Magazine Journal intime

Où il est question de révélations!

Par Vivresansargent

15/10/2013

 L’époque où l’homme était chasseur et cueilleur devait offrir une certaine sérénité. Sérénité qui se vendrait chère à notre époque. C’est fabuleux de découvrir tous ces arbres fruitiers sur la route. Il n’y a pas un jour qui passe sans que la vie m’offre une pomme, une noisette, une poire, une mûre ou une noix. Il n’y a qu’à se baisser. Dans notre société que l’on dit de béton, l’arbre n’est pas encore mort. Le temps des pleurs, en France, n’est pas encore arrivé. Dès que l’on sort des villes, la nature se montre, fière et généreuse. A l’époque de nos ancêtres cueilleurs, la nature devait être bien plus abondante, d’où la certaine sérénité. Certaine, car le confort ne faisait pas partie de leur quotidien. On ne peut pas tout avoir.

La bouche pleine de poire, j’ai comme un flash, une révélation. Je stoppe net. Je comprends que ce qui nous nourrit ne sont pas les aliments mais ce qui créer les aliments. Ça paraît simpliste mais c’est très profond. Je découvre qu’une poire, n’est rien d’autre que de la vie granuleuse, un citron, de la vie un peu acide et les haricots blancs, de la vie qui fait péter. La vie nous entoure et prends toutes les formes. Je réalise que la source de vie qui nous environne et qui fait tout pousser, nous y compris, est la source invisible qu’il nous faut découvrir puis finalement voir pour comprendre qui nous sommes. Je comprends que ce qui fait tout pousser n’est que de l’amour. Tout est là pour tous. Si on respecte la nature et si on la laisse faire, elle fournie tout à tous. Pendant que ma plaie cicatrise, les pigeons trouvent des graines, le tournesol se tourne vers le soleil et un enfant naît. C’est si clair pour moi que je comprends que respecter la nature, à mon niveau, en tant qu’être humain, c’est ouvrir mes portes intérieures à cet amour. Chaque respiration est pleine d’amour. Dans l’air que je respire, tout y est. Cette machine merveilleuse et miraculeuse qu’est le corps humain, fonctionne avec de l’invisible. C’est merveilleux ! Je me rends compte, la bouche pleine de chair de poire granuleuse et juteuse que ce qui me nourrit n’est pas la poire mais ce qui nourrit la poire. Si la poire est si bonne quand elle est mûre, c’est parce qu’elle accomplit sa mission, être une poire, en se laissant pénétrer et guider par la puissance de la vie, elle n’oppose aucune résistance et se laisse faire, confiante. La poire est entre de bonnes mains. La vie sait exactement ce dont a besoin la poire et le lui donne, tout simplement. Il en est de même pour l’asticot, l’oiseau, la pâquerette et l’homme.

Je comprends que l’homme, lui, oppose beaucoup de résistance à la vie et à sa magnifique puissance protectrice, salvatrice et nutritive. Chaque négativité, chaque tension, nous éloigne de la source protectrice, salvatrice et nutritive. L’homme, par son égoïsme, créer sa propre misère en contrevenant aux lois universelles de la vie, de l’amour. Au contraire, quand l’homme reconnaît la puissance invisible et apprends à faire tomber les barrières entre elle et lui, en dissolvant ses tensions, ses pulsions égoïstes et négatives pour lui et pour son entourage et tout ce qui est contraire à l’amour, il se construit un présent et un avenir radieux.

Je comprends que ce qui nourrit l’homme ne sont pas les aliments mais l’amour. Je comprends que l’homme est comme une graine. Je comprends comment certains maîtres spirituels Indiens, sont capable de manger du poison devant leurs élèves et de ne subir aucun des désagréments du poison. Ces maîtres sont connectés directement à la source et se nourrissent de l’invisible puissance, comme la graine. Le poison tue les hommes de matière et la source nourrit les hommes d’esprit.

Dans un sourire, je jette le trognon de ma poire au loin et l’offre ainsi à mon tour, à la terre et à ses habitants qui comme moi, s’en nourrissent.

Un peu plus loin, j’ai un autre flash, une autre révélation. Je stoppe net. Aujourd’hui, ça fuse ! Je sens le poids de mon sac qui augmente à chaque pas. J’ai beau garder le sourire en fin d’étape, il est trop lourd, encore trop lourd, toujours trop lourd. Par deux fois déjà, j’ai abandonné des vêtements qui m’encombraient plus qu’autre chose. J’ai laissé un sac rempli de chemises et d’un pantalon de costard qui n’avaient rien à faire sur le dos d’un pèlerin, au pied d’une boîte aux lettres dans un petit village. J’espère que ce sac aura fait un heureux. Plus tard, ce sont mes chaussures de ville et mon vieux cuir tant appréciés que j’ai laissé à la mairie de Signy l’abbaye, en demandant qu’ils soient distribués aux nécessiteux du village. Je pensais avoir enfin gardé l’essentiel. Raté. Aujourd’hui, je porte sur mes épaules le poids de mon attachement aux choses. C’est fou de constater que l’on est responsable de toutes ses souffrances. Je porte ce que je ne suis pas capable de laisser sur le bas côté. Pourtant je ne suis pas matérialiste. Je sais me contenter de peu. Ce peu est pourtant encore trop lourd. La question que pose ce voyage est la suivante : pourrais-je un jour me contenter de rien ? Ma quête spirituelle m’emmène sur un terrain où chaque jour j’apprends à faire confiance à la vie qui me donne tout , pourvus que je lui fasse confiance, que je lâche prise et que sa volonté devienne ma volonté. Je suis comme l’aveugle qui tends la main. La vie m’a pris la main hier et je la laisse me guider même si souvent, mes pas et mes a coups révèlent ma frilosité. La progression est graduelle mais factuelle. Ma confiance est chaque jour plus grande. Je sais que demain, les yeux fermés, je courrais main dans la main avec la vie.

Je vais, à nouveau, faire du tri dans mes affaires. J’ai une idée de ce dont je vais me séparer. La moitié de mes tee shirts, de mes chaussettes et de mes caleçons. Je vais aussi inspecter ma trousse de toilette qui s’avère n’être déjà qu’un simple sac plastique.

La révélation du jour me fait tourner la tête. En effet, je constate qu’a chaque fois que je me déleste d’un peu de poids, je me rends compte plus tard que j’en ai encore trop et que je suis prêt à me débarrasser, d’autres choses inutiles. Je suis sur la route que depuis un mois et il me reste environ trois mois de marche! Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir le stricte minimum sur le dos mais mon intuition me souffle que mon dépouillement matérielle et mon habillage spirituelle ne fait que commencer.

Que devrais-je laisser sur le bas côté quand je serais nu ? Le poids de mes peurs, de mes mauvaises habitudes et de mes sécurités que je sais aujourd’hui n’être que de papier mâché, n’est-il pas plus lourd que le sac que je porte sur le dos ? J’ai la ferme intention de m’alléger et de m’envoler un jour. J’ai bien l’intention de faire tomber, une à une, les barrières que j’ai créé moi même entre la puissance de la vie et mon être. J’ai la ferme intention de voir la vie, de toucher la vie. J’ai la ferme intention d’être un jour bien vivant, dans une relation étroite et permanente avec la vie et l’amour qu’elle nous offre à tous. J’ai la ferme intention de devenir un témoin de cette force invisible.

Comment vais-je arriver à Saint Jacques ?

Je sourie. Je marche.

… 


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