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Paris n'existe pas, un film avec Gainsbourg réapparaît

Publié le 14 octobre 2013 par Podcastjournal @Podcast_Journal
PLAN DU SITE feeds/ Comme toute œuvre majeure "Paris n’existe pas" peut s’apprécier à différents niveaux de lectures: pour Gainsbourg, ses costumes de dandy, ses aphorismes et sa B.O époustouflante qu’il compose avec Jean-Claude Vannier, pour le charme de Danièle Gaubert, comme pour la performance de Richard Deluc. Il peut aussi s'apprécier pour ses références pop, son spleen existentiel, hypnotique.

On peut également être sensible à la critique du militantisme philosophique qu'il véhicule. Mais aussi aux réflexions qu'il stimule sur le temps, la difficulté de créer pour l’artiste, le marché de l’art ou la passion amoureuse. Et encore mille éléments, tel un délicieux mille feuilles surréaliste. Robert Benayoun, tout comme les ténors de la nouvelle vague de Godard à Truffaut, était un érudit doublé d’un cinéphile qui savait s’inspirer à des sources fertiles sans jamais plagier ses références.

Il y a, dans "Paris n'existe pas", du réalisme magique à la Delvaux (le cinéaste belge), des références à la dérive psychogéographique chère à Guy Debord et un travail sur le son digne de "l’enfer" (le film "maudit" de Clouzot récemment redécouvert). Simon, le personnage principal du film, à la fois produit de son époque et en bute à celle-ci, le proclame lui même dans le film: "Paris n’existe pas. Nous existons. Paris c’est un mensonge qui change". Qui n’a pas connu un sentiment de trouble face à la réalité? Tout comme Philip K. Dick ("Blade Runner", "Minority report") qui, toute sa vie, questionna le réel et la nature du temps qu’il ne concevait pas comme une ligne droite mais sous la forme d’un cercle. Alors Benayoun sème le trouble dans nos esprits et nous fait voyager sans bouger de nos fauteuils.

La portée métaphysique et poétique de ce film, mise en valeur par les audaces formelles du réalisateur, parle peut être même davantage au spectateur de 2013 abreuvé de stimuli sensoriels qu’à celui des années 60. Fabrice du Welz, un réalisateur contemporain venu de Belgique ("Colt 45" avec Joey Star et Gérard Lanvin, "Alleluia" avec Helena Noguerra) et désormais réclamé par Hollywood s’inscrit dans le sillage ouvert par Benayoun. Quand le cinéaste d’outre Quiévrain affirme: "En règle générale, je chéris au cinéma toute forme d’altérité de la réalité. Cela ne m’intéresse pas de voir ce qui se passe chez mon voisin du dessus…", l’on pourrait croire qu’il parle de "Paris n’existe pas".

"Paris n’existe pas" est un film au sein duquel se télescopent, passé, présent et futur et qu’il convient d’apprécier ici et maintenant. Suivez mon conseil, vous ne regretterez pas!
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