Présentation : Philippe Geluck ne respecte décidément rien. Son 18è album se prend carrément pour l’Ancien Testament. Et pour réaliser cette fresque fondatrice, le dessinateur s’est adjoint les services d’un co-scénariste célèbre : Dieu en personne.La Bible selon le Chat répond à toutes les questions que se posent les humains depuis la nuit des temps. Fini le doute, voici la lumière. Avec cet album, la communauté des hommes va enfin comprendre pourquoi il était vain de s’entre-massacrer depuis tant d’années.
Mon avis : Alléluia ! « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer » a écrit Voltaire. Alors, comme Dieu n’existe pas, Geluck a décidé de l’inventer. Il a créé le Créateur. A dessins. Et sans complexe. Evidemment, quitte à se la péter, autant y aller à fond : Geluck a créé Dieu à Son image. C'est-à-dire celle du Chat.Cela fait plus de vingt ans que je suis un inconditionnel de Philippe Geluck ; de l’homme, de son esprit, de son humour, et de son personnage. J’ai toujours apprécié ses albums, ses dessins dans VSD, ses interventions à la télévision et à la radio. Je le tiens pour un des hommes les plus fins de ces trente dernières années. Et, en plus, j’adore son côté iconoclaste. Bref ; je suis un fan absolu.
Vous comprendrez donc combien je suis marri à l’idée de reconnaître que je n’ai pas du tout aimé ce dix-huitième opus. Dieu sait à quel point je me réjouissais à l’annonce du thème de ce nouvel ouvrage. Hélas, à Dieu ne plaise, la lecture de ce diptyque m’a rarement fait sourire.En effet, dans ce cas précis, la Bible ne fait pas le (Chat)moine, même si Geluck en a la tonsure, et le ton sûr. En dépit des meilleures dispositions et de ma plus grande indulgence, j’ai rarement retrouvé le Geluck qui me ravit par ses trouvailles. Paradoxalement, ce presque sexagénaire – et ceci n’engage que moi – s’est laissé aller à une erreur de Genèse.
La Bible selon le Chat, en deux volumes, est pour moi un aimable fourre-tout, totalement disparate, qui souffre d’un terrible manque de rigueur. Ça débute pourtant bien, mais dès que la lumière fut, ça se gâte. Le problème, c’est qu’on n’en est qu’à la page 7 ! Après, c’est du grand n’importe quoi. Le ciel m’est tombé sur la tête. Hormis le personnage du mouton qui trouve grâce à mes yeux, le bestiaire saugrenu qui défile au fil des pages, ne m’a pas arraché un sourire. De même ; je me suis demandé ce que la Mort venait faire là (la Faucheuse de Brassens est bien plus bandante).Même sensation de gêne à la lecture des textes d’habitude si subtils. Ça tourne en rond, ça ne décolle jamais et, pour la première fois, j’ai trouvé que Geluck se laissait aller à une certaine vulgarité potache et à quelques jeux de mots faciles.
Je le dis sincèrement, j’ai de la peine. Ma déception est proportionnelle à mon immense attente. Comment, avec un tel sujet, Philippe Geluck a-t-il pu se planter ainsi ? Peut-être que, à l’instar de son Héros, il a réalisé ses deux livres en six jours ? Quand on fait les Six Jours, il faut drôlement pédaler !Maintenant, je n’ai qu’une hâte : que grâce à son dix-neuvième album il me permette de retrouver le paradis geluckien.