Propos liminaires :
Versus : Versus est un mot latin qui signifie contre ou « en face de ».
Deni : Le déni est la non considération d'une partie de la réalité.
Mardi 22 avril, je descendais vers Carcassonne en voiture. Désolé, mais par le train, j'avais regardé, merci le temps perdu. Je compenserais carbonne plus tard. Donc... Je roulais... 7 heures de trajet environ pour aller à une assemblée départementale dans laquelle on statuait sur la révocation d'un administrateur. Je roulais donc... Je roule... Et comme à mon habitude, j'écoute France Inter. 15h, arrive l'émission "là bas si j'y suis" de Daniel Mermet. Habituellement, je n'écoute pas l'émission.
Elle est plutôt intéressante, plutôt bien faite, rythmée, avec des sujets importants qui sont souvent peu ou mal traités ailleurs, y compris sur Radio France. Cela, je lui reconnais largement. Mais comme Charlie Hebdo à un moment, la critique devient pénible quand elle est systématique et non contradictoire. Même quand elle est fondée. D'ailleurs, je suis rarement en désaccord avec les propos tenus, quand je l'écoute.
Passons... J'écoute donc l'émission. Et arrive le passage des "messages du répondeur". Moment où l'auditeur écoute des messages du répondeur de l'émission, laissés par des auditeurs précédents. On peut entendre tout et n'importe quoi, des critiques générales, des critiques sur les émissions précédentes, des témoignages, des invitations, des et des et des... Tout d'un coup, parmi les messages, un auditeur exprime un point de vue (Appelons Jean Paul). Il explique :
Nicolas Sarkozy se dit "le Président de tous les Français". Or, je n'ai pas voté pour lui, donc j'aimerai qu'il dise maintenant qu'il est "le Président de tous les Français sauf Jean Paul".
Sur le coup, je n'ai rien pensé, rien dit. Et puis, la monotonie de l'autoroute aidant, j'ai commencé à penser à cette phrase... Etonnante en soi... Sous couvert d'humour, Jean Paul a exprimé ce que disent pas mal de personnes après chaque élection, surtout depuis celle de Sarko soit dit en passant.
La remarque de Jean Paul est intéressante à analyser... A partir du moment où la personne élue n'est pas celle que nous aurions aimé, elle devient illégitime à se revendiquer des résultats du vote. Cela voudrait dire que pour moi, mon maire n'est pas mon maire, mon conseiller général n'est pas mon conseiller général, mon député est mon député, mon sénateur n'est pas mon sénateur, mon président n'est pas mon président. Je n'aurais donc que mon député pour me représenter légitimement. Alors que toutes ces personnes, hors qualités, compétences et défauts, ont été élues légalement, sans contraintes, magouilles et "revolver sur la tempe des électeurs".
En réfutant donc le vote légal des élus pour lesquelles Jean Paul n'a pas voté, il ne reconnait donc pas non plus les décisions qu'ils prennent. Je ne dis pas qu'il n'est pas d'accord, mais bien qu'il ne les reconnait pas, et donc qu'il ne se sent donc pas à même de les suivre, car elles ne sont pas légitimes à ses yeux. Si elles ne sont pas légitimes, elles n'ont donc pas à être suivies. Ce qui absoud Jean Paul de toutes les nouvelles lois votées légalement par un parlement illégitime à ses yeux et promulgées par un président illégitime à ses yeux. Cela ne doit pas être simple quand même !
Eh bien non, à partir du moment où l'on choisit de rester dans une société, on en accepte ses règles. En France, nous avons la 5ième République comme constitution. Malgré tout, elle repose sur des piliers connus de la démocratie représentative, du parlementarisme et du bicamérisme... Ne pas reconnaitre Sarkozy comme Président de tous les Français serait ne pas reconnaitre le régime politique en place et donc la démocratie, puisque nous n'avons eu de dictature imposant ce régime là.
Et cela me fait penser à des situations que toute personne un tant soit peu investie dans le milieu associatif, politique, syndical ou autre a connu : celui du déni de réponse.
Ambiance : Une association possède un conseil d'administration. Ce CA prends une décision qui ne plait pas à une partie de ses effectifs adhérents. Légitimement, cette partie (Minoritaire ou majoritaire importe peu) déclare son opposition à cette décision en empruntant les voies classiques et connues (Et surtout statutaires) de la discussion : réunion, courrier, ... Le CA explique de nouveau sa position et les arguments de sa décision. "L'opposition" n'accepte pas cette décision et le montre en sortant sur la place publique la décision : "le conseil d'administration est pourri, regardez les décisions qu'il prend, il trahit les idéaux". Rupture du cadre démocratique.
Toute situation actuelle, passée ou future ne serait que pure invention de la part d'un méchant administrateur national associatif... :-(
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