Gouvernement Benkirane II : quelques questions que je me pose

Le gouvernement Benkirane II est en place et en principe il a déjà commencé à fonctionner, ou plutôt il continuerait l’action du gouvernement précédent.

En effet, selon le chef du gouvernement, l’exécutif n’a pas connu de “crise”. Nous n’allons pas entré dans les détails et couper les cheveux en quatre!

L’important est que nous ayons un nouveau gouvernement!

Cela ne doit pas cependant nous empêcher, du moins m’empêcher de  soulever certaines questions quant à sa composition!

1/ J’ai remarqué que dans le gouvernement précédent le ministère des affaires étrangères confié à Saad-Dine EL OTHMANI était considéré par les observateurs, qui se prétendent avertis,  comme un département sous tutelle du palais. Avec Salah Ed-dine MEZOUANE ce même département devient par la magie des mots “un département stratégique”.  Pourquoi donc ce changement subit? Est-ce la personnalité du titulaire qui est en cause? Est-ce son appartenance politique?  Est-ce le carnet d’adresse de l’un et de l’autre qui a joué?

2/ Le maintien de l’ex-istiqlalien Mohamed EL OUAFA et sa nomination à la tête d’un ministère tenu auparavant par un “cerveau” du P.J.D.  me laisse dubitatif.  Le fait que Mohamed EL OUAFA s’e soit  rebellé contre Hamid Chabat en  refusant de démissionner ne fait pas de lui un ministre indispensable. A moins que derrière Mohamed EL OUFA ne se profile une partie des députés istiqlaliens qui viendraient soutenir le gouvernement, je ne vois pas de justification politique à sa présence dans la formation gouvernementale.

3/ Si je salue l’arrivée de nouveaux venus  sur la scène gouvernementale, je ne peux m’empêcher de m’étonner de la nomination de de quelques personnalités dont le cursus universitaire est impressionnant certes, mais dont l’expérience politique l’est beaucoup moins. Comme Pour ne citer que l’exemple le plus emblématique en la personne de Mamoun Bouhadhoud. La réputation des ingénieurs polytechniciens – surtout quand ils sont doublés d’un autre diplôme – n’est plus à faire : reste au nouveau ministre de nous donner la preuve dans domaine qui ne lui est forcément familier.

4/ L’affectation de Mohamed Najib BOULIF, l’expert  en matière économique du P.J.D. bardé de diplômes,  à la tête d’un ministère délégué chargé transport, chapeauté par son camarade de parti l’ingénieur statisticien Abdelaziz Rebah, augure-t-elle  d’une perte d’influence du professeur tangérois?

5/ Par ailleurs, le maintien à leur poste de quelques ministres plus que contestés m’interpelle fortement: je pense à Mustapha El Khalfi, le ministre de la Communication qui a bloqué tout le secteur la télévision et des activités collatérales et  El Habib Choubani, ministre chargé des Relations avec le parlement qui n’est pas parvenu à apaiser les rapports entre le chef de l’exécutif et la Chambre des Conseillers.

6/ Je peux par contre comprendre certains aménagements, qui s’avèrent nécessaires dans tout gouvernement de coalition, comme l’abandon d’une partie de ses prérogatives par Nabil Ben Abellah.

7/ Le recours à des personnalités sans appartenance politique dans des domaines aussi sensibles que l’agriculture, l’éducation nationale et la formation des cadres, l’intérieur et même l’industrie, le commerce, l’investissement et de l’économie numérique pointe-t-il du doigt l’incapacité des partis politiques de trouver dans leurs rangs des noms et des compétences nécessaires?

8/ Reste surtout la grande question de savoir comment deux partis – le P.J.D et le R.N.I. - aussi éloignés dans leur idéologie, leur histoire, leur présence sur le terrain, la formation de leur cadres, leur vision de l’économie et leur conception de la société peuvent travailler ensemble, sans heurts, sans accrocs, sans couacs! Cela suppose beaucoup de diplomatie et de souplesse, qualités que le chef de gouvernement ne semble pas maîtriser.

Tout ce qu’on peut espérer est que ce gouvernement se mette “Au travail” comme lui a demandé le souverain.