Pitch : Antoine Méliot, la quarantaine, a tout pour être heureux : une belle épouse, deux enfants adorables, des amis sur lesquels il peut compter à tout instant, une jolie demeure dans les Yvelines et de l'argent. Mais un jour, il décide de tout saboter en un week-end : son bonheur, sa famille, ses amis. Que s'est-il passé chez cet homme pour qu'il change si étrangement de comportement ?
Notre avis : Très joli film aussi drôle qu'incisif et poignant, Deux jours à tuer, malgré ses quelques défauts, joue sur le fil des émotions et convainc grâce à deux éléments majeurs : son scénario refusant toute complaisance et un Albert Dupontel au sommet... Ca commence comme une comédie douce amère pour se finir dans un fleuve d'émotions aussi primaires qu'agréables lors d'un dénouement touchant et d'un générique boulversant sur fond de
Serge Reggiani avec
Le temps qui reste. Un rideau de fin qui s'impose comme une nécessité où il est impossible de ne pas cogiter sur l'histoire que l'on vient de voir.
Deux jours à tuer narre le pétage de plombs d'un homme bien sous tous rapports, qui craque et envoie tout
valser le temps d'un week-end. Deux jours acides et sans pitié au cours desquels le personnage d'Antoine va remettre en question ses idées, ses amours, ses passions, sa famille et ses amis. Pour quelles raisons ?
Jean Becker ne nous le révèlera qu'à la toute fin du film même s'il n'est pas très compliqué de déceler très tôt les véritables maux du héros malgré les fausses pistes habilement menées. Même si ce "rebondissement" constitue le point d'orgue d'une histoire complexe, il n'en consitue pas l'intérêt premier d'un film qui gagne à être découvert. D'une durée minime (1h25), le long métrage coupe dans le gras et se permet d'éviter les clichés larmoyants ou les violons de circonstance. Multipliant les ellipses et les non dits, Jean Becker consolide son oeuvre en captivant le spectateur via des émotions brutes et des phrases chocs. On se laisse aller à de grands élcats de rires en début de bobine lorsque Dupontel remet les points sur les "i" avec sa belle-mère et son travail puis doucement, on tend vers un drame ironique où les sourires sont flagellés par de lourds propos qui suivent. Plus le personnage d'Antoine avance, plus il craque et se refuse à toutes sortes de mensonges. La vérité doit éclatée pour lui, comme si quelque chose le rongeait et que c'était plus fort que lui. Certains y voient de la franchise, d'autres du manque de respect et de la folie
Mélange d'animosité, de cruauté, de nervosité, de rancoeur et de ras-le-bol, toute la rage contenue d'Antoine explose petit à petit jusqu'au dénouement qui ravage le coeur et la mélancolie. Porté par une réalisation simple et très sèche, le film prend des élans d'écrin fragile au détour d'un scénario qui garde un certain mystère ambiant qu'il s'agisse du personnage d'Antoine comme des autres rôles secondaires ou bien encore du père, véritable sommet dramatique du film. Un père fantomatique incarné par un
Pierre Vaneck d'un charisme assez évocateur et auquel la complexité du silence ne renvoie qu'à de multiples souffrances. Figure emblématique paternelle, sa présence plane tout au long du film même si non évoquée jusqu'à son apparition dans les 25 dernières minutes.
Malgré ses nombreuses qualités, le film ne peut malheureusement s'empêcher de faiblir dans son ensemble via cette carapace de "concept". A trop vouloir resserrer la corde autour d'une intrigue délicate, rien ne dépasse des bords et l'ensemble paraît par moments trop calculé et précis pour convaincre pleinement.
Deux jours à tuer reste malgré tout un très beau film habité et difficile où le rire se dispute aux larmes... où la
nostalgie et la remise en question pointent le bout de leur nez pour l'heure d'un bilan. Un bilan, qui fait mal mais qui fait du bien. On en ressort l'envie de profiter de chaque instant et de crier à ceux qui nous entourent qu'on les aime tout simplement.
Pourquoi y aller ?
Pour la prestation de Albert Dupontel. Pour le scénario qui évite les clichés malgré son petit air de déjà vu. Pour les phrases chocs de Dupontel. Pour le rôle de Pierre Vaneck tout en délicatesse et justesse. Pour le générique de fin et la superbe chanson "Le temps qui reste" de Serge Reggiani.
Ce qui peut freiner ?
Le côté trop calculé de l'ensemble. L'air de déjà vu de l'histoire.