• Le Guardian de son côté est attaqué par le gouvernement britannique et… la presse tabloïd. L’occasion de réfléchir sur la réalité du 4e pouvoir aujourd’hui.
• On l’avait presque oublié à force de parler de journalisme vidéo, de journalisme de données ou de journalisme multimédia, mais le texte nu possède une force singulière. La publication récente par Le Monde du témoignage d’une magistrate racontant l’exécution d’un condamné à mort, la dernière qui ait eu lieu en France, donne l’occasion de relire Une pendaison de George Orwell.
• Aux États-Unis, des éditeurs de magazines proposent des formules innovantes de paywall. Des expérimentations auxquelles, il faut laisser le temps de se développer.
C’est la semaine du 7 au 12 octobre 2013.
Le sommaire de la semaine
- The Young Turks, une chaîne d’infos à 250.000 dollars
- Le pouvoir sans responsabilité: le bras de fer entre le Guardian et l’État britannique
- Contre la peine de mort, la puissance des mots
- De nouvelles formules de paywall expérimentées par les magazines américains
1. The Young Turks, une chaîne d’infos à 250.000 dollars
La somme est ridicule, à l’échelle de la télévision s’entend : 250.000 dollars [184.000 euros]. Il s’agit d’équiper un studio télé. Ce n’est qu’une partie d’un projet plus ambitieux. Il illustre aussi le poids croissant qu’occupe les plateformes de partage de type YouTube ou Dailymotion dans le paysage de la télévision.
Pour l’instant, The Young Turks est un programme diffusé en live deux heures par semaine sur YouTube. Il consiste essentiellement en talks shows animés par un journaliste américano-turc, âgé de 43 ans, Cenk Uygur, et par son équipe. Le ton enflammé et le discours libéral plaît à un public jeune; en tout cas, il tranche avec le ton compassé affichés sur les grandes chaînes.
Tout a commencé par une émission radio diffusée sur le satellite Sirius, et qui a été déclinée en une version vidéo. Elle sera brièvement hébergée par la chaîne MSNBC, puis par Current, la télévision expérimentale lancée par Al Gore. Cette dernière étant rachetée par al-Jazeira, cela mettra fin à la diffusion de The Young Turks. Le ton engagé de l’émission -et qui fait son succès- ne correspondait à la nouvelle orientation « neutre » que voulait donner les Quataris à la chaîne.
Cenk Uygur va se replier sur le site web, qui a lancé en parallèle, TYTNetwork [pour The Young Turks, notre homme a de la suite dans les idées !] et sur lequel il a multiplié les talks shows au ton décontracté et positionné à gauche [d'un point de vue américain, libéral serait plus juste]. Le site générerait aujourd’hui trois millions de dollars de chiffre d’affaires et son dirigeant fait feu de tout bois pour diffuser les émissions qu’il produit sur le plus de plateformes possibles: à travers des applications pour iOS ou Androïd, en recherchant des accords avec des services comme Hulu ou encore avec des chaînes plus classiques. Un œcuménisme qu’il explique ainsi au Los Angeles Times:
[Aujourd'hui, nous sommes sur] un océan illimité et vous devez construire autant de canots de sauvetage que vous le pouvez.
Le succès est au rendez-vous puisque sur YouTube, TYT fait partie du club -très informel et restreint- des million-billion, ces chaînes qui ont accumulé un million d’abonnés et plus d’un milliard de vues. Cenk Uygur a calculé que son programme faisait environ 1,2 millions de vues par jour !
Pour l’instant, la réussite financière n’est pas encore au rendez-vous, bien que TYT fasse partie d’un programme spécifique de YouTube de soutien à un nombre limité de programmes premium [le succès de ce programme destiné à concurrencer les chaînes télé classiques ne semble pas au rendez-vous, voir ici]. TYT bénéficie d’autres sources de financement comme les abonnements payants [il en aurait recueilli 4.000, à ce jour] et la publicité YouTube. Mais clairement, le défi reste celui de la monétisation.
