Quitter la prépa, c'est vivre. Je sais que je ne cesse de faire des parallèles entre la prépa et la fac, mais ce sont mes deux outils de référence. Honnêtement, je ne crache ni sur l'un ni sur l'autre. Je dirais qu'en fac, j'ai autant de boulot qu'en prépa. Cependant, j'ai beaucoup moins d'heures de cours, je suis donc plus disponible et je suis surtout moins fatigué. C'est un sentiment étrange que d'être en cours et de pouvoir suivre correctement le cours sans pour autant être fatigué. En prépa, on est toujours sujet de la fatigue. Alors que là, je suis les cours et si je suis fatigué, c'est parce que je me suis couché tard. Je peux ne pas travailler certains jours ou, du moins, passer un après-midi à me promener de théâtre en théâtre pour prendre mes places à venir.
Voilà qui est posé. J'ai du temps et je le mets à profit. Mes journées du mercredi et du jeudi - comme je n'ai aucun cours ces jours-là - sont consacrés au travail en bibliothèque. Le site de Lyon est plutôt bien fourni en bibliothèque et c'est un réel plaisir d'être dans celles-ci. En soi, la BU de Lyon est assez bruyante avec le passage, les gens qui parlent, etc. Mais cela fait plaisir. Jeudi prochain, je reste à la bibliothèque de la MOM. Pour les Lyonnais, peut-être cela peut vous intéresser. A l'origine, la MOM est un institut de rechercher sur le Mon oriental et méditerranéen. Mais ils ont une bibliothèque ouverte à tous, les emprunts se font selon certaines conditions, et surtout très silencieuse dans la mesure où il y a les deux BU juste à côté où se massent les étudiants. Si vous avez des recherches à faire sur des espaces de langue arabe, sur la période antique, etc, n'hésitez pas à y aller. C'est un puits, que dis-je, une mine ! Je n'ai pas encore eu l'occasion de m'attacher à la bibliothèque de l'ENS mais je compte bien y aller prochainement. Le temps est vraiment ce qui me plaît. J'ai pu ces dernières semaines me prévoir des sorties à l'opéra, étalées sur l'ensemble de l'année, et des sorties théâtres. C'est agréable de pouvoir se dire : enfin ! Je mets à profit tout le temps que j'ai pour la culture. J'aime.
En fac cependant, le problème est aussi l'hétérogénéité des élèves. Je ne dis pas que tous sont nuls, au contraire, j'ai trouvé des pépites qui m'apportent beaucoup en terme de connaissances. Ne le cachons cependant pas, il y a de vrais boloss. De jeunes étudiants qui croient avoir la parole messianique - et qui en profite - ou encore des gens plutôt suspects qui posent une question au quart d'heure. C'est éreintant, surtout en CM où, en théorie, le cours est professé de façon magistrale. En soi, une classe - je parle en terme de classe parce que pour Lyon 2, on est surtout en petits groupes et peu en grand amphi - est très hétérogène. Ce qui ressort également, c'est la présence, en nombre, d'étudiants sortant de prépa. Il est normal qu'on soit nombreux en L3 mais à ce point, j'ai été choqué. Après je ne devrais normalement pas être surpris par cela - très peu ont des écoles - mais cela me laisse pantois.
Sur le plan des cours en eux-mêmes, ce que j'apprécie c'est la diversité des thèmes sur la spécialité d'histoire. Mon cours de moderne sur les échanges au XVIIIe est parfois un peu long, mais je l'aime. Aujourd'hui nous sommes allés au musée des Beaux-Arts pour décloisonner l'Art et l'Histoire. Mon cours sur l'islam est juste magnifiquement intéressant même s'il est très demandeur en notions. C'est le jeu dirons-nous. Le cours de géo me rassure quant à mon choix de garder de la géographie dans mon cursus. Et le cours que j'ai sur les genres... miaou graou comme je dis souvent pour exprimer mon contentement. Niveau boulot, c'est du personnel essentiellement. Aucun prof ne viendra vérifier si telle chose a bel et bien été faite. Cependant, les TDs demandent pas mal de boulot. Cela dépend des profs pour ce dernier point puisque d'autres, en histoire bien entendu, ont moins de boulot. J'ai un exposé pour début novembre sur un commentaire de texte de l'Encyclopédie, "L'Orient" pour la moderne. J'ai un exposé sur "Représentation sexuée des métiers au prisme de l'orientation professionnelle des filles et des garçons en France au XXe siècle". C'est passionnant. Un dernier exposé pour début novembre également me pose pour le moment souci dans la mesure où je dois faire une biographie problématisée d'un penseur moderne arabe. Ce dernier a beaucoup réfléchi sur l'islam et sur la culture islamique. C'est faisable mais l'exercice en lui-même m'a paru surprenant.
Je crois que c'est là le point difficile d'adaptation entre la prépa et la fac. En prépa, on est habitué à faire des dissertations, des commentaires de texte et autres exercices canoniques, en 6h souvent. En fac, c'est 3/4h pour les dissertations et commentaires de textes, en histoire. Et pour les exposés cela va du commentaire de texte à la critique d'article. Le panel est large et souvent ce sont des exercices que l'on a pas fait en prépa. Mais bon, il suffit de s'adapter et tout va mieux. J'apprécie cette ambiance même s'il m'arrive de regretter l'émulation forte de la prépa. Il n'y a plus de groupe soudé vers un seul et même objectif, certes, mais il y a quand même des gens qui méritent d'être connus. Sur ces belles paroles, je me dirige vers mes cours. De 16h à 18h, j'ai cours sur la religion chrétienne. Des bisous à vous. Je sais que pour ceux qui sont en post-prépa cela n'est pas toujours évident de s'adapter - je pense notamment aux anciens cubes. Mes pensées vous accompagnent. Et courage aux autres.