Qui ne s’est pas senti bizarrement ballonné après avoir avalé d’une traite une quantité proche du litre d’eau par une chaude journée d’été… Mais si vous savez chez mamie ! Après avoir couru comme un fou dans le jardin, cet immense verre de grenadine qu’il fallait tenir à deux mains et que l’on vide sans reprendre son souffle. On le vide, et glou et glou, on le repose, on passe son bras sur sa bouche et on s’exclame "Encore!" Voilà, pour moi c’est ce qui se rapproche le plus de la torture par l’eau.
(Ne vous inquiétez pas je vais parler de science maintenant)
Un volcan s’éteint et parfois un être aussi !
Bref mis à part des sensations bizarres du tube digestif et une forte envie d’uriner, existe-t-il des risques à boire trop d’eau ? On parle très souvent du risque de déshydratation, et j’ai toujours cru que l’eau ne pouvait avoir absolument aucun effet négatif. …" l’eau est indispensable à la vie "… " rien de plus dangereux que la déshydratation" ... Peut-être ai-je trop subit de pubs Volvic ? [Un ravitaillement de marathon, c'est peut-être plus dangereux qu'on ne croit !]
Alors voyons quelques cas (très rares il faut bien le dire):
- En l'an de grâce 2000, une femme de 20 est morte après avoir ingéré près de 12L d’eau en 4H, ceci dans le but peu louable de masquer sa consommation de drogue pour un test urinaire. Suite à cette ingestion elle a perdu conscience avant de mourir peu de temps après.
- Autre exemple en 2002 où lors du marathon de Boston une femme de 28 ans est morte «d’hyperhydratation ». Quelques soldats dans la fleur de l’âge ont également connu le même sort tragique suite à l’ingestion de grande quantité d’eau au cours d'efforts en terrain chaud.
- Enfin le cas le plus célèbre est celui d’Andy Warhol. Non il n’est pas mort suite à l’ingestion répétée de « Campbell’s soup »… mais probablement des suites de la réhydratation artificielle suivant une opération de banale de la vésicule biliaire. C’était en 1987 et il n’avait que 58 ans…
Comment l’eau a pu causer leur mort ?
L’absorption d’une grande quantité d’eau à comme conséquence principale la diminution du taux de sodium (Na+) dans le sang, on parle d’hyponatrémie. L’hyponatrémie peut aussi être liée à un problème rénal lorsque l’urine n’est pas assez diluée. On considère une natrémie comme normale entre 136 à 145 mmol/L, une valeur que l’on retrouve dans une analyse sanguine classique : l’ionogramme… Mais si, vous savez, le fameux « NFS, Chimie, Iono ! » gueulé à longueur de temps par les acteurs de la série « Urgences ».
[Relation entre le risque d'hyponatrémie et d'hyponatrémie sévère (en noir) en fonction de la perte ou du gain de poids (indice de la quantité d'eau absorbée/perdue) pour les coureurs du marathon de Boston de 2002. Les chiffres au dessus des barres indiquent les effectifs des coureurs pour chaque catégorie. 7 coureurs ont gagné plus de 3kg au cours de la course présentant ainsi un risque d'hyponatrémie de 70% ... D'après "Hyponatremia among Runners in the Boston Marathon", C Almond, A Shin, E Fortescue. 2005]
L’hyponatrémie cause plusieurs problèmes importants :
Tout d’abord une hyperhydratation cellulaire par effet osmotique. Le milieu extra-cellulaire étant moins concentré en soluté que le milieu intracellulaire l’eau va avoir tendance à rentrer dans les cellules. La conséquence la plus grave étant l’œdème cérébral, c'est-à-dire l’accumulation d’eau au niveau du cerveau, pouvant entrainer la mort comme nous l’avons vu ci-dessus.
Par ailleurs la modification rapide de la natrémie a des effets importants sur le fonctionnement des neurones. A chaque influx nerveux (ou potentiel d’action), c’est en effet une grande quantité de sodium qui rentre dans le neurone selon un gradient de concentration important. Conclusion les neurones n’apprécient pas vraiment les variations brutales de la natrémie. De ce fait le traitement de l’hyponatrémie est à ajuster délicatement. Dans les cas les moins grave, il suffit de boire moins, dans certain cas on corrige le taux de sodium par un sérum salé assez concentré, et dans les cas les plus graves on accompagne ce traitement d’un diurétique désormais célèbre : Le furosémide !
Pour éviter l’hyponatrémie le plus simple reste d’éviter une absorption excessive d’eau (il y a un nom pour ça : la potomanie), et en cas d’effort soutenu, notamment lors de grosses chaleurs, d’absorber des boissons adaptées avec un teneur raisonnable en sodium et autres ions… [2 méthodes plus ou moins saines d'éviter l'hyperhydratation, une troisième mesure préventive que j'ai tendance à plébisciter consistant a ne pas faire de sport...]
[Retour à l'accueil]