Nous sommes peu de choses, moi surtout quand je dois me laver le cul à l’eau froide !
Dimanche matin, la journée commençait mal alors que dans la salle de bain je me préparais à passer sous la douche. A peine l’œil éclos après une soirée arrosée, l’instinct de la bête qui sommeille en moi – je ne vois que cette explication – me conseilla de tester la chaleur de l’eau avant de lui livrer mon corps sculptural et sans défense. Bien m’en pris, elle était froide. Pas glacée, diront les optimistes, mais assez fraîche pour que je me retire du combat avant qu’il ne débute.
Je me suis donc contenté d’ablutions rudimentaires dans le lavabo. Je revenais dans ma prime enfance et notre petit logement familial au cœur de Paris, sans salle d’eau, où vaisselle et toilette se faisait dans l’unique évier de la cuisine étroite et mansardée. Se nettoyer les pompons à l’eau froide, mal éveillé avec des souvenirs d’enfance peu glorieux en tête, franchement j’ai connu des démarrages matinaux beaucoup plus agréables et pétaradants. Rincer l’argenterie à l’eau fraiche et claire, d’accord, mais les bijoux de familles, c’est une autre affaire.
Nous sommes peu de choses, plus d’eau chaude et comme un petit caillou dans l’engrenage, une belle journée potentielle se transforme en journée morose. Le dimanche, les services d’entretien de la résidence ne travaillent pas, ce qui reportait au lendemain les réparations attendues et décalait d’autant la douche salvatrice, sans laquelle mes journées n’ont pas le goût que j’espère.
Quand on n’a plus d’eau chaude, il y a pire que de ne pouvoir se doucher, c’est de faire la vaisselle. Ces jours-là, il n’y a pas intérêt à ce que ça attache dans le fond de la poêle ou que ça gratine le long des parois du plat. Ma douce en ayant convenu et pour ne pas porter mon exaspération à des niveaux injustifiés autant qu’injustifiables, s’attela à nous préparer des repas adaptés à la situation. Jusqu’au retour à une situation normale qui finalement ne tarda pas puisque dès lundi soir j’ai pu récurer tous les recoins, mêmes les plus secrets, de ma petite personne sans craindre la froidure.