Le cannabis peut entraîner des problèmes physiques et psychologiques, en particulier à l’adolescence alors que le développement du cerveau n’est pas achevé. Certaines études ont confirmé des troubles associés, physiques et psychologiques, d’autres même, des anomalies cérébrales irréversibles. Cette étude internationale publiée dans la revue Nature Neuroscience, qui révèle sur l’animal, que l’augmentation des niveaux d’une substance chimique naturelle, appelée KYNA peut bloquer les effets du THC sur le système de récompense du cerveau ouvre une nouvelle voie thérapeutique contre la dépendance.
La question qui se pose en amont est le développement d’une dépendance avec l’usage du cannabis. Les auteurs précisent que tous les usagers ne développeront pas une dépendance mais que chez certains, plus vulnérables, une dépendance physique et psychologique pourra se développer au fil des mois ou des années de consommation.
Les chercheurs de l’US National Institute on Drug Abuse (NIDA), de l’Université du Maryland, de Caligari, d’Harvard et de l’Inserm ont cherché à réduire l’utilisation des cannabinoïdes et prévenir les rechutes en bloquant le système de récompense du cerveau, ici chez des rats et des singes. Ils ont regardé si l’augmentation des niveaux d’une substance chimique naturelle dans le cerveau, appelée acide kynurénique (KYNA), qui modifie la forme d’un récepteur impliqué dans la modulation des effets du cannabis, en réduisant ainsi l’effet de récompense, pouvait réduire la dépendance.
Les chercheurs ont augmenté les niveaux de KYNA en inhibant l’activité d’une enzyme appelée KMO et en utilisant un composé au nom barbare « Ro 61-8048 ».
KYNA bloque les effets du THC : Les chercheurs confirment que Ro 61-8048 augmente les niveaux de KYNA dans le cerveau des animaux, qui avaient accès à la drogue sous une forme synthétique, et entraîne une réduction de leur consommation. Cette augmentation intervient dans 2 zones du cerveau, le noyau accumbens et l’aire tegmentale ventrale qui sont connues pour leur implication dans le système de récompense. Par ailleurs, les animaux qui avaient été précédemment sevré se montrent moins enclins à reprendre leur consommation, lorsqu’ils sont traités par Ro 61-8048.
Enfin, du moins sur l’animal, les effets secondaires du candidat sont décrits comme minimes et les chercheurs précisent l’absence d’effet sur la mémoire.
Moduler de manière pharmacologique les niveaux de KYNA dans le cerveau semble donc une approche efficace pour le traitement de la dépendance au cannabis. Bien entendu, ces résultats prometteurs sur l’animal, vont devoir être confirmés par d’autres études d’efficacité et de sécurité chez les humains.
Source: Nature Neuroscience October 13 2013 doi:10.1038/nn.3540Reducing cannabinoid abuse and preventing relapse by enhancing endogenous brain levels of kynurenic acid
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