Car Fluide-Glacial-nouvelle-formule, ce n’est pas que 16 pages et 1 euro en plus, c’est un relooking en profondeur, à coups de nouvelles rubriques, plus d’espace pour les montages photos et les notes illustrées, des cahiers spéciaux composés collectivement par certains auteurs, le retour de grands noms comme Larcenet ou Ferri, la dimension Hara-Kiri assumée, et une place importante laissée au pastiche, à côté des habituelles planches d’habitués. C’est surtout un revirement éditorial initié par Yan Lindingre, aux commandes de la revue depuis 2012, pour sortir d’une certaine logique de pré-publication, devenue inhérente aux journaux de bandes dessinées. Désormais, les albums pré-publiés n'occuperont qu'un tiers ou un quart du journal. Place au contenu original produit par les auteurs de la maison et d'ailleurs suivant la thématique du mois. "On essaie de créer un événement et de construire le numéro autour", explique le rédac' chef, précisant qu'il entend par événement la sortie d'un album Fluide Glacial, un festival, un hommage,...
Surtout, ce qui importe à Lindingre, c'est de réunir dans son magazine les auteurs de tout horizon, entendez de toutes maisons d'édition, parce que "les génies, faut pas passer à côté" déclare-t-il, encore amer d'avoir laissé filer un moment Jean-Yves Ferri, rentré depuis dans l'écurie Fluide Glacial, qui n'est pas moins que "un grand panorama de ce que peut être l'humour français", paraît-il.
Pas sûr que le panorama ratisse si large, cependant... En témoigne l'album A qui le tour?, signé Lindingre et Chauzy, qui accompagne ce Fluide-Glacial-nouvelle-formule. Alliant "l'humour et le sordide", dixit le dessinateur Jean-Christophe Chauzy, cette collection de faits divers croise les gènes des deux auteurs, comprendre : "Yan est drôle. Moi je suis sinistre". Les compères avaient déjà collaboré sur Petite Nature il y a des années. C'était les débuts du rédac' chef comme scénariste. Il est plus fier de cet album-ci, l'impression d'avoir pu éviter les récitatifs, d'avoir saisi l'univers de Jean-Claude Chauzy qui "en impose", d'être parvenu à s'y fondre et à en tirer le meilleur, notamment en se fixant le cadre du gaufrier et en laissant parler les images de son dessinateur. "Ce qui est intéressant pour le scénariste c'est qu'avec le gaufrier on a neuf cases et donc l'image est prédominante... les meurtres ne sont pas verbeux". C'est efficace, certes. L'entente qui les unit transparaît dans cette bande dessinée, pour le plus grand bonheur des aficionados de Fluide. Les autres, passez votre route. L'humour lourdingue basé sur le glauque et le cul si typique du magazine est là aussi au rendez-vous. Ceci est un Avertissement !
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