A force de passer de peu à côté, cela a fini par arriver : le Front National l'a emporté dans une élection à deux tours. Certes, il s'agissait d'une élection partielle, mais elle intervient après une série d'autres qui ont toutes vues le Front National augmenter de façon notable son score. C'est d'autant plus inquiètant que cela s'accompagne, à droite comme au PS d'une reprise systèmatique des thèmatiques du parti de Marine Le Pen. Ainsi, les Roms, l'insécurité, l'immigration occupent tous les discours au détriment de la crise, de la financiarisation de l'économie ou de la casse systèmatique des acquis sociaux qui sont pourtant les vrais maux de la société.
Voila donc à quoi sert le Front National, détourner l'opinion des vraies questions pour pouvoir continuer tranquillement une politique qui nous mène droit dans le mur mais qui permet surtout à certains de s'enrichir beaucoup. Ainsi, sondage après sondage, élection partielle après élection partielle, la montée du Front National est mise en exergue. Le but de la manoeuvre est clair, il s'agit de faire peur et d'ancrer le parti frontiste durablement à un haut niveau afin que les politiques libérales du PS comme de l'UMP puissent perdurer le plus longtemps possible. Il s'agit d'empêcher que naisse un véritable front de refus du capitalisme et du libéralisme.
Le vrai évènement à l'élection de 2012 a été le score de Jean-Luc Mélenchon qui a prouvé que la résurgence de cette force était possible. Il faut voir comment ce résultat a été constamment minimisé, il faut voir comment les médias dominants maltraitent le leader du parti de gauche et ignorent les autres dirigeants des partis qui composent le Front de Gauche, pour comprendre que l'opposition qui dérange le système se situe sur ce bord politique là.
L'élection de Brignoles n'est cependant pas à prendre à la légère. Elle est symptomatique de fractures profondes dans notre société en plus d'un rejet immense de la classe politique et des élites. Le FN vient donc de démontrer qu'il peut avoir des élus, nous en aurons malheureusement la probable confirmation en mars aux municipales. Cela veut dire que localement, la situation des plus fragiles, des plus faibles va s'aggraver profondément, mais cela ne signifie en rien que l'extrême-droite est aux portes du pouvoir. C'est le fantasme de Mme Le Pen, laissons le lui.
Avec l'élection d'un conseiller général à Brignoles, il y en a désormais 2 sur toute la France, sur plus de 4 000 dans tout le pays. On est donc loin d'un raz de marée. De même, si progression réelle il y a du vote Front National, il convient de regarder la vérité en face. Que ce soit à Beauvais, Villeneuve sur Lot, ou Brignoles, cette augmentation est de 4 à 5 points en moyenne. C'est beaucoup, mais loin d'être suffisant pour nous faire croire que la majrité des Français sont en train de succomber aux sirènes frontistes. C'est pourtant ce que l'on pourrait être enclin à croire en écoutant les discours politiques où les analyses des médiacrates. Rappelons aussi que la victoire du FN de ce dimanche se fait dans un canton qui a déjà été remporté par ce parti en 2011. Elle se fait aussi dans un contexte de forte abstention, surtout au premier tour.
Ce qui ressort donc de tous ses scrutins partiels locaux, plus que la montée en puissance du FN, c'est la faiblesse des autres partis de gouvernement. Le score qui inquiète avant tout, c'est celui de l'abstention, en constante augmentation qui cristallise le rejet des partis de pouvoir et surtout de la politique qu'il mène. C'est donc la nécessité d'une alternative politique qui apparait, alternative que ne peut être le FN. C'est là que la construction du Front de gauche est une necéssité et que la décision du PCF de s'allier au PS en mars dans certaines communes est désastreuse pour cette force politique, et renforce les positions du FN.