Je ne garde pas un très bon souvenir de la première fois où j’ai vu Alka. C’était en 2010, elle faisait la première partie de Benjamin Biolay en février. Plutôt maladroite, cette jeune fille longiligne chantait avec une voix comparable à un souffle lointain. Je trouvais ça plutôt fade et sans relief. Le Prince Miiaou qui a assuré les premières partie de Biolay quelques mois après aura eu l’effet inverse : un véritable coup de coeur.
Trois années passent, et voilà qu’au début de l’automne 2013, le premier album d’Alka Balbir (la fille de Denis Balbir, le journaliste sportif français) sort enfin. Alors pour tous les admirateurs de Benjamin Biolay, ça faisait un moment qu’on savait que l’auteur de La Superbe travaillait avec Alka. Cet album se faisait donc attendre, puisque les rares informations qui filtraient sur ce couple d’artistes étaient synonymes de symbiose musicale.
Un premier EP sorti en milieu d’année nous a mis l’eau à la bouche avec les titres fiévreux Bâtards Suprêmes et la Vie par les deux bouts. La voix d’Alka à la première écoute peut surprendre, ou au contraire pas du tout. On se demande si le fantôme d’Isabelle Adjani, époque Pull Marine, n’est pas loin.
Les mots sont crus, les textes sont sombres : la voix fluette de la jeune fille libère des paroles estampillées Biolay. Il suffit d’ailleurs de regarder la tracklist (Tu m’aimes mal, D’un amour à l’autre, Te satisfaire, Pas la peine de dire adieu) pour se demander si on ne vas pas écouter un album du chanteur Lyonnais.
Et toi, oui toi
Je sais ce que tu as fait hier soir
Et toi, oui toi
Inutile de rouler ces grands yeux noirs
Et toi, oui toi
Où as tu passé la nuit dernière
Et toi, oui toi
Tu sens la femelle, le foutre et la bière
Entre la Alka que j’ai vu il y’a trois ans et celle présente sur cet album, mon avis a bien changé. Sa voix digne d’une muse Gainsbourienne déballe des histoires d’amour crasseuses. Il est souvent question d’amour noir : de tromperie (La main dans le sac), de fuite (Pas la peine de dire adieu) où Benjamin Biolay vient faire les choeurs, comme Jeanne Cherhal le faisait sur Tout ça me tourmente, sur l’album La Superbe
Concernant les mélodies, on reconnait là aussi la patte de Biolay. Les chansons sont étoffées (comme le sont les titres de son dernier album Vengeance). Pas la peine de dire adieu illustre parfaitement cela.
Au commencement c’était nul
C’était glauque c’était bidon
C’était flasque c’était sans fond
Je mettais même du sent-bonAu deux tiers c’était minable
C’était morne, c’était banal
C’était même pas bancal
C’était flou ou trop frontal.
L’intégralité des chansons écrites et composées par Benjamin Biolay semble donc correspondre à l’univers effrontée d’Alka. C’est troublant puisqu’elles transpirent le vécu (D’un amour à l’autre) où des histoires pleine de grâce côtoient des situations de tous les jours un peu moins glamour.
La balade Je m’en vais ou l’électrique Tu m’aimes mal balaient une fois de plus le large spectre musical de Benjamin Biolay, mais il est évident que la guitare sèche comme les synthés siéent parfaitement à Alka.
L’album se conclut par une reprise de France Gall, (The Pirouettes m’avait déjà séduit dans cet exercice), dans une atmosphère jazzy, différente de ce qu’on a pu entendre jusque là. On ne sait pas si le très-souvent-attendu deuxième album sera une réussite, mais pour sa première fois, le défi est relevé haut la main.
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