Deux orphelins, Zach et Archer arrivent à bord dans la colonie « 16″, surnommée « fort Apache », en pleine zone de danger…
Scénario de Benjamin Von Eckartsberg Dessin de Thomas Von Kummant Public conseillé : Adultes, adolescents
Style : Aventure fantastique Paru chez Paquet, le 25 septembre 2013
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L’histoire
Dans un futur proche, quelque part en Europe…
Deux orphelins, Zach (16 ans) et Archer (19 ans) Goodwoody arrivent à bord d’un train blindé, dans la colonie « 16″, surnommée « fort Apache ». Cueillis à leur arrivée par Gagster, l’officier municipal qui tente de réquisitionner leurs motos, ils sont pris en charge par Ava Kingsten, le chef de la communauté. Chassés de la ville pour leur esprit rebelle et des actes de vandalisme, les deux frères sont à leur destination finale : une colonie en pleine « zone dangereuse », où ils vont devoir faire leurs preuves et s’adapter aux règles très strictes édictées pour la survie du groupe…
Quelle claque !
Benjamin Von Eckartsberg et Thomas Von Kummant, les deux auteurs révélés chez l’éditeur Paquet sur la série « La chronique des immortels », reviennent avec un récit post-apocalyptique, moderne et humain.
Avec ce premier des cinq tomes annoncés de la série, Hung Ho (T1), « Brebis galeuses » s’annonce comme le choc graphique du mois ! Benjamin et Thomas y mettent en place un univers fermé, auto-centré et angoissant, entre fort militaire (pour ces règles rigides et le danger omniprésent) et stalag (pour sa vie communautaire).
Subtilement, par petites touches, ils nous initient à cet univers quasi carcéral avec l’arrivée de Zach et Archer, deux frères aux caractères opposés, qui nous servent de laisser-passer.
Scène après scène (répartition des vivres et des habits, enseignement, entraînement militaire) ils nous font découvrir toutes les subtilités de cet univers complexe et les luttes de pouvoir de ses protagonistes.
Le petit nouveau qui cherche à faire sa place, le responsable qui abuse de son pouvoir, ou la responsable qui prône justice et fermeté, ils brossent des portraits forts et crédibles, d’une mini-société qui a tous les défauts d’une grande.
Dans cet univers, la colonie (le lieu physique) tient un rôle à part entière. Avec le travail préparatoire de fourmis qu’ont menés les auteurs (un vrai plan détaillé par exemple) la colonie devient un personnage central du récit et permet de typer chaque lieu par une ambiance particulière, ainsi que d’éviter toute erreur chronologique ou géographique.
Ambiance, ambiance…
Dans « Brebis Galeuses », comme dans « Fort Apache » (le film de John Houston de 1948 qui sert de surnom à la colonie), il plane une tension palpable de danger immédiat. Cette crise perpétuelle, quasiment invisible, mais bien présente, conditionne toutes les actions et les comportements de leurs personnages.
Cette tension perpétuelle fait toute la force et la particularité de ce premier tome. En laissant planer le danger sans jamais le montrer, ils ont tout compris au principe du genre (l’attaque du fort) et le mettent en scène avec brio !
Le dessin
Avant d’apprécier l’histoire de « Brebis galeuses », c’est le dessin de Thomas Von Kummant qui m’avait conquis. Son traitement, qui me fait irrésistiblement penser aux meilleurs mangas animés est un ovni graphique dans la production « franco-belge ».
Le dessin de Thomas, sans traits, ni encrage, est caractérisé par un rendu de textures fines et des effets de lumières réalistes. Si la technique se rapproche du cinéma d’animation, Thomas y apporte un niveau de détail impressionnant !
Son découpage en grandes cases aux plans variés (panoramique comme plans serrés) est composé dans une mise en scène très cinématographique.
Ajouter un lisibilité impeccable et une immersivitée maximale et vous obtenez une bombe graphique à l’univers contemporain et percutant.
Pour résumer
Benjamin Von Eckartsberg et Thomas Von Kummant nous plongent dans un nouveau projet à l’antithèse de « La chronique des immortels ». Comme dans un long film d’animation, suivez les deux frères (Zach et Archer) dans un monde quasi carcéral, dur et dangereux. Pendant 84 planches immersives et impressionnantes, ils nous immergent dans le quotidien d’une petite communauté de survivants, en perpétuel état d’alerte. De quoi se mette en apnée en attendant la suite de cette époustouflante mise en place.