L’expression "ça coule de source" est communément employée pour désigner une évidence. Les exemples sont nombreux : penser ne sert à rien, l’enfer, c’est les autres, François Hollande est Président… Outre son caractère familier, elle révèle surtout une méconnaissance profonde de l’état réel des stocks d’eau potable dans le monde, de leur gestion chaotique et des déficits à venir. Nous gardons encore douloureusement ancrés dans nos mémoires les déluges de pluie qui se sont déversés sur nos têtes pendant les derniers neuf longs mois d’automne, d’hiver et de printemps. Les bassines ont abordé l’été remplies à ras bord. Malgré la canicule qui a suivi, leur excédent s’est désormais dilué dans la mer. Or, non seulement l’eau salée est imbuvable faute de bon goût mais nous avons tellement pollué les océans que nous risquerions d’attraper des maladies si l’idée nous prenait d’en compléter notre apéritif anisé. Par ailleurs, la fonte des glaces du pôle nord ne profite à personne puisque, là aussi, l’eau claire se perd dans l’immensité des flots. Et si l’on en croit les cassandres, leur niveau devrait en conséquence bientôt monter. Diminuant d’autant la surface des plages. Les baigneurs-bronzeurs seront contraints de se serrer les coudes. Cette promiscuité conduira inexorablement à la prolifération d’affections contagieuses telles que des exémas aux croutes purulentes, des furoncles buboniques et autres herpès vicieux. Ça vous chatouille ou ça vous gratouille, ont coutume de demander les internes des Services des Urgences Hospitalières ? Nous aurons les deux inconvénients. Et nous aurons de moins en moins d’eau à notre disposition pour nettoyer les plaies. De plus, faute d’arrosages, courgettes et concombres seront bannis de nos assiettes. Dans les champs, les maïs péricliteront et les salles de cinémas se videront faute de pop-corn. On ne pourra plus boire que du vin et les statistiques des accidents de la circulation repartiront à la hausse. Les paisibles buveurs d’eau eux-mêmes en viendront à manifester entre Bastille et Nation en chantant "La Madelon vient nous servir à boire" comme de vulgaires Marsouins de la Coloniale. L’apocalypse nous guette. Les chercheurs cherchent cependant de nouvelles procédures pour économiser l’eau potable. Ainsi, un ingénieur bantou vient-il d’inventer un procédé permettant de diviser par deux la quantité d’eau saine sacrifiée à la propreté : la douche-lave-linge. A raison de quatre-vingt litres d’eau par douche et de quatre-vingt litres par lave-linge, on en épargnerait au moins trois cent vingt litres par semaine et seize mille six cent quarante litres par an. Si chaque habitant de la planète agissait ainsi, on atteindrait le chiffre grandiose de … On voit par là combien un petit effort de la part de chacun aiderait grandement le monde à se sentir mieux dans sa rotation sur lui-même.
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