Ils ont tous appris à diriger à l'ENA, dans les années 70, à la fin de l'époque des Trente glorieuses. Leur credo : la croissance économique et ses solutions libérales. Mais 40 plus tard, il faut se rendre à l'évidence : ça ne marche plus, le monde a changé. Il faut inventer de nouvelles solutions.
Des pistes, parfois, sont là, sous leurs yeux et sous les nôtres, mais ils ne les voient plus, même s'ils ont été les instigateurs des événements qui peuvent ouvrir le chemin. Je prendrai deux exemples d'actualité récente.
Le premier a eu lieu en septembre. Peut-être vous en souvenez-vous, peut-être en avez-vous entendu légèrement parler. Il s'agit de la semaine du déplacement durable, héritière de la journée sans voiture, et d ela semaine des déplacements alternatifs. Quelques collectivités ont fait discrètement la promotion du co-voiturage. Et c'est tout. Le grand vide. Un vide phénoménal, un vide abyssal, un vide incommensurable. Qui reflète bien le vide de leurs esprits. Pourtant, l'enjeu est de taille pour demain : choix des infrastructures, modes de déplacement collectifs ou individuels, place de la voiture dans la ville, lutte contre la pollution atmosphérique, alternatives aux énergies fossiles. C'est un enjeu de civilisation. On aurait dû en entendre parler tout le temps, avoir de nombreux débats sur la place publique. Rien, le silence.
De même, dimanche dernier, s'est terminée la semaine de la science ? Le saviez-vous ? Est-ce parvenu à vos oreilles ? Là encore, à part quelques initiatives institutionnelles confidentielles, rien à se mettre sous la dent. Et c'est grave. Car les chercheurs de demain se motivent aujourd'hui. Car le progrès scientifique, c'est ce qui nous permettra de continuer à vivre demain. Parce que la découverte et l'innovation, c'est ce qui fournira les emplois du futur. Et là aussi, rien, ou si peu.
En résumé, le discours de nos politiques actuels, en dehors du fantasme d'une croissance devenue introuvable - peut-être même n'est-elle pas souhaitable au sens où on l'entend de manière classique -, est creux, inaudible et sans lendemain. Et apparemment il n'est pas près de changer. Pour le coup, nous rentrons vraiment dans la génération NO FUTURE.
Alors, je répète ma question, comment, dans ces conditions, s'étonner que les gens soient tentés de voter Front National ?
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