9 mois ferme - Critique

Par Nopopcorn @TeamNoPopCorn

Dupontel le globophage !

Après le très décevant « Le vilain », Dupontel signe une nouvelle comédie à la fois sociale et humaniste où il donne la réplique Sandrine Kiberlain. Avec ce nouvel opus, le cinéaste retrouve-t-il le génie de ses premiers films ?
Le(s) plus

C'est l'histoire d'une relation improbable entre la juge Ariane Felder (Sandrine Kiberlain) et un homme jugé pour meurtre : Bob Nolan (Albert Dupontel) qui va se révéler être le père de son enfant. Après une (trop) longue introduction des personnages, vient le moment de la rencontre qui tourne vite à la séquestration du personnage du juge afin qu'elle s'occupe de son dossier. On va donc passer beaucoup de temps dans cet appartement qui sera ponctué par de nombreuses scènes/sketchs aussi trash qu'hilarantes avant la dernière partie du film : la séquence du jugement.

« 9 mois ferme » nous propose un duo en or : Sandrine Kiberlain est tout simplement parfaite avec un jeu qui mélange avec justesse comique et émotion (la scène de jugement de l'enfant qu'elle porte), probablement la scène la plus forte du film comme l'a souligné Dupontel pendant la master class.
Face à elle, aussi doué derrière que devant la caméra, le généralissime et excentrique Albert Dupontel joue à nouveau à merveille un marginal confronté au monde réel, ici un cambrioleur globophage !

Les amateurs de Dupontel retrouveront avec plaisir, les seconds rôles habituels : Nicolas Marié en avocat bégayant, Bouli Lanners en agent de surveillance ainsi que des caméos de Jean Dujardin et de Terry Gilliam aussi réussis que surprenants.

A noter que les SFX gores sont très réussis notamment avec des scènes de démembrement et d'autopsie dans un style grand-guignolesque qu'affectionne particulièrement le cinéaste.

Le(s) moins

C'est une rencontre entre deux personnages radicalement différents, c'est l'enjeu principal du film, on peut donc regretter que dans sa première partie, le duo mette du temps à se rencontrer.

Comme à son habitude, Dupontel joue avec les genres (social, burlesque) et les tons mais ici de manière assez inégale. Contrairement à ses précédents films (« Enfermés dehors ») où il y avait un vrai équilibre entre récit social et mise en scène burlesque, le scénario est ici ponctué par des séquences/sketchs (la mort du proprio racontée de différentes façons) qui cassent la linéarité du récit.

Conclusion

Même si on est loin du génie de ses premiers films, Dupontel arrive à injecter un vrai humanisme dans cette satire sociale portée par des personnages complètement excentriques !

Ma note : 6.5/10


9 mois ferme

Réalisé par: Albert Dupontel.
Avec: Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié.
Genre: Comédie.
Nationalité: Français.
Distributeur: Wild Bunch Distribution.
Durée: 1h22min.
Date de sortie: 16 octobre 2013.

Synopsis : "Ariane Felder est enceinte ! C'est d'autant plus surprenant que c'est une jeune juge aux mœurs strictes et une célibataire endurcie. Mais ce qui est encore plus surprenant, c'est que d'après les tests de paternité, le père de l'enfant n'est autre que Bob, un criminel poursuivi pour une atroce agression ! Ariane, qui ne se souvient de rien, tente alors de comprendre ce qui a bien pu se passer et ce qui l'attend..."

  • Bande annonce

  • Les Anecdotes !


    C'est après avoir vu le documentaire 10e chambre - Instants d'audience (2003) de Raymond Depardon qu'Albert Dupontel a eu l'idée de 9 mois ferme. Le film documentaire l'a beaucoup aidé pour l'écriture de son scénario, comme il le raconte : "J'ai pris beaucoup de notes, des morceaux de dialogues, des résumés du système judiciaire, un mélange d'envies et de possibilités que je me suis efforcé de mettre bout à bout."

