Northwest // De Michael Noer. Avec Gustav Dyekjaer Giese et Oscar Deykjaer Giese.
Par de nombreux aspects, Northwest m'a fait penser au cinéma anglais. Il y a énormément de choses que le cinéma anglais fait régulièrement (les films sociaux sur les quartiers
multiethniques) que l'on retrouve dans ce film. Mais avant de le voir, j'ai surtout eu peur de voir un énième drame sur le monde de ces quartiers. Alors certes ici nous sommes à Copenhague au
Danemark mais finalement, il est aussi difficile aujourd'hui de surprendre avec de tels films. Northwest a pourtant plusieurs forces et à commencer par son caractère. Ce thriller
est indéniablement corsé. Il ne cherche pas à faire dans la demi mesure avec ses deux frères (incarnés par deux frères à la ville). J'ai trouvé leur histoire plutôt touchante car mine de rien,
ils vont tomber dans une spirale infernale de laquelle il ne sera pas possible de sortir. Michael Noer cherche à nous plonger dans cette histoire avec toute l'authenticité dont
il peut faire preuve et c'est tout à son honneur. Le film est alors brut, sale et glaçant. Certaines scènes, assez étranges, finissent aussi par marquer le spectateur. Tout comme cette fin, qui
suggère beaucoup de choses.
Nordvest est l’un des quartiers multiethniques les plus pauvres de Copenhague. Casper, jeune homme de 18 ans, y vit avec sa mère, son petit frère et sa petite sœur. Il s’acharne à joindre les
deux bouts en vendant des biens volés à l’un des chefs des gangs du quartier. Quand le crime organisé arrive à Nordvest, la hiérarchie au sein du quartier change et Casper y voit une chance de
monter en grade. Bientôt, il est projeté dans un monde de drogues, de violence et de prostitution entraînant son frère dans son sillage. Alors que les choses s’aggravent, l’aire de jeu de leur
enfance devient un champ de bataille.
Northwest n'est pourtant pas un film original. On sent que cette histoire a déjà été brossée encore et encore par le cinéma (et notamment le cinéma anglais qui se fait un malin
plaisir chaque année de nous délivrer un bon film du genre). Ce qui fait donc la force de Northwest c'est certes son caractère mais aussi son efficacité. Le film nous offre un
portrait plutôt intelligent de deux personnages plongé au coeur de tous ces trafics. Michael Noer apporte alors une vision très naturelle des choses ce qui rend aussi au film son
côté particulièrement glaçant. On sent que tout ce qu'il se passe respire le vécu ici ou ailleurs. Même si ce n'est pas un film particulièrement nouveau, on peut donc saluer la manière dont
celui-ci est fabriqué. Cela me ramène aussi au cinéma danois (et accessoirement nordique). C'est un vrai puits à films bruts, vivants et particulièrement caractériel. Cela se ressent aussi bien
dans l'écriture (cette recherche de l'authenticité) que dans la réalisation (le côté très froid, polaire de l'image).
Après, les ficelles de Northwest sont assez classiques et son dénouement l'est tout autant. Mais au-delà des facilités du scénario (qui n'est clairement pas le point fort de ce
film), il y a un casting de jeunes gens que je ne connaissais pas du tout et qui surprend dans le bon sens du terme. Je n'attendais pas non plus grand chose de la part de Northwest si ce n'est
d'être surpris. Je n'attendais que ça mais je suis aussi plutôt confiant quand il s'agit de voir des films danois maintenant (ou même des films de pays nordiques). Ce cinéma est déprimant mais
d'une telle fraicheur. On a envie d'en voir plus. Dès que Northwest s'achève, c'est terrible car l'on a aussi envie de voir comment tout peut encore évoluer ailleurs. Ce quartier
ne s'arrête pas de vivre et c'est un vivier qu'il serait presque intelligent de dépeindre une nouvelle fois, d'un nouveau point de vue, avec peut-être quelques personnages déjà-vu dans ce film.
En tout cas, je serais ravi qu'ils songent à la faire sans pour autant que cela ne soit pensé comme une suite. Je déteste cette mode des suites.
Note : 8/10. En bref, un film cinglant et glacial.