Un déserteur de la guerre 14-18 se cache dans Paris. Il se découvre un nouveau genre. Est-ce une erreur ou un jugement des bien-pensants ?
Scénario et dessin de Chloé Cruchaudet,
Public conseillé : Adultes, adolescents,
Style :Historique, sociologique, intimiste Paru chez Delcourt, le 18 septembre 2013
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L’histoire
Un soldat français déserte les tranchées où il a vécu l’enfer. Il se cache dans Paris grâce à son épouse. Mais dans sa planque il s’ennuie. Il se déguise en femme pour pouvoir sortir. A force de mener une vie féminine, il se métamorphose en quelque chose d’autre. C’est ce changement et ses conséquences qui vous toucheront.
Ce que j’en pense
J’aime ce dessin simple, sans fioritures, avec de beaux ombrages, peu de couleur et des cases ouvertes sur l’imaginaire. C’est doux et chaleureux pour ce sujet subtil.
La BD, tirée d’un essai, un roman « La garçonne et l’assassin » est elle-même inspirée d’une histoire vraie.
On fréquente ici l’histoire de France au travers de celle de ce couple ; La guerre 14-18 et certaines de ses conséquences.
On y découvre aussi une France cachée, celle des libertins du début du 20ème siècle. A l’époque où apparaissent depuis peu les idées libertaires, les libertins (qui ont toujours existé) surgissent au grand jour (si on peut dire…) dans cette affaire.
Cette BD m’a provoqué la même réaction que le film « Intimité » du regretté Patrice Chéreau.
La BD « Mauvais genre » vous amène, comme son film « Intimité », à vous poser des questions très intimes, sexuelles, sur votre propre identité, votre genre. Cette BD vous met face à vous-même.
Si vous n’êtes pas suffisamment courageux pour affronter le doute, passez votre chemin, « Mauvais genre » n’est pas pour vous. Soyez courageux cette BD le mérite.
Le dessin
Du noir, du blanc et quelques rares taches de couleur rouge ou marron, pour figurer le sang ou la coquetterie. Les ombrages marqués donnent beaucoup de relief et de force à cette histoire.
Les cases ne sont pas fermées, ce qui donne un lien entre elles, un coté vieilles photos aussi. Cela donne un peu de liberté à l’imagination ainsi que de la légèreté à ce propos difficile. Cette liberté cadre bien avec le propos: liberté du soldat, liberté de choix sexuel, liberté au sein du couple.
Pour résumer
Une ambiance à la fois chaleureuse, populaire (très bien rendue) parfois fiévreuse, parfois dramatique.
Un bel album, très sensible, sans jugement de valeur de l’auteur, sur une question actuelle : Le genre.
Les esprits n’étaient sans-doute pas près au débat à l’époque post 14-18 : le sont-ils aujourd’hui ?
A vous de le prouver !