Grâce à qui notre ami rose maintient-il, en apparence, la tête hors de l'eau ? Grâce à un des bras culturels de la caste, la faune multinationale et boursière qu'on appelle « sondeurs ». Sondeurs censés être surveillée par une institution dont il faut saluer la capacité à rester muette dans le tumulte et à se fondre dans la grisaille. Au point qu'on oublie non seulement son existence et qu'elle pourrait demander des comptes aux sondeurs ou même changer les règles. Ce qui, accessoirement, mettrait fin à cette vision populiste et mensongère de la politique qu'ils imposent, dans la plus parfaite impunité.
Cette machine cachée et tournant à vide, c'est la Commission des sondages. Elle applique années après années la volonté de faire un monde au-dessus du commun, une monarchie implicite.
Impunité totale, donc. On n'exige aucune transparence, aucune justification sur les méthodes des sondeurs, si ce n'est à la marge. C'est avant tout très utile quand on veut manipuler le peuple. Cela renforce aussi, par le fait, la doxa actuelle qui exige que les grandes entreprises, et particulièrement les multinationales, soit exemptées de la règle commune. Pour les instituts de sondage pas de contrôle. Valls ne leur lancera jamais dessus ses hordes policières, ni ne les ciblera avec ses drones.
Elles sont les missi dominici du divin Marché. Lequel, par essence, dépasse la raison et doit s'imposer par sa nature transcendante, relevant de la foi la plus pure, comme expliquait sans doute Madoff à ses ouailles.
Pour si important qu'ils soient dans la reproduction d'une dérive et d'une caste, les instituts de sondages ne constituent pourtant qu'un épiphénomène. C'est l'institution républicaine dans son ensemble qui a pris l'allure d'une immense impunité.
Ce dont elle refuse d'avoir conscience.
Ainsi, Guénot, transfuge du Plan, serviteur d'un président de droite extrême pendant cinq ans. Lequel fut conseillé par un homme de l'extrême-droite prompt à alimenter une machine à, déjà, attiser les haines les plus primaires, les craintes les plus limbiques pour satisfaire un chef concentrant sur sa personne tous les feux d'une présidence totalitaire.
Guénot, oublieux de tout et surtout de ses privilèges – salaires hors du commun, avantages de fonctions conséquents - ose venir se plaindre qu'il n'est pas assez payé. Un député gagne à peu près cinq fois plus qu'un français moyen, s'il n'a qu'un mandat...
Autre largué dans la stratosphère pailletée, Wauquiez. Lui il est devenu célèbre pour avoir lancé « l'assistanat », concept qui fleure bon le populisme le plus primal, le racisme social le plus évident. Les français démunis, dépourvus des moyens de faire face, ces français qui ont donné leur temps, leur énergie, leurs capacités et leurs espérances à la collectivité en travaillant pour des salaires de misère, dans un environnement dictatorial, pour se voir de plus en plus souvent épuisés par la recherche de productivité, quand ce n'est pas le harcèlement, ces français-là, bon dieu mais c'est bien sûr, ce sont des assistés !..Non seulement, la moindre incursion dans le réel infirme totalement ce discours anti-républicain – où est le respect des valeurs de fraternité, de solidarité ? -, mais l'assisté dont parle Wauquiez, le vrai, il n'est point besoin de courir à l'autre bout du monde pour le trouver.
C'est notre ami Wauquiez lui-même. Il fait partie des 925 (députés+sénateurs) que leur statut, leurs revenus et leurs accès à la parole médiatique placent dans une monde, une vie qui n'ont rien à voir avec celle du commun des français. A commencer par la vie professionnelle, puisque cette caste n'est pas soumise aux ordres d'un patron, ne connaît ni la pointeuse, ni les cadence, ni les renvois par Sms, ni les insultes ou les mains aux fesses. Sans oublier l'inégalité flagrante qui régit leur régime d'indemnisation chômage ou de retraite. Et ne les empêchera nullement de sabrer avec la détermination du juste les chômeurs et les retraités les plus miséreux.