Pour l’instant la grande affaire de Cenk Uygur est le construction d’un studio en propre, pour pouvoir alimenter notamment sa chaîne YouTube. C’est pour cela qu’il a besoin de 250.000 dollars, qu’il recherche par le système désormais classique du crowfunding. Son argumentaire est tonique, et en tout cas prometteur d’une information différente:
Vous, oui VOUS, nos supporters qui avez toujours était le cœur de The Young Turks (TYT). Ensemble nous avons toujours cru que nous pouvions faire une différence et nous ferons une différence. Nous nous dresserons ensemble contre l’establishment. Nous allons combattre les conventions. Ensemble nous n’accepterons pas la fabrication de la vérité telle que nous la donne les grands médias.
À suivre donc.
- Pour aller plus loin :
- cet article de Barbara Chazelle, de la direction stratégie et prospective de France Télévisions, publié sur Meta-Media, qui revient sur les performances d’audience réalisée sur YouTube par 375 chaînes.
- le rapport du Pew sur l’usage de la video online en 2013, aux États-Unis.
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2. Le pouvoir sans responsabilité
Lorsque vous avez des journaux qui mettent la main sur de grandes quantités de données et d’informations qui sont effectivement des informations volées, et ils pensent -c’est ce qu’ils pensent- que c’est OK pour les révéler, je pense qu’ils doivent penser à leurs responsabilités qui sont d’aider à garder notre pays sûr.
Lorsque j’ai lu ces propos de David Cameron tels qu’ils ont été rapportés par le Guardian, j’ai immédiatement pensé à la célèbre phrase de Stanley Baldwin, l’un des prédécesseurs de David Cameron au poste de Premier ministre:
Les propriétaires de ces journaux visent le pouvoir, et le pouvoir sans responsabilité – [ce qui est] la prérogative de la prostituée, de tout temps.
[en fait, la citation originelle est de Rudyard Kipling]
Stanley Baldwin venait de perdre les élections législatives de 1929, et avait failli être démis de son poste de leader du parti conservateur, par les deux patrons de la presse populaire d’alors, Lord Rothermere [le premier du nom] propriétaire -entre autres- du Daily Mail et du Daily Mirror, et le baron Beaverbrook alors propriétaire de l’Evening Standard et du Sunday Express.
Autre temps, autres mœurs, aujourd’hui, ce sont ces mêmes journaux populaire -Daily Mail en tête- qui volent au secours du Premier ministre d’aujourd’hui accusant le Guardian d’aider les terroristes [lire aussi cette tribune de Paul Dacre, directeur de la rédaction du Daily Mail, publiée par le… Guardian]
Cette accusation trouve son origine dans la publication de documents fournis par Edward Snowden, et en particulier -nous sommes en Grande-Bretagne- ceux concernant le Government Communications Headquarters (GCHQ). Cet organisme, nous apprennent ces documents, collectait et stockait de grandes quantités d’emails, de statuts Facebook, d’appels téléphoniques, etc., et les partageait avec le NSA, son homologue américain la National Security Agency (NSA) laquelle avait d’ailleurs un accès direct au système du GCHQ [détails ici].
L’histoire est aujourd’hui connu, mais l’accusation de David Cameron à l’encontre du Guardian et l’attitude contrastée des médias britanniques dans cette affaire mérite que l’on s’y arrête de nouveau, et ce sur deux points :
- les documents publiés par le Guardian sont-il le résultat d’une fuite ou d’un vol ?
- qu’en est-il du 4e pouvoir, si un journal -ou un quelconque média- ne peux pas publier certaines informations au nom d’une supposée sécurité nationale.
Les documents d’Edward Snowden, fuite ou vol ?
Le gouvernement britannique -à l’instar du gouvernement américain- s’est efforcé à plusieurs reprises de criminaliser le seul fait de publier les documents fournis par Edward Snowden. Cela s’accompagne d’une volonté délibérée de salir son adversaire, qui est un classique de la communication de guerre. L’un des exemples les plus fameux est la manière dont la guerre du Golfe (la première, celle de 1991) a été vendu aux occidentaux: Saddam Hussein, avait été représenté comme le « méchant » par définition, avec son « regard mauvais » et sa « moustache malveillante ». Les soldats irakiens qui avaient envahi le Koweit, arrachaient les enfants des couveuses, les laissant agoniser à même le sol des hôpitaux (1). Tout cela, on le sait maintenant n’était que propagande [cette émission de Patrick Pesnot sur France Inter revient sur le sujet].
