Afin de cartographier l’expansion d’insectes invasifs, les chercheurs de l’INRA ont décidé de tester les vues immersives de Google Street View. En effet, la collecte de données apparaitrait difficilement accessible par la littérature et coûteuse sur le terrain. « Google Maps et Google earth sont des outils utilisés communément dans nos laboratoires et nous nous sommes naturellement intéressé à Google Street View qui est apparu plus récemment (2007) », déclare Jean-Pierre Rossi, Directeur de recherche au centre de biologie pour la gestion des populations de l’INRA. Celui-ci admet que « le potentiel de Google Street View (GSV) en sciences de l’environnement reste largement à déterminer », il est donc apparu nécessaire aux chercheurs de l’INRA de déterminer dans quelle mesure cette technologie pourrait permettre de collecter de manière fiable des données sur la distribution géographique de certaines espèces.
Les chercheurs se sont intéressés à la chenille processionnaire du pin dont les larves tissent des nids d’hiver en soie de couleur blanche, notamment dans les arbres situés le long des routes, particularité rendant l’utilisation de GSV très intéressante. Les chercheurs ont donc délimité une zone d’observation d’une surface d’environ 47 000 km² dans laquelle ils sont allés effectuer des relevés. En comparant ces données avec celles obtenues par les images satellites de GSV datant pourtant de 2009 et 2010, le taux de fiabilité a atteint 90%. Les chercheurs sont par ailleurs déjà à même d’expliquer le taux d’erreurs: « Sur le terrain, les observateurs disposent de beaucoup d'informations et peuvent rechercher les nids en observant les arbres sous différents angles. Ceci n'est pas aussi simple avec Google Street View car le nombre de clichés et les angles de vue disponibles sont moins nombreux ! De plus, le nombre de routes disponibles dans la base de données n'est pas équivalent au nombre de routes qui sont effectivement prospectées sur le terrain ».
La méthode serait potentiellement applicable aux espèces « dont on peut repérer la présence de façon directe ou indirecte (l'espèce crée un indice de sa présence comme par exemple une décoloration du feuillage des arbres à cause d'une maladie) à partir des routes ». Néanmoins, la publication est la première dans le domaine. Aussi, Jean-Pierre Rossi précise qu’il n’y a pas assez de recul pour savoir si ce processus est applicable à d’autres espèces. La prudence dans l’utilisation de l’application reste donc de mise car « certains indices de présence ne sont pas forcément corrélables directement à une espèce avec certitude » sans tests plus approfondis.