15 octobre 2013
Syrie : ça continue
Rappel du 1er octobre : Vous avez remarqué qu'une partie des membres de l'opposition syrienne reconnue par les Occidentaux a quitté cette coalition pour en rejoindre une autre tout aussi hétéroclite, mais plus riche, qui comprend des islamistes de tendances opposées entre elles, des ralliés à Al Qaïda, et des plus ou moins démocrates en mal d'armes et d'argent (faute de soutien occidental).
Eh bien, ça continue. Les groupes islamistes se battent maintenant ouvertement contre l'armée syrienne libre (en gros, les démocrates) et la chasse des zones libérées. La population locale est mise au pas, après avoir été bombardée et affamée par l'armée régulière, renforcée par le Hebzbollah libanais et des éléments iraniens. Quel que soit le vainqueur, les Occidentaux auront bonne mine !
Les médias algériens remarquent Soufiane Djilali
Vous souvenez que je vous ai parlé il y a longtemps de ce vétérinaire devenu entrepreneur, qui a publié depuis plus de 10 ans des livres et articles en français et arabe analysant la situation de son pays de façon très noire. Je vous ai signalé qu'il avait fondé depuis un parti politique, Jil Jadid, puis que ce parti avait recueilli quelques centaines de milliers de voix aux dernières élections.
Dans le vide politique actuel (un président très affaibli, qui ne semble pas gouverner mais dont les proches verrouillent néanmoins toute alternative au sommet d'ici les présidentielles d'avril prochain), la presse algérienne commence à parler de ce parti, dont le conseil national vient de voter la candidature à la présidence de la république de son fondateur. Soufiane Djilali s'est accordé un temps de réflexion et s'est déclaré prêt à toute alliance entre les 2 tours (mais tout ne sera-t-il pas réglé avant ?).
Les articles politiques sur ce sujet de la presse algérienne sont pour l'instant réservés aux abonnés, mais vous pouvez en attendant aller à https://fr-fr.facebook.com/Page.JilJadid
Bref vous avez été informés par cette lettre avec plusieurs années d'avance !
Tunisie : accord flou
Vous souvenez que la pression montait en Tunisie pour que le gouvernement islamiste actuel soit remplacé par un gouvernement de technocrates neutres préparant la constitution et les élections. Les partis d'opposition et « la société civile », dont le principal acteur est le syndicat UGTT, ont arraché à Ennahda un accord sur ce point, mais qui a été signé « avec des réserves » par ce dernier.
Les islamistes ont en effet du mal à se résoudre à quitter le pouvoir bien que la limite de validité du parlement dont ils dirigent la majorité, soit dépassée depuis un an, préférant continuer à noyauter les rouages de la société.
L'argument de l'opposition est non seulement la perte de légitimité de ce parlement, mais aussi l'urgence d'une solution politique pour que l'économie redémarre et que les investisseurs et les touristes reviennent. Elle s’apprête à manifester le 23 octobre si l’accord n’a pas été appliqué.
Sénégal : ça va barder !
(Extrait résumé de France 24) : Aminata Touré s’est taillée une belle popularité parmi les Sénégalais en moins d’un an à la tête du ministère de la Justice. La voilà propulsée Premier ministre, avec la confiance du président Macky Sall. Elle s’esttaillé la réputation de madame anti-corruption du Sénégal, et s’estmise à dos une partie de la haute société de Dakar. Cela s’est traduit par l'arrestation de notables dont son ex-mari.
Après des études d'économie en France, elle a adhéré jeune à la Ligue communiste des travailleurs, puis est passé par l’humanitaire qui l'a menée jusqu'à l'ONU à New York, où elle est nommée directrice du département droit humain du Fnuap au siège de l’ONU, en 2003.
Mon avis :
1) beaucoup d'étudiants du Sud ont eu en France une formation qui ne les a pas préparés, c'est un euphémisme, à gérer leur pays. Certains s'en sont très bien remis, mais pas tous, le cas extrême étant celui de Pol Pot. Au Sénégal j'ai bien connu le président Senghor qui était un homme délicieux et de bonne volonté, qui a fait d'excellentes choses, notamment le lancement du planning familial, qu’il m'avait chargé d'expliquer aux notables. Par contre il a mal engagé le développement de son pays du fait des idées économiques à la mode en France à l'époque.
2) le nouveau rôle de Madame Touré va être aussi difficile que le précédent, et comme elle n'a pas que des amis, ça va barder !
Qatar : l'avis d'un spécialiste
Nous avions remarqué que le changement au sommet du pays (notre lettre 201) ont eu lieu alors que l'affaire syrienne s'embourbait et que les amis du Qatar étaient chassés du pouvoir en Égypte.
Néanmoins un acteur des relations franco-qataries (me contacter au besoin)estime que ce changement n'est pas lié aux questions de politique étrangère, mais aux problèmes de santé de Sheikh Hamad, et à la mauvaise gestion des contrats d'organisation de la FIFA par l’ex-premier ministre. Comme dans beaucoup de pays, les problèmes internes (voir les États-Unis actuellement) passent avant les autres.
Le Soudan sans le pétrole du sud
On se souvient de la guerre civile qui a ravagé le Soudan pendant des décennies, entre un Nord souvent aride, plus ou moins de langue arabe et musulman, et un sud beaucoup mieux arrosé, de langues et de religions variées. Ce sud n'a jamais eu le début du développement du Nord, en partie par négligence du pouvoir central et par son mépris de ces populations parfois encore emmenées au nord comme esclaves.
La situation s'est compliquée quand le Soudan est devenu producteur et exportateur de pétrole, ledit pétrole se trouvant soit carrément au Sud soit près d'une frontière nord-sud à définir. On sait que le Sud est aujourd'hui indépendant et que sa frontière avec le Nord est toujours mal définie. Je vous passe les détails et les hostilités résiduelles pour arriver au résultat final : le Soudan (nom qu'a conservé le nord) est maintenant importateur de pétrole, et se heurte aux mêmes problèmes que le Maroc et bien d'autres : soit on garde un prix public bas, on gaspille, on pollue et l'État se ruine en payant la différence, soit on fait payer au peuple le prix international et il se révolte.
C'est ce deuxième choix qui a été retenu, la révolte a éclaté, d'autant plus vigoureusement que le régime est dictatorial et corrompu … et le président poursuivi par le Tribunal Pénal International pour les massacres du Darfour.