Source : note d'information 13-11 (juin 2013) de la DEPP (Direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance) au Ministère de l'Education Nationale.
Cette note résume une des études CEDRE (Cycle des Evaluations Disciplinaires Réalisées sur Echantillon), qui concerne aussi l'instruction civique. La note fournit des informations assez détaillées sur certains points.
La note fait état non seulement d'un faible niveau des élèves en général, mais encore d'une baisse des résultats de 2006 à 2012, information qui ne nous surprend pas : la débâcle se poursuit !
Bien qu'ignorant le détail des épreuves proposées aux élèves, la notation et les traitements statistiques, nous admettons que les informations de CEDRE, dépourvues de valeur normative ou absolue, permettent des comparaisons valides entre les résultats en 2006 et en 2012.
Le savoir des élèves
Le bulletin présente des commentaires assez détaillés sur le niveau de savoir des élèves, répartis en 6 groupes, que nous présentons ici du niveau le plus élevé au plus faible.
Groupe 5 - Les élèves ont acquis l'ensemble des connaissances et compétences étudiées pendant les 4 années du collège
Groupe 4 - Ils peuvent mobiliser des connaissances présentées lors des classes antérieures à la 3ème
Groupe 3 - Ils maîtrisent des repères historiques, même se rattachant aux programmes des 6e et 5e. Ils situent des personnages, des événements, des faits de civilisation des grandes périodes de l'histoire.
Ils hiérarchisent les informations cartographiques en prenant en compte l'échelle des cartes.
Groupe 2 - Ils ont quelques connaissances parcellaires sur les programmes antérieurs à la 3ème. La moitié d'entre eux associe des notions géographiques à des photographies de paysages.
Groupe 1 - Connaissances très fragmentaires et restreintes
Groupe <1 -Très peu de connaissances disciplinaires
Par rapport aux contenus actuellement enseignés, qui sont sans doute modestes, il est clair que les groupes 4 et 5 témoignent de bons et d'excellents acquis. Le groupe 3 a encore des connaissances substantielles.
Les groupes 2, 1 et <1 ont, après plus de 9 années de scolarité, des connaissances faibles et fragiles en histoire et géographie, allant jusqu'à l'ignorance totale.
Résultats et comparaisons 2006 - 2012
en % du nombre d'élèves 2006 2012
Groupe510,06,3
417,75714,948
329,726,7
228,130,7
112,94317,552
<12,13,9
Les principales causes de cet état de fait.
• Les principales causes sont l'absence de maîtrise de la langue française et la faible capacité de raisonnement, donc de maîtrise de la pensée consciente.
Ainsi, le commentaire du groupe 5 nous apprend que les élèves "répondent bien aux questions ouvertes, ce qui les distingue fortement des autres élèves". Ils savent donc réfléchir et rédiger, et par conséquent structurer leurs connaissances, ce qui facilite la capitalisation du savoir et sa mémorisation.
Ceux du groupe 4 "commencent à maîtriser les compétences rédactionnelles nécessaires pour répondre aux questions ouvertes".
Quant au groupe 3 : "Ils répondent aux questions ouvertes lorsqu'elles appellent des réponses brèves leur demandant de restituer sommairement ce qu'ils ont mémorisé (un nom, une date) et de recopier des arguments explicitement désignés".
Les élèves du groupé 2 "savent travailler sur tous les supports documentaires de leur discipline". Le travail en question consiste sans doute à survoler le document et à extraire des informations en rapport probable avec les questions posées, sans réflexion suivie.
Les constatations qui précèdent rappellent l'enquête PIRLS 2011 : les élèves français sont encore plus mal placés lorsque les questions appellent des réponses assez longues et donc réfléchies. Les élèves des groupes 2 et 3 sont victimes du constructivisme, de l'enseignement éclaté et désordonné, depuis le début du primaire.
Nota. Les programmes 2008 du primaire (Xavier Darcos) ont rétabli la chronologie en histoire, mais les élèves présents en 3e en 2012 n'ont pu en bénéficier.
• En complément, des questions ont été posées aux élèves sur leur perception des disciplines histoire et géographie. L'évolution de 2006 à 2012 est nette : les élèves attribuent moins d'importance à ces disciplines en 2012 qu'en 2006 ; ils leur consacrent moins de temps hors de l'école : 15 minutes par semaine ! Nombre d'élèves ne lisent pas de livres et ne regardent pas les émissions de télévision dans ces domaines. Enfin la plupart ne consultent pas Internet sur ces questions.
Simples conséquences du massacre des disciplines…
• Chacun peut constater les énormes lacunes des adolescents en histoire et en géographie. Aux raisons générales évoquées ci-dessus, on peut ajouter que, jadis, le primaire comportait des enseignements méthodiques de l'histoire et géographie, qui fournissait les bases essentielles. Le secondaire reprenait, complétait, approfondissait.
Le progressisme a balayé tout cela.