C’est le même schéma qu’utilise David Cameron à l’encontre du Guardian. L’emploi du terme voler [steal] n’est en rien anodin. Il préjuge que la source des documents est illégale. Cela a deux conséquences. D’une part, cela revient à dire que les journalistes -et le média- qui utilisent cette matière se conduisent comme de vulgaires receleurs et n’ont donc pas d’éthique [2]. D’autre part, cela peut avoir des conséquences juridiques importantes.
À cette accusation grave, la réponse est simple. Certes, il est bien écrit dans la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes, dite charte de Munich de 1971, [c'est le point 4 des "devoirs"], que les journalistes s’engagent « à ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations ». Or, nous ne sommes pas dans ce cas de figure. Le Guardian s’est contenté de recueillir et traiter avec prudence des documents qui lui ont été fournis par une source. Il utilise une « fuite » [leak], comme il s’en produit en permanence dans toute organisation, où des centaines, voire des milliers de personnes travaillent sur des sujets sensibles. Certes, il s’agit d’informations sensibles, puisque provenant de la NSA, mais nous sommes dans un schéma de recueil d’informations tout à fait traditionnel.
Quand bien même, il existe un principe extrêmement puissant, celui du « droit à l’information du public ». Le Pew Research Center va encore plus loin en assignant au journalisme un rôle actif de « rempart contre le despotisme« :
Le journalisme a une capacité inhabituelle pour servir de chien de garde par rapport à ceux dont la puissance et la position affectent le plus les citoyens.
On peut considérer que l’écoute systématique de pratiquement l’ensemble de la population constitue un risque grave à l’encontre de la démocratie et que le Guardian était donc dans sa responsabilité de « chien de garde », lorsqu’il a publié ces documents. C’est ce qu’on voulut dire plusieurs dizaines de directeurs et de rédacteurs en chef de journaux, à travers le monde, en apportant leur soutien au Guardian. [lire ici, ces contributions, et un résumé en français]
Le Guardian dans l’exercice du 4e pouvoir
La notion de 4e pouvoir est une sorte d’arlésienne, mais correspond-elle a une réalité aujourd’hui?
Cette notion s’est forgée au XIXe siècle, en Grande-Bretagne, après que les pouvoirs publics aient levé le contrôle très strict qu’ils imposaient à la presse, notamment par le biais du Stamp Act. Libérée celle-ci s’émancipa et en particulier le Times. Ce dernier deviendra alors « le paradigme du 4e pouvoir », comme l’explique George Boyce (3). Le journal affirma son indépendance vis-à-vis du gouvernement, mais il s’avérera aussi représentatif d’une partie de l’opinion publique, en particulier les classes moyennes éduquées. « Il offrira aussi, ajoute-t-il, une flux constant d’informations et de commentaires nécessaires à la formation d’un jugement dans le domaine politique. Il bénéficiait aussi des ressources journalistiques nécessaires pour pour collecter et transmettre les informations. »
Signe de cette puissance toute neuve, l’impact des dépêches de William H. Russell. Ce dernier avait été chargé de suivre guerre de Crimée (1854-1856) aux côtés de l’armée britannique. Il révélera le profond état d’impréparation des militaires, ce qui conduira à de profondes réformes. C’est ici que naît la notion de 4e pouvoir dans son sens plein, que l’on peut résumer ainsi: les journaux ne sont pas seulement indispensables à l’information du public, ils rendent aussi service au gouvernement en complétant et corrigeant l’information officielle.
Aujourd’hui, le Guardian offre un remake de ce moment historique, qui vit il y a un siècle et demi le Times incarner à lui seul le ce 4e pouvoir. Il le fait à travers son violent bras de fer avec l’exécutif, toutes tendances politiques confondues. Ce n’est pas un hasard si l’ancien ministre travailliste des Affaires étrangères, Jack Straw, estime aussi que le Guardian a fait preuve d’une « extraordinaire naïveté et arrogance » en publiant ces documents.
