Homeland, S03E03, Tower of DavidRéalisé par Clark Johnson et écrit par Henry Bromell & William Bromell.
Quel épisode à couper le souffle. Je ne m'attendais pas vraiment à voir ressurgir Brody, encore moins de cette façon. L'introduction est complètement assourdissante et je n'arrive pas vraiment à comprendre ce qu'il lui est arrivé. L'épisode nous explique que depuis sa fuite il va de lieu en lieu, probablement guidé par le réseau qu'à pu acquérir Carrie en secret au fil des années. Seulement, le manque d'explications met mal à l'aise et on se demande vraiment quelles épreuves Brody a traversé depuis l'attentat.
J'ai au départ pensé que l'épisode serait uniquement centré sur Brody et j'ai eut tord, et c'est tant mieux. J'ai tout simplement adoré le montage en parallèle de Carrie et Brody dans leurs prisons respectives. C'est assez habile de les isoler de cette façon, de les acculer dans une situation qui semble tout à fait insurmontable. Carrie, malgré les médicaments, n'arrive pas vraiment a refaire surface. Il est clair qu'à côté de sa maladie, son esprit est plus que chamboulé par les évènements de la CIA. Elle se démène pour montrer à Saul qu'elle va mieux, dans l'espoir de retrouver sa place comme si rien ne s'était passé. Cela fait écho au début de la seconde saison mais il est clair que cette fois ce ne sera pas possible. Cela me fait un peu peur pour la longévité de la série et la direction que va prendre Carrie dans le futur. Même si le personnage est loin d'avoir montré tout ce qu'il avait d'intéressant, on se retrouve enfermé dans une tranchée dont il va être difficile de sortir.
A côté de ça Brody est captif d'une façon bien différente. Lui qui n'est désormais plus qu'un terroriste, tout du moins aux yeux du monde. Malgré tout ce qu'il s'est passé, j'ai de la pitié pour lui. Il n'est à vrai dire pas responsable de tout ce qui lui est arrivé, que ce soit avec Abu Nazir ou plus tard avec l'attentat. Il a été emporté dans un tourbillon infernal et il semble toucher le fond pour de bon, la ligne d'arrivée, car comme on lui dit, il n'y a pas de prochaine étape. C'est assez bouleversant de le voir comme ça et j'ai une certaine empathie envers lui, alors qu'il n'a pas toujours été mon favoris dans les saisons précédentes. J'ai trouvé très belle la scène où au sommet de la Tour de David il contemple la mosquée en murmurant des paroles que j'imagine sacrées. On retrouve cette ambiguïté de l'homme blanc musulman. Plus tard, à la mosquée, on nous fait une distinction claire et nette entre Islam et terrorisme. J'apprécie que la série traite de ces sujets avec cette habileté et sans être trop grossiers.
L'intrigue de l'épisode est en elle-même presque inexistante. Il n'y a pas d'affaire de la CIA au milieu, pas d'intrigue terroriste. Non, on se concentre sur ces deux personnages, séparés l'un de l'autre et enfermés, confrontés à leur démons. Outre le montage vraiment bien géré, il y a un vrai parallèle établi entre Carrie et Brody. Tous les deux sont persuadés qu'ils peuvent sortir de leurs prisons et reprendre une vie normale, aller de l'avant. Tous les deux sont contrôlés par des groupes de personnes anonymes, des institutions, d'un côté des infirmière et de l'autre une milice de quartier. Ces deux groupes leur fournissent de quoi retrouver un semblant d'équilibre mental, Carrie ses médicaments, Brody de l'héroïne, et tous les deux en deviennent ou en deviendront dépendant, car c'est tout ce qui leur reste. Je trouve stupéfiant d'arriver à, en quelque sorte, raconter la même histoire de deux façons tout à fait différentes, dans des contextes qui n'ont rien à voir et pourtant avec autant d'efficacité. On peut attaquer Homeland pour ses incohérences au niveau de la CIA ou des opérations anti-terroristes comme on l'a vu dernièrement sur internet, mais il est clair que la série est un chef-d’œuvre de réalisation, de mise en scène, et que ses deux acteurs phares sont de plus en plus spectaculaires. J'aurais envie de donner une mention spéciale pour cet épisode mais Claire Danes et Damian Lewis méritent tous deux qu'on les acclame.