Prendre un enfant par la main
Singapour 1997, la crise sévit très durement dans toute la région. Jiale, enfant de 10/11 ans, fait vivre un enfer à se parents. Insolent, indomptable, terreur à l’école ; les parents débordés par leur emploi et la peur de le perdre (les licenciements pleuvent) décident d’embaucher une jeune femme philippines pour s’occuper de lui. Eux ne roulent pas sur l’or, dans leur petit appartement, ils vont accueillir cette migrante dans une situation encore plus inconfortable que la leur. Teresa, malgré ses problèmes personnels, va parvenir à tisser des liens avec cette petite terreur.Caméra d’Or 2013 à Cannes, ce premier film du singapourien de 29 ans Anthony Chen est une belle réussite dans la fluidité de la mise en scène, un film très délicat. Ce jeune réalisateur a mis de sa propre histoire dans ce film, en 1997 il a presque l’âge de Jiale et sa nounou philippine est originaire de l’île de « Ilo Ilo ». Peu de choses sont dites, tout est suggéré par les gestes et les regards. C’est ainsi que l’on voie la jeune Teresa supplantée la mère de Jiale et apprivoiser le jeune enfant terrible par petites attentions et gestes simples d’affection. Il met aussi en parallèle la crise sociale et familiale, mais les deux ont beaucoup de difficulté à se renvoyer un écho ; peu de lien entre les deux. Aussi, la dérive de ce jeune garçon est difficilement explicable (crise ou pas) ; tout comme le fait qu’un garçon de 11 ans se fasse faire sa toilette par un adulte… Troublant de décalage avec la réalité. Le tout donne un film sensible, charmant et bienveillant ne sombrant jamais dans le pathos facile mais trop peu novateur.Nicolas Thys dans Ecran Large résume ma vision de ce premier film : « La Caméra d’or de Cannes 2013 est un bon film, mais un film comme on en voit cent autres par an. Un film qu’on risque d’oublier sitôt vu même s’il ne manque pas d’intérêt »Pas indispensable car respire trop le déjà vu.
Sorti en 2013