Parmi les exemples plus ignominieux des ces politiques dans le fossé, j'ai failli oublier ce quarteron de socialistes qui ont voté pour le projet de loi que lança le brun présidentiel précédent, sur les bienfait de la colonisation. Difficile de faire pire dans le déni des valeurs de la gauche, voire du simple humanisme. Cette poignée de minables est encore en poste, et personne au PS ne lui a demandé de rendre son écharpe. Comme personne à l'UMP n'a demandé à Copé, le voleur d'élection, de rendre son tablier. Et personne non plus n'a exigé de ces maires de communes qui ont insulté les Roms la restitution du mandat républicain qu'ils ont souillé. La République du laisser-pourrir.
On ferait un inventaire à la Prévert à énumérer les diatribes, entre mensonge, stupidités et arrogances insupportables, de ces nobliaux. On pourrait aussi et facilement lister le nombre d'élus soupçonnés et mis en examen dans des affaires de corruption, concussion et autres abandons de la nécessaire probité qu'implique leur place dans la société. Pas un jour sans qu'un homme à écharpe soit inculpé ou condamné. Aucun journal ne fait pourtant le recensement des élus-voyous.
Non seulement la situation de cette caste en fait un corps tout à fait étranger à la société française, son niveau et son mode de vie, mais ses pratiques la situent strictement à l'opposé de ce qu'elle devrait incarner et pratiquer.
Le travail est mort, le lien social est mort, l'avenir est mort. Les français sont pauvres et s'appauvrissent de plus en plus. Ils vivent d'expédients, cassent leur tirelire avec l'angoisse du lendemain, dans un pays riche. Pleuvent sur eux les contraintes et les insultes. Sur les plus à plaindre ce sont carrément les coups d'une police surarmée et omniprésente, dans un univers d'où toute perspective s'est enfuie. De loin en loin, ils aperçoivent les palais des maîtres puissants et honnis qui les mettent en coupe réglée et les privent de leurs maigres acquis.
La France d'aujourd'hui, sauf aux yeux de la caste. Ne rappelle-t-elle cette merveilleuse époque où l'on survivait dans la crainte de Dieu et du droit de cuissage ?
Le déni et le banquet continuent dans les palaces de la République.
Ils s'étonnent, ils fulminent, ils mélancolisent les éditorialistes façon Marianne, Le Monde, Le Figaro, Le Point, L'Obs et autres Mapresseàplatventre. Le FN est à nos portes, mon dieu !
Ce qui est déjà à l'intérieur, c'est la dictature de politiques extra-terrestres dont la vie et par conséquent les actes sont tout à fait opposés aux nécessités réelle de notre pays.
Ce monstrueux déni que la presse occulte par tous les moyens, le voilà le véritable responsable de la montée des fascistes avérés. Lesquels, faut-il le rappeler à nos amis directeurs de journaux, exploitent un fond de commerce mélangeant grossièrement racisme générique et capitalisme à l'ancienne. Comme si l'exploitation, la spoliation, la privation inhérentes à ce régime d'accumulation primitif se bonifiaient avec le temps. J'oubliais, la bondieuserie la plus réactionnaire que défendent les bruns, on l'a vu avec leur renfort musclé aux manifs contre le mariage pour tous. Bref, le goupillon comme guide vers la servitude la plus complète, voilà l'avenir que nous offrent ces gens. C'est difficile, ça, à dézinguer ? Sans doute, quand on sert en même temps qu'on s'indigne les structures qui boostent avec une force sans égal le vote FN.
C'est un président, des institutions, un gouvernement et sa cohorte de carriéristes immondes, ou de sous-préfet à tête plate, méprisant le peuple comme les exigences réelles d'une politique digne de ce nom. Voilà les vrais responsables de la montée du Front National.
C'est en privant non seulement ses soutiens mais le pays tout entier d'une ambition, d'un projet et d'un discours de gauche que Hollande a lancé l'extrême-droite. Il a indéniablement parachevé le ras-le-bol de la politique et cette envie partout avérée - pour peu qu'on mette le pied dans la rue ; ce lieu où une multitude de connards à moins de cinq mille euros par mois traînent -, de donner un immense « coup de pied dans la fourmilière », expression récurrente dans la bouche des innombrables de ce régime qu'on appelle encore République, on se demande bien pourquoi.
Le fondement du vote FN n'est pas une crue soudaine du rejet des étrangers ou un ravissement montant devant « l'anticapitalisme » de la fille du borgne toujours fier de la dernière entreprise néo-coloniale d'envergure que mena la France en Algérie. Cent fois non.
A venir, La république dévoyée danse pour le FN - II