Publié le 15 octobre 2013 | par pixfan
La Galerie Rabouan Moussion (Paris 3e) présente jusqu’au 23 novembre 2013, Berlin du photographe hollandais Erwin Olaf.
« En 1989, après la chute de l’intransigeant Eric Honecker en République démocratique allemande, le mur de Berlin est finalement tombé. Il est difficile de se remémorer cette époque qui fut un moment d’espoir et d’euphorie. Plusieurs centaines de jeunes se sont rendus en Allemagne afin d’être présents pour ce moment historique. Tous désiraient assister à ce que la multitude ressentait comme une aube nouvelle. Le mur avait été un symbole important – de la répression et de la séparation et de la Guerre Froide – et sa chute fut également hautement symbolique.
Dans les années 1990, quand tout cet espoir était encore frais, Berlin devint la « capitale créative » de l’Europe. Une scène de fête en plein essor, exagérément décrite comme « underground », qui attirait les artistes en grand nombre. Curieusement, cependant, cette explosion ne produisit presque rien de vraiment durable. Nous pouvons déjà entrevoir que le Berlin de cette période ne soutient pas la comparaison avec le Paris des années 1930, ou le New York des années 1950. Une nouvelle fois, la bouffée d’air collective se dissipait, et surtout l’occasion était perdue.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la nouvelle série d’Erwin Olaf. Berlin est une grande ville moderne et performante. Mais elle est aussi un symbole, riche en contrastes d’ombre et de lumière. Dans la psychologie de Berlin, le Temps des Lumières et la République de Weimar se côtoient.
Olaf est de la génération qui a connu de très bons moments à Berlin dans les années 1990. Il le dit lui-même, il a participé à toutes les fêtes où il fallait être. Revisiter Berlin aujourd’hui, revient à comparer ce que cette génération espérait voir se produire avec ce qu’elle a effectivement accompli.
Les photos forment des tableaux, des moments soigneusement imaginés ancrés dans le présent, mais ressassant incontestablement le passé. Un groupe de portraits représentant les acteurs de ces scènes se distinguent : ils sont contemporains, se réfèrent au présent. »
Francis Hodgson critique photo, Financial Times
Traduction : Karin Py
Freimaurer Loge Dahlem, 22 avril 2012
Stadtbad Neuköln, 23 avril 2012
Erwin Olaf est né en 1959 à Hilversum aux Pays Bas. Il vit et travaille à Amsterdam depuis le début des années 1980.
« À première vue, Erwin Olaf agit davantage en metteur en scène qu’en photographe. Chaque image est soigneusement scénographiée, comme un plan de cinéma. Les lumières sont toutes artificielles et le photographe a ajouté un dos numérique à son Hasselblad pour pouvoir contrôler chacune de ses prises de vue. Les décors font l’objet de longues recherches documentaires, et se signalent par des raffinements d’une précision maniaque. Les prises électriques ou les plinthes d’appartement sont reconstituées avec le même soin que la couleur des papiers peints ou le design des lampes.
Chaque modèle fait l’objet d’un casting drastique. Mais derrière la facture apparemment froide et léchée de ses photos, par-delà le souci évident de tout maîtriser, il y a chez Erwin Olaf ce goût de l’imprévu qui lui permet de contourner in extremis les clichés.
Loin d’être prisonnier de la lourdeur de sa machinerie, de l’inertie de son décor, Erwin Olaf reste un oeil aux aguets, un photographe à même de recevoir les dons du hasard. Il n’opère finalement pas si différemment d’un Henri Cartier-Bresson qui attend l’ « instant décisif », et prône la nécessité de « mettre sur la même ligne de mire la tête, l’oeil et le coeur. » À cet égard, pour reprendre la boutade de Jean-Luc Godard, l’ambition d’Erwin Olaf n’est pas de fabriquer « juste une image », mais bien au contraire « une image juste ». «
Natacha Wolinski
Informations pratiques
ERWIN OLAF
Berlin
Expositione du 5 octobre au 23 novembre 2013
Galerie Rabouan Moussion
121, rue Vieille du Temple
75003 Paris
Métro : Filles du Calvaire (Ligne 8), Saint Sebastien Froissart (Ligne 8)
Bus : Lignes 96; 65; 20