Parfois, je souris doucement en écoutant quelqu’un m’expliquer que la photographie animalière doit être un hobby facile, car lui-même voit des chevreuils depuis la fenêtre de sa voiture tous les jours… La réalité du terrain est tout autre. Pour une image réussie, il y a des dizaines d’heures passées sur le terrain a repérer les habitudes de la faune, a scruter leurs lieux de vie, puis à attendre, souvent en vain, la conjoncture entre la présence d’un sujet, à bonne distance, et avec une belle lumière… Quand