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Pour en finir avec la fable du programme social du Front national

Publié le 15 octobre 2013 par Lepinematthieu @MatthieuLepine

   Depuis plusieurs jours, l’argument selon lequel la "fibre sociale" du Front national serait ce qui attire les électeurs vers lui, ne cesse d’être répété dans les médias. Certains vont même jusqu’à avancer que le programme du Front de gauche, l’Humain d’abord, et celui du FN auraient des propositions similaires concernant le SMIC, les retraites ou encore la répartition des richesses. Ainsi, tel Jaurès, la formation de la famille Le Pen serait le chantre de la République sociale. Ni de droite, ni de gauche, ce parti "antisystème", serait non seulement le remède à la crise démocratique qui touche notre pays mais aussi et surtout à la crise économique et sociale. Pourtant, il suffit d’un coup d’œil sur l’activité parlementaire des élus frontistes et apparentés pour se rendre compte que tout ceci n’est qu’une fable.

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   Avec Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard le Front national dispose aujourd’hui de deux émissaires à l’Assemblée. Ses députés sont la vitrine du parti. Ainsi, leur formation étant, d’après ce que nous martèlent les médias, attachée à la défense des acquis sociaux des français, il apparaîtrait évident que cela se ressente dans leur activité sur les bancs de l’hémicycle.

Mariage pour tous, Roms, génocide vendéen…

   Pour le vérifier, il suffit de consulter le site de l’Observatoire de l’activité des députés à l’Assemblée nationale. En s’intéressant à la fiche des élus FN, à leurs propositions de loi ou encore aux questions qu’ils ont jugé primordiales de poser à l’actuel gouvernement, on peut aisément s’apercevoir que la fibre sociale de ce parti n’est qu’une fable.

Rien sur le SMIC, rien sur la défense des retraites, rien sur l’éducation, rien sur la santé, les élus frontistes ont jugé bon de faire passer bien d’autres sujets en priorité. La politique à l’égard des populations Roms a par exemple fait l’objet d’une intervention de chacun de deux élus. Gilbert Collard a ainsi pu s’étendre sur ce qu’il nomme « le problème roumain » (octobre 2013) tandis que Marion Maréchal-Le Pen félicitait le ministre de l’intérieur Manuel Valls pour ces propos dénonçant « le fait que la majorité des Roms ne souhaite pas s’intégrer dans le pays » (mars 2013).

Ils ont ensuite dépensé beaucoup de temps et d’énergie en s’opposant à l’adoption de la loi concernant l’autorisation du mariage pour les couples de même sexe. Une proposition de loi suggérant de faire inscrire dans la Constitution l’interdiction du mariage homosexuel a même été proposée par les élus frontistes (novembre 2012).

Marion Maréchal-Le Pen s’est aussi lancée, au coté d’élus UMP, dans une croisade antirévolutionnaire en cosignant une loi sur la reconnaissance du "génocide vendéen" (janvier 2013). En parallèle, Gilbert Collard a questionné le gouvernement au sujet de l’intervention militaire au Mali (janvier 2013), proposé l’instauration de mesures de réparation en faveur des orphelins de la guerre de 1939-1945 pupilles de la nation (décembre 2012) et repris en partie, de façon éhontée, une proposition du Front de gauche concernant le referendum révocatoire (avril 2013).

Et la crise sociale, l’emploi, les salaires, les retraites, la redistribution des richesses ?

   Il serait contraire à la vérité que de dire que les questions sociales n’ont pas été abordées par les élus frontistes… En effet, la petite fille Le Pen s’est notamment exprimée à ce sujet dans l’hémicycle en mai 2013. Cependant, c’est pour dénoncer la fraude sociale (allocations familiales, assurance maladie…) et critiquer la lutte contre les évadés fiscaux que celle-ci est intervenue. Militante d’extrême droite, elle a bien évidemment pointé du doigt "les filières d’immigration sanitaire et sociale".

Gilbert Collard a lui cosigné (juillet 2013) une proposition de loi au titre ronflant mais au contenu vide concernant "l’interdiction des parachutes dorés et la limitation des très hauts salaires". Beaucoup de bruit pour rien, sinon pour nous rappeler la solubilité du FN dans le système capitaliste. En effet, ce texte avait pour but de "protéger l’économie, la propriété privée et les épargnants et de garantir aux actionnaires une gestion d’entreprise durable" et non d’instaurer un revenu maximum ou encore la redistribution des richesses au sein des entreprises.

Ni proposition de loi, ni intervention auprès du gouvernement concernant donc les sujets essentiels qui intéressent les français : l’emploi, les salaires, la santé… Le Front national peut prétendre ce qu’il veut, mais rien dans ce que font au quotidien ses élus à l’assemblée ne ressemble de près ou de loin à la défense de la République sociale.

   Les grands médias, aveugles ou complices, ont une part de responsabilité énorme dans la diffusion et la propagation de cette fable. Les élections municipales arrivent à grands pas, ne nous laissons pas endormir. Le FN a un bilan local et celui-ci est catastrophique, voilà ce qu’il est aujourd’hui urgent de faire savoir aux français !


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