Microsoft - Yahoo! : Jerry Yang persiste et signe

Publié le 05 mai 2008 par Jean-Marie Le Ray

Dans un billet intitulé Ok, so now what? (du genre : Bon ! Et maintenant ?) (via Techcrunch), il tente de réaffirmer avec vigueur le bien-fondé de la stratégie de Yahoo!
En déclarant entre autres que Microsoft a sous-estimé la détermination des équipes et la culture d'entreprise incroyables de Yahoo! :
Those people underestimated the determination of Yahoo!’s incredible people, spirit and culture.
En insistant sur le formidable succès du trimestre à peine écoulé en termes de nouveaux produits-services-investissements (the most exciting quarters in our history in terms of delivering innovative products and services that really move the needle and make a difference for our users and customers), sur les excellents résultats financiers, sur la qualité de l'équipe (a fantastic team), etc.
Tout cela ayant renforcé la position du Conseil d'administration de Yahoo! sur le fait que l'offre de Microsoft sous-évaluait considérablement la valeur de l'entreprise :
All of this reinforced our board’s position that Microsoft’s offer undervalued our unique global franchise.
Or comme j'espère l'avoir montré dans mon précédent billet, l'offre de Microsoft était parfaitement en ligne avec ce qu'est réellement la valeur de Yahoo depuis 12 ans : globalement bien plus proche de la fourchette 20-30$ l'action que de 40-50$ !
Car si la valeur de Yahoo! était réellement supérieure à 40$ l'action, ça se saurait, depuis le temps. Alors qu'en fait elle était à son plus bas depuis 5 ans fin janvier 2008. Sans compter qu'en leur temps, les premières offres de Microsoft à ce prix-là (fourchette 40-45$), ont toutes été refusées par Yahoo!
So, what’s next?
Que va-t-il se passer maintenant ? Je ne crois pas que cela dépende uniquement de la volonté de Jerry Yang. Sauf à démontrer qu'il serait de la même trempe qu'un Steve Jobs...
Cela va dépendre des multiples réactions du marché, des actionnaires de Yahoo!, et notamment des grands actionnaires, des utilisateurs, des annonceurs, de la concurrence, etc.
Voire de partenariats qui ne sont pas à écarter, même si aucun à part Microsoft ne pourrait donner un effet de taille suffisant à Yahoo! pour concurrencer Google.
Quant à poursuivre un partenariat sur la pub avec Google, cela signifierait que Yahoo! renonce définitivement à faire jeu égal avec Mountain View. Autrement dit, un aveu d'impuissance. Le même aveu d'impuissance que celui de Microsoft qui déclare par la voix de Ballmer : notre stratégie est bonne, pas notre positionnement (We like our strategy. We don't like our position.)...
Or Microsoft numéro deux, c'est pas demain la veille. Même s'il l'est déjà un peu...
Donc la bataille qui se joue n'a qu'un seul but : réussir à concurrencer Google sur l'échiquier mondial du Web. Ballmer ne cesse de le répéter : it's a matter of scale !
Le vrai problème c'est d'atteindre la taille critique pour espérer rattraper Google, qui continue imperturbablement de conforter son avance, et ce n'est pas avec ce qui vient de se passer au cours des trois derniers mois que cela va changer...
Ballmer lui-même dresse la liste des seuls acteurs mondiaux à l'heure actuelle : MySpace, Facebook, MSN, Yahoo, Google, Baidu, AOL.
Ajoutons-y eBay et Amazon, voire Oracle, Apple, Intel, IBM, HP, Sun, Cisco, etc., mais qui parmi tous ces noms peut espérer inquiéter Google ?
Personne ! Or le fait que Google continue d'asseoir insolemment sa suprématie va désormais au-delà du Web, y compris en nouant des partenariats, avec IBM dans ce cas, et veuille maintenant investir la pub à la télévision, mais aussi la presse et la radio, de façon parfaitement cohérente avec sa stratégie de long terme, tout cela démontre clairement où le trio Page-Brin-Schmidt veut arriver : contrôler la recherche et la pub au niveau mondial, sur tous les supports humainement imaginables.
Que l'on me dise qui, aujourd'hui, hormis une alliance Microsoft-Yahoo!, serait en mesure de se mettre en compétition contre Google avec quelque chance de succès ?
Personne ! Sauf en Chine, à la rigueur, mais uniquement sur le marché chinois et en aucun cas hors des frontières de l'empire...
Donc personnellement, tout ce que je vois dans les propos de Jerry Yang, c'est la suffisance de quelqu'un qui prétend parler au nom de toutes les parties prenantes de Yahoo! alors qu'en réalité il ne parle qu'en son nom propre. Et éventuellement au nom de David Filo et de quelques autres triés sur le volet.
So, what’s next?
Nous n'allons pas tarder à le savoir...