Auguste Renoir [Public domain], via Wikimedia Commons
Enfin en décollage après la peur du crash ?
Les livres papier voient leur vente baisser régulièrement malgré la pléthore de nouvelles parutions.
Ceci expliquant peut-être cela, du moins en partie, puisque la quantité astronomiquement délirante des sorties déboussolent le lecteur qui ne sait plus où poser ses yeux…
A contrario, les livres numériques – qu’ils se lisent sur tablettes, liseuses, Smartphones ou ordinateurs – semblent prendre (enfin !!) leur envol même si le marché français demeure encore un peu timide face au marché anglo-saxon.
Annoncés comme l’avenir de la littérature depuis une bonne dizaine d’année, on ne peut pas dire que l’arrivée du Messie numérique a été suivie d’un engouement victorieux. Paix à l’âme pixellisée de plusieurs liseuses sacrifiées sur l’autel de l’optimisme mystico-informatique.
Depuis 2010, tous les acteurs de l’édition viennent au numérique. Timidement au départ puis plus franchement, l’expression « édition numérique » peut dorénavant être prononcée au grand jour sans risquer de se faire lapider par les quolibets de l’intelligentsia littéraire autoproclamée.
Faut-il y voir l’un des effets de la leçon retenue suite à la déliquescence de l’industrie musicale qui a trop tardé à prendre le virage numérique et s’est faite distancer par ses clients qui – eux- avaient bien anticipé la mutation de la consommation ?
Nous avons vu la bête agoniser devant nos yeux et avons observé, les yeux écarquillés, sa dépouille encore fumante…
Quoi qu’il en soit et devant un tel exemple de mort soudaine, mieux vaut accompagner l’évolution que la subir et savoir se doter d’armes pour jouer dans la cour des Apple ou Amazon qui –eux – ont déjà senti le vent tourner...
Il faut bien avouer que l’amélioration du matériel change la donne : l’encre numérique est aujourd’hui tellement performante qu’elle offre un réel confort visuel, rendant agréable la lecture sur une dalle.
Mais avoir un support qui tient ses promesses n’est que 30% de la réussite. Le nerf de la guerre, c’est le contenu, ce qui va alimenter la machine. Sans contenu, il ne peut y avoir de marché pérenne.
Il n’y a qu’à prendre exemple sur certaines consoles de jeu vidéo qui, bien qu’étant des bijoux de technologies et de performance, sont décédées prématurément faute d’une ludothèque digne de ce nom pour les exploiter…
Depuis la baisse des liseuses et surtout des tablettes, les éditeurs ont entrepris de numériser les ouvrages, offrant par-là, une réelle chance d’essor pour la lecture numérique. Des centaines de milliers d’ouvrages sont disponibles.
Mieux, les éditeurs assurent que 90% des nouveautés sont accessibles en version numérique, chiffre qui monte jusqu’à 100% en littérature générale.
Les prix sont en baisse constante, en matière d’édition numérique les coûts de fabrication, distribution et commercialisation sont bien moindre qu’en édition papier.
Les esprits chagrinés par l’idée de la dématérialisation de leurs compagnons de lecture ont toutes les raisons de se réjouir : le livre numérique pourrait bien, paradoxalement, permettre la survie du livre papier.
Songez un instant au retour triomphal du disque vinyle, enterré vivant par l’avènement du CD.
En 2013, il est le symbole de la résurrection, la Rolls vintage de la musique qui résiste à la chute de l’industrie musicale, celui qui fait fi de l’effondrement des ventes de CD. Au profit de format totalement dématérialisés !
Ne faut-il pas rechercher la coexistence de deux types de supports distincts avec une utilisation très différente ? D’un côté, l’objet de luxe, de collection, l’incarné en papier et de l’autre, le tout-venant, l’objet de consommation, le numérique qui se télécharge, qui se stocke, qui s’efface selon le gré du lecteur.
Si les mentalités changent doucement et si nous constatons la désacralisation du papier, sa disparition ne semble pas à craindre. Il y a une place pour les deux formats qui ont tout intérêt à jouer de leur complémentarité pour continuer d’exister.
Car, si le plaisir tactile et inégalable d’un livre papier n’est plus à démontrer, la praticité d’un support qui permet d’emporter une bibliothèque complète dans son sac de vacances ou pendant des déplacements au long cours illustre les utilisations très différentes des modes de lecture.
Au-delà des « pour » et des « contre », il est possible d’avoir une autre démarche permettant de tirer le meilleur de la diversité de l’offre disponible.
Au final, c’est bien l’acte de lire qui doit continuer et perdurer.