Ainsi, le pape demande de « vivre sur la frontière et d’être audacieux« . J’en comprends d’aller à ce qui est précisément la frontière, au front.
Pourtant les structures -notamment cléricales- n’ont jamais été aussi remplies d’officiers d’état-majors, d’EAP et de colloques, de rencontres et de réunions. Et aussi gênées par le manque de volontaires pour le front, à l’exception de quelques mercenaires plus ou moins bons.
On connaît cette propension très française de travailler dur en pédalant à vide. Économiquement, le CAC40 se vide en général de ce type d’entreprises bourrées de diplômés ad-hoc jouant les réseaux et la positionnement interne. Le monde politique s’amuse tout autant sans qu’aucune sanction réelle ne courre en dehors de la fumisterie électorale.Et je m’abstiendrai sur le « monde associatif »…
Quoiqu’en pense certains clercs, cette approche systémique reste globalement valable sur le gouvernement des hommes, y compris dans l’Eglise. Car si l’abandon dans le grand mystère de Dieu est la clé de voûte de toute vie, encore faut-il avoir tout fait, tout donné, spirituellement, intellectuellement, physiquement, pour qu’il soit vrai. Et, malgré l’échec missionnaire français depuis 40 ans, l’encroûtement satisfait, la mondanité immobile sont encore présents un peu partout, et chez moi le premier !
Il serait donc judicieux de retenir les expériences de ceux qui sont allés au-delà des frontières. Des prêtres afros et des nouveaux convertis plutôt que des générations mortifères et des grenouilleurs de presbytères.. Des commerciaux de Dieu plutôt que des comptables de sacristie. Des habitués des Halles plutôt que de la Procure. Des matelots de la haute mer incertaine plutôt que des canoteurs de Boulogne. Des capucins à poil sous leurs bure enflammant les coeurs plutôt que des intellos cravatés bredouillant dans leurs nefs vides.
Dans un tel schéma, il faut aller de l’avant, dans le risque et l’approximation, la séduction et le frottement. Accepter la rudesse et l’injustice du front parce qu’elles sont nécessaires. Etre pleinement à la frontière dans l’audace, sans la retenue du lieutenant Drogo . Ne plus éviter le péché d’action du mot blessant en commettant celui d’omission de la parole libératrice. Abandonner le confort et les discours lisses, oser le vrai et le réel contre le concept et les idées.
Incarner le Christ plutôt que d’en vendre les valeurs.
Et ne plus jamais confier, comme en 1940, la conduite du front à ceux qui produisent le terrifiant bilan missionnaire qu’on retrouvera en cliquant ici.