Drôle d’idée de vouloir lancer un «Mook» (mélange de
magazine et de book) entièrement réalisé en bande dessinée. Un pari osé mais
qui, à la lecture de ce premier numéro, est relevé haut la main. Un sommaire
riche et varié, des articles au long cours, des rubriques courtes, des enquêtes
en plusieurs parties, chacun devrait pouvoir y trouver son compte in fine.
Alors que retenir de ce premier numéro ? D’abord que
les deux articles les plus conséquents sont ceux que j’ai le plus appréciés. Le
récit de Christian Cailleaux dans les eaux de l’hémisphère sud à bord de la
frégate Floréal s’attache à dresser les portraits des différents membres de l’équipage.
Sa démarche n’est donc pas identique à celle d’Emmanuel Lepage dans Voyage aux îles de la désolation puisque dans cet album on s’attardait davantage sur les
communautés scientifiques peuplant ces îles éloignées de toute région
habitable. L’autre grand article, une enquête consacrée aux pionniers américains
du gaz de schiste, révèle les péripéties ayant amené les grandes entreprises du
secteur énergétique à se lancer dans l’exploitation de nouvelles ressources
naturelles grâce à la dévastatrice technique de la fracturation hydraulique.
Édifiant. A noter également la première
partie du reportage que Marion Montaigne consacre à la ménagerie du jardin des plantes
et le récit documentaire où Olivier Bras et Jorge Gonzalez relatent le dernier
jour du président chilien Salvador Allende, le 11 septembre 1973.
J’avoue avoir été moins convaincu par les petites chroniques disséminées entre les grands articles. En dehors la pastille musicale où j’ai eu le plaisir de retrouver Nicolas Moog (June), les autres m’ont laissé sur ma faim, notamment les rubriques informatiques, économiques et sportives.
Graphiquement, c’est le lot d’une publication aussi diverse, il y a à boire et à manger. Mention spéciale à l’argentin Jorge Gonzalez dont le trait charbonneux et proche du crayonné m’a emballé.
Une première réussie donc. Instructif, pas prise de tête, n’hésitant pas à aborder des sujets totalement différents les uns des autres, cette revue dessinée a tout pour plaire. En plus on nous annonce dans le second numéro de décembre « Les plaies de Fukushima » par Emmanuel Lepage. Autant vous dire que je serai au rendez-vous.
Un grand merci à Mo’ qui a eu la gentillesse de m’offrir ce magazine en BD. Une fois de plus elle a fait mouche !
Son avis sur ce même numéro.
La revue dessinée n°1 – Automne 2013. 226 pages. 15 euros.