    La juge qui préside le procès dans 9 mois ferme n'est autre que Michelle Bernard-Requin, véritable juge dans la vie et qui est l'héroïne du documentaire 10e chambre - Instants d'audiences (2003) qui a inspiré le film. Elle a également été d'une grande aide pour Albert Dupontel en le conseillant sur les incohérences de son scénario sur la réelle procédure juridique.

    L'équipe de 9 mois ferme a eu l'opportunité de tourner dans un lieu très difficile d'accès : le Palais de Justice de Paris. Le réalisateur Albert Dupontel évoque ses souvenirs de tournage : "Ce décor est unique au monde. Aucun Palais de Justice n'existe dans un lieu aussi ancien et prestigieux. Le paradoxe réside entre la beauté des lieux et les tragédies qui s'y déroulent au quotidien..."

    Albert Dupontel dirige une nouvelle fois le réalisateur Terry Gilliam dans 9 mois ferme. Le metteur en scène, véritable inspiration de Dupontel, était déjà apparu dans Enfermés Dehors (2005). Ici, Gilliam incarne le personnage de Charles Meatson alias "Famous man-eater", un cannibale emprisonné. Dupontel pousse l'admiration encore plus loin, puisque l'une des affiches de son film est clairement un hommage à celle de Brazil (1985) de Terry Gilliam.

    A l'origine, Sandrine Kiberlain n'aurait pas dû être le personnage de la juge Ariane dans 9 mois ferme. En effet, Albert Dupontel cherchait un autre "physique" pour le rôle : "Au départ je cherchais une petite brune agressive, pas une grande blonde tendre... J'étais sur le point de laisser tomber le projet - en mai 2012 exactement - quand (...) on a fait des essais avec elle."

    De nombreux guests apparaissent dans 9 mois ferme pour de petits rôles "caméo". Alors que Yolande Moreau interprète la mère du personnage d'Albert Dupontel, nous retrouvons derrière les barreaux avec le metteur en scène/comédien les réalisateurs Gaspar Noé et Jan Kounen. Une situation que Dupontel qualifie de "cohérente" compte-tenu de leurs univers cinématographiques respectifs.

    La chanteuse Camille interprète une chanson composée par ses soins et qui porte le titre du film, 9 mois ferme. Ce n'est pas la première fois qu'elle écrit pour le cinéma puisqu'elle avait composé et chanté la chanson phare du film d'animation Ratatouille (2007). Elle avait également composé la musique du film Le Voyage du ballon rouge (2006). Plus récemment, elle a incarné un rôle important dans Elle s'en va porté par Catherine Deneuve.

    9 mois ferme fait partie de la sélection officielle de l'Etrange Festival 2013 à Paris qui a d'ailleurs accordé carte blanche à son réalisateur Albert Dupontel, qui y a présenté son film en personne et en avant-première.

    Si, avec 9 mois ferme, c'est la première fois que le réalisateur Albert Dupontel dirige Sandrine Kiberlain, ils avaient tous deux joué ensemble dans le film Un héros très discret (1996) de Jacques Audiard aux côtés de Mathieu Kassovitz et Anouk Grinberg.

    De nombreux comédiens récurrents au cinéma d'Albert Dupontel se retrouvent dans 9 mois ferme après avoir joué tous ensemble dans les autres films du réalisateurs, Enfermés Dehors (2005) et Le Vilain (2008) : Bouli Lanners et Philippe Duquesne. Ils sont deux à avoir joué dans l'ensemble de la filmographie du metteur en scène (Bernie (1996) et Le Créateur (1999) en plus) : Philippe Uchan et Nicolas Marié.

    Le réalisateur Albert Dupontel a voulu se lancer dans la production du film 9 mois ferme en anglais sous les conseils de son mentor, le réalisateur Terry Gilliam qui lui a dit "un échec en anglais sera toujours plus diffusé qu'une réussite en anglais". Dupontel a alors commencé à travailler avec l'actrice Emma Thompson sur le scénario et avait même pensé à Ewan McGregor pour incarner le rôle du multi-récidiviste. Le projet n'a pas abouti car le metteur en scène ne s'est pas senti aussi libre qu'en France, notamment au niveau du montage final.

Et vous qu'avez-vous pensé du film 9 mois ferme ?

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