Je dine dans un restaurant de la vieille ville de Canterbury, abrité par une maison historique comme il en subsiste beaucoup ici. Un canal coule au bord, l'ensemble est très pittoresque. Canterbury est donc un beau point de départ. Si typiquement britannique aussi que Rome, le but de mon voyage, ne m'a jamais semblé si loin. Je vais en voir des changements de paysages avant de retrouver la cité éternelle et la dolce vita italienne!
Mais je m'en réjouis. C'est justement pour mieux mesurer la diversité et continuité des chemins que j'entreprends ce genre de voyages. Me confronter, seul à la force de mes mollets, à la grandeur de pays et de leurs natures, voilà un programme vivifiant!
Certes, à la veille de mon départ, j'ai bien quelques doutes et craintes quand à ce que me réservera l'aventure. La météo sera un point d'interrogation, la partie française de cette Via Francigena est peu défrichée, je connaitrai sans doute des moments difficiles. Mais je pense que le plaisir l'emportera largement. J'aime tant ce genre d'itinerances où, jamais en place, je me sens finalement plus à ma place.
Nombre de mes amis me demandent souvent si je n'éprouve pas le besoin, ou l'envie, jamais de me poser. Pour l'instant, et même si je goûte parfois avec plaisir à quelques jours de repos passés au même endroit, je me sens mieux dans le mouvement. Il me permet d'avancer, je pense, à tous les points de vue. La solitude m'y pèse aussi bien moins que lorsque je reste chez moi. D'ailleurs cette notion, à part auprès de ma famille, m'est devenue assez floue.
Je n'ai certes pas totalement l'impression de maîtriser la déferlante de voyages qui s'enchaîne et va continuer à mon horizon ces prochains mois. Mais je dois l'avoir tout de même bien cherché et je m'en réjouis.
Peut être, sans doute, je m'assagirai plus tard, en me trouvant une occupation plus sédentaire, ou une retraite où penser et vivre. Peut être qu'une femme me "sauvera". Mais je n'en suis pas là et pour l'instant présent, que je compte bien vivre totalement, je m'en vais encore arpenter les chemins.
D'ailleurs, marcher et courir seulement va agréablement me changer. Aujourd'hui, avant de visiter la belle cité de Canterbury, j'ai pu tester pour m'y rendre les chemins de fer britannique. Une autre illustration qu'en France on se plaint sans finalement connaître notre chance. C'est juste encore plus chère et encore plus chaotiques que la sncf. Pour les tenants du libéralisme à tout crin: ça n'a pas l'air de faire mieux avancer les trains. Je vais préférer mes pieds pour ces prochaines semaines!