Les fantômes du vieux bourg de Efix et Jean-Pierre Levaray (Bande dessinée sociale, 2008)

Dans ce deuxième tome de la série « Putain d’usine », Jean-Pierre Levaray décrit la vie autour de l’usine chimique qu’il décrivait dans le premier opus.
La petite bourgade de la région rouennaise s’est transformée au fil des années. Autour de l’usine, la plupart des commerçants ont déserté. Un nouveau bourg gentrifié s’est construit. Dans l'ancien, il ne reste que les plus démunis, ceux qui n’ont pas les moyens de s’en aller.
Ce nouveau tome raconte des petites tranches de vie de ce monde ouvrier faites de solidarité, de combats et de résilience contre la paupérisation et les humiliations quotidiennes : du petit-vieux avec son cadi rempli de ferraille sur le bord de la route à Madeleine qui ne veut pas céder sa maison à l’usine, en passant par Jeannot qui à choper le cancer, Manuel l’immigré portugais qui ne s’est jamais senti chez lui, Driss qui n’a pas pu profiter de sa retraite, car son travail au noir n’a pas été pris en compte, Dominique l’anarchiste qui tag les murs blancs du commissariat la nuit. Abdelkrim qui s’est noyé dans la paperasse administrative pour obtenir son statut de réfugié, etc.
Ces histoires sont une adaptation du recueil de Levaray « A quelque pas de l’usine ». Il connaît bien le monde ouvrier, puisqu’il travaille toujours dans l’usine chimique où il est délégué syndical. Malgré quelques tracts qui apparaissent sur certaines vignettes, son activité syndicale ne transparaît pas dans ces récits.
Toujours avec la complicité du dessinateur Efix, ce nouvel opus montre que la classe ouvrière existe toujours.