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L’idéologie sécuritaire pour contrôler le peuple

Publié le 14 octobre 2013 par Thierry Gil @daubagnealalune

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L’idéologie sécuritaire pour contrôler le peuple et le soumettre

Professeur émérite de philosophie à l’université de Nice-Sophia Antipolis, André Tosel voit dans la surenchère sécuritaire de la droite une démarche stratégique visant à redéfinir les concepts de la philosophie politique comme la liberté et l’égalité, pour leur substituer un besoin obsessionnel de sécurité : « Sous couvert de défense de la sécurité publique et privée s’accumulent des mesures qui mettent en danger la sécurité et la liberté des citoyens dans le pays supposé des droits de l’homme. Le tour de force consiste à faire oublier d’où viennent tous les processus qui insécurisent réellement la vie des gens comme le chômage, la baisse des retraites, la fragilisation de la vie affective individuelle et familiale, la dégradation de la protection sociale, la soumission accrue à l’esclavage de la dette et de l’endettement engendrés par le mode de consommation devenu indispensable au mode de production capitaliste, bref , tout ce qui fait l’actualité sociale aujourd’hui ».

Leur objectif : que le peuple abandonne son désir de liberté et d’égalité pour lui substituer un besoin obsessionnel de sécurité.

Selon lui, cette idéologie au service du capitalisme prépare en fait l’organisation institutionnelle et quotidienne d’une politique de guerre sociale, visant à discréditer les pratiques de résistance et à maintenir les inégalités sociales, le pillage du monde par une oligarchie : « Le pouvoir use de l’incertitude existentielle qui frappe les plus exclus, les plus pauvres et les plus fragiles des classes et couches subalternes pour les transformer en majorités prédatrices, et tenter de les cimenter dans la haine à l’égard de minorités constituées par des fractions ou des segments de population encore plus exclues et encore plus pauvres. En redéfinissant le peuple de cette manière, en lui donnant un ennemi, le pouvoir évite que celui-ci identifie son véritable ennemi : le capital – et ses processus anonymes et irresponsables. Il ne s’agit pas de dire que la violence physique n’est pas un problème, mais l’objectif du pouvoir n’est pas d’en finir avec cette violence, c’est de créer un nouveau partage, de nouvelles divisions, pour redéfinir le peuple à partir de cette question de la sécurité autour d’une idée : tous derrière celui qui protège, tous derrière le chef. Cela fait passer à la trappe les solidarités anciennes qui permettaient au peuple de se définir autrement que comme celui qui est effrayé par des voyous. J’insiste, mais il faut bien comprendre que, pour la droite, c’est une démarche stratégique afin de préparer ces majorités apeurées à se faire prédatrices de ces minorités, ne serait-ce qu’en consentant aux politiques sécuritaires et en assurant ainsi une reproduction du système (…) »


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