah, et « Dame flores » est à ce titre une jolie petite tuerie.
Par de nombreux moments, on peut entendre une guitare flamenca, mais l’instrument passe toujours au second plan, production pop oblige.
Tout sauf pop, et comme pour me faire mentir, « Rayo de luz » clôt en beauté ce premier opus, et on se doute que sur scène, tout cela prendra à coup sûr une force magique.
Au final, El Baile De Las Horas deviendra très sûrement le plus grand succès commercial de Marina Abad, mais j’espère que beaucoup de ceux qui la découvriront alors auront la curiosité d’aller poser une oreille sur un glorieux passé, désormais enseveli.

(in heepro.wordpress.com, le 16/10/2013)

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