La réponse d’Alan Rusbridger, son rédacteur en chef, nuancée, balaie cet argument:
Nous reconnaissons -naturellement- qu’il existe une tension entre le secret absolu que désirent les services secrets, et la transparence, qu’en toutes autres circonstances, demande la démocratie. Ce pays a besoin d’espions, et ceux qui font cela n’accueilleront jamais avec plaisir les attentions de la presse.
Fin de l’histoire? Sans doute pas. Il faut attendre pour savoir si le pouvoir politique réformera le système d’espionnage global qu’il a mis en place. Et puis, il faut remarquer qu’aujourd’hui, le Guardian semble bien isolé en Grande-Bretagne. Or, écrit George Boyce
l’un des éléments essentiels du 4e pouvoir est sa diversité; la presse doit être constituée de plusieurs organes [de presse], représentant toutes les variétés et nuances des sentiments qui prévalent dans la communauté; ils doivent s’exprimer à travers de nombreux et différents canaux qui agrègent des idées, des sentiments, des préjugés et des passions, et que nous appelons « opinion publique »
- Pour aller plus loin : lire sur le site du New Yorker, The Freedom of Information, de Ken Auletta, consacré au Guardian et à Alan Rusbridger.
Notes
- Larry Tye, The Father of Spin, Henry Holt and Company, cool. Owl Book, New York, 2002. Ce livre retrace la carrière d’Edward L. Bernay, considéré comme étant le père des relations publiques. Il est question de Saddam Hussein dans la préface, p. VII.
- tout ceci se passe dans le contexte très particulier de la mise en place potentielle d’une Charte déontologique, dans la foulée des travaux de la commission Leveson. Je n’aborde pas cette question ici, car cela exigerait a minima un post!
- Newpaper History, co-dirigé par George Boyce, James Curran et Pauline Wingate, Constable, Londres, 1978. Les citations sont extraites du chapitre un, The Fourth Estate: the reappraisal of a concept, [le 4e pouvoir: le réexamen d'un concept] rédigé par George Boyce.
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3. Contre la peine de mort, la puissance des mots
Cette image montre l’exécution publique de Pierre Vaillat, à Lons-le-Saulnier en 1897.
Ils sont deux a avoir écrit, à quelques années de distance, un texte sur les derniers instants d’un condamné à mort. Le parallèle entre les deux est saisissant. Il montre cette stupéfaction qui s’empare des témoins, placés dans l’impossibilité d’arrêter une machine qui va tuer un homme vivant. À l’heure de la vidéo triomphante et du multimédia, il est nécessaire de rappeler la force évocatrice que possède un texte.
Ils sont deux donc. L’une était une juge d’instruction simple témoin, bouleversée par ce qu’elle avait vu et l’autre un écrivain aujourd’hui célèbre, George Orwell. Tous deux trouvèrent les mots pour dire l’atrocité glacée d’une exécution.
Le premier texte a été rédigé par Monique Mabelly, juge d’instruction, dans la nuit qui suivit l’exécution d’Hamida Djandoubi, le 9 septembre 1977, à laquelle elle assista. Je reprend quelques extraits du texte publié par Le Monde.
On assied le condamné sur une chaise. Il a les mains entravées derrière le dos par des menottes. Un gardien lui donne une cigarette à bout filtrant. Il commence à fumer sans dire un mot. Il est jeune. Les cheveux très noirs, bien coiffés. Le visage est assez beau, des traits réguliers, mais le teint livide, et des cernes sous les yeux. Il n’a rien d’un débile, ni d’une brute. C’est plutôt un beau garçon. Il fume, et se plaint tout de suite que ses menottes sont trop serrées. Un gardien s’approche et tente de les desserrer. Il se plaint encore. A ce moment, je vois entre les mains du bourreau, qui se tient derrière lui flanqué de ses deux aides, une cordelette.
Pendant un instant, il est question de remplacer les menottes par la cordelette, mais on se contente de lui enlever les menottes, et le bourreau a ce mot horrible et tragique : « Vous voyez, vous êtes libre !… » Ça donne un frisson… Il fume sa cigarette, qui est presque terminée, et on lui en donne une autre. Il a les mains libres et fume lentement. C’est à ce moment que je vois qu’il commence vraiment à réaliser que c’est fini – qu’il ne peut plus échapper –, que c’est là que sa vie, que les instants qui lui restent à vivre dureront tant que durera cette cigarette. (…)
La deuxième cigarette est terminée. Il s’est déjà passé près d’un quart d’heure. Un gardien, jeune et amical, s’approche avec une bouteille de rhum et un verre. Il demande au condamné s’il veut boire et lui verse un demi-verre. Le condamné commence à boire lentement. Maintenant il a compris que sa vie s’arrêterait quand il aurait fini de boire. (…)
Cet homme va mourir, il est lucide, il sait qu’il ne peut rien faire d’autre que de retarder la fin de quelques minutes. Et ça devient presque comme un caprice d’enfant qui use de tous les moyens pour retarder l’heure d’aller au lit ! Un enfant qui sait qu’on aura quelques complaisances pour lui, et qui en use. Le condamné continue à boire son verre, lentement, par petites gorgées.
Le second, a été rédigé par George Orwell. Il raconte une pendaison [c'est le titre du texte] à laquelle il assista, lorsqu’il était policier dans ce qui est aujourd’hui la Birmanie. Voici un extrait:
Une quarantaine de mètres nous séparaient encore de l’échafaud. Je contemplai le dos nu et sombre du prisonnier qui marchait devant moi. Malgré les liens qui le gênaient, il marchait d’un pas soutenu, avec cette allure dansante qui donne aux Indiens leur manière de fléchir les genoux. À chaque pas, ses muscles jouaient avec précision, la boucle des cheveux sautillait sur son crâne, ses pieds laissaient leur empreinte dans le gravier humide. À un moment, malgré les deux hommes qui le tenaient par les épaules, il fit un léger pas de côté pour éviter une flaque d’eau.
Jusque-là, je n’avais bizarrement jamais réalisé tout ce que signifie l’exécution d’un homme conscient et en parfaite santé. Lorsque je vis le prisonnier faire cet écart pour éviter une flaque, je vis le mystère, l’injustice indicible qu’il y a à faucher une vie en pleine sève. Cet homme n’était pas à l’agonie, il était aussi vivant que nous. Tous les organes de son corps fonctionnaient —les intestins digéraient les aliments, la peau se renouvelait, les ongles poussaient, les tissus se formaient— tout continuait à travailler avec une solennelle absurdité. Ses ongles continueraient à pousser lorsqu’ils se tiendraient sur l’échafaud, lorsqu’il tomberait dans le vide et qu’il ne lui resterait plus qu’un dixième de seconde à vivre. Ses yeux voyaient le gravier jaune et les murs gris, et son cerveau se souvenait, prévoyait et raisonnait toujours —il raisonnait même sur les flaques d’eau. Lui et nous, nous formions un groupe d’hommes qui marchaient ensemble, voyaient, entendaient, sentaient, comprenaient le même monde; et d’ici deux minutes, d’un coup net, l’un de nous allait disparaître —un esprit de moins, un univers de moins.
[George Orwell, Une Pendaison, in Essais, Articles Lettres, volume I, éditions Ivréa, Paris, 1995, p. 71.]
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4. De nouvelles formules de paywall pour les magazines.
Mashable recense dans un article différentes formules innovantes de « payant » actuellement expérimentées par les magazines américains:
- l’article long format, payé à la pièce. La formule est expérimentée par Esquire pour un article de 60.000 signes [10.000 mots], The Prophet, qui n’est accessible qu’après avoir réglé 1,99$ [1,47€]
- Sport Illustrated propose l’accès à des articles parus dans le journal papier et qui ne sont pas encore mis en ligne, à condition de regarder une vidéo publicitaire.
- The Atlantic propose une sélection d’articles disponibles gratuitement en ligne, repris dans un magazine hebdomadaire sans publicité. Il est publié sur iTunes, pour 1,99$
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