Nous retrouvons, parait-il, les mêmes personnages que dans son premier roman, Désespérés s’abstenir que je n’ai pas lu. Un trio tissé serré, un homosexuel, Yan, Mélodie, l’amie effacée, et l’héroïne, la spectaculaire Clara. Celle-ci, on s’en doute par le titre, est en colère puisqu’elle a été « flushée », et par Internet en plus. Après 72 jours d’une relation idyllique et fusionnelle avec Damien, celui-ci parti au loin à cause de son travail, la congédie de sa vie. Un homme pas très en moyen financier, tendre et patient, et rien pour gâter la sauce, vedette dans un groupe de musique. Il m’a semblé presque parfait, comparé à la chère, Clara, au caractère pas évident du tout. Si celle-ci n’avoue pas aisément ses faiblesses, contrairement à Damien, elle occupe un travail la mettant à l’abri du besoin, et c’est le moins que l’on puisse dire. Contrairement aux coutumes littéraires de la chick-litt, où c’est généralement l’homme qui a de la difficulté à s’engager, ce sont des lèvres de Clara qui ne sont pas capables de prononcer le « Je t’aime » d’usage en ces circonstances où l’on éprouve un amour torride.
Des chapitres dispersés dans le cours de l’histoire étalent, jour après jour (jour 1, 2, 3 jusqu’à 72), la folle romance de Clara et Damien, cette passion euphorisante des premiers moments. D’autres chapitres nous renvoient à la rancœur de Clara qui transpire la trahison de Damien par tous les pores de sa peau. On voit la jeune femme passant par plusieurs phases, tentant d’évoluer en même temps que sa douleur cuisante. Ses amis l’entourent, même si au départ Yan la laisse tomber, il restera toujours la discrète Mélanie, cette cachottière amie.
Les ex joueront leur rôle, venir mettre des bâtons dans les roues du couple vedette. La vie de famille à l’italienne de Clara noircira plusieurs pages La jeune femme, dans la vingtaine avancée, indépendante de fortune et n'habitant plus le toit familial, rejette en bloc sa mère, aussi férocement que n’importe quelle ado de 15 ans. Parmi tout ce chaos, l’organisation d’un shower pour sa sœur ainée est entre ses mains.
Un roman mené avec dynamisme, inondé d’un humour bon enfant (pour ne pas dire bonne jeune fille !), mais prière de ne pas s’attendre à de grosses surprises. Le côté le plus inhabituel viserait la dernière partie, que l’on pourrait appelée la réhabilitation. C’est rare que l’on prend l'option d’exposer la phase de raccommodage des morceaux dans un tel souci du détail. Ceux qui aiment savourer les fins s’en feront une joie.
Je ne suis décidément pas la candidate de ce genre de roman convenu où la vie de couple est abordée uniquement sous l’angle des débuts exaltants, parce que dangereux, ou dangereux parce qu’exaltants. Ces histoires où il serait facile de tirer sur une ficelle pour dénouer l’impasse, par exemple avec une conversation mature liquidant les malentendus un à un. On étire ce moment jusqu’à la fin parce que sinon, il n’y aurait plus, ô malheur, d’histoire à raconter.