J'aime les nouvelles car elles développent chez leur auteur(e) l'art de la concision, la qualité du parler juste, de placer la chute au bon moment. Bien sûr, cet exercice peu vendeur et souvent rejeté par les lecteurs, nécessite une certaine dextérité littéraire et demande un joli équilibre : introduire les personnages, poser une ambiance, savoir arrêter l'intrigue. Je reconnais que Marie-Sabine Roger se débrouille à merveille et propose Les encombrants pas si gênants : au contraire, on en redemande !
Sept nouvelles composent Les encombrants : démarrage en fanfare avec une Éliette joyeuse et un Léonard ronchon, portrait caustique d'Une garde de nuit mal-soignante, fragilité et tendresse pour Son père, fête d'anniversaire extraordinaire d'une résidente dans On n'a pas tous les jours cent ans où tous les travers médiatiques et politiques sont décortiqués au scalpel (foncièrement réjouissant), un futur scénario de court-métrage attendrissant en Rose thé, vie et fin d'une relation chaotique entre un vieux monsieur et son chien Vic puis une relation mère-fille version moderne dans Comment fait-elle ?.
J'ai repris avec ce livre, le chemin des histoires courtes et je constate à quel point elles m'ont manqué. La prose fraîche de Marie-Sabine Roger rend la lecture agréable : elle arrive à doser amusement, gaieté et tendresse en traitant de la fin de vie, à imposer une réflexion sur nos comportements par rapport à la vieillesse (entre indifférence, protection ou malheureusement maltraitance) et rappelle que vieux ne signifie pas sénile (avec deux mamies magnifiques et bourrées d'énergie). Un recueil que je recommande sans frein, au contraire !
Je dédie Son père à Sophie et à Marc T.
Éditions Thierry Magnier
avis : Anne, Aifelle, Emma, Antigone, Clara
emprunté à la bibliothèque
et un de plus pour les challenges de Luna, d'Asphodèle (Prix de la Nouvelle francophone Nanterre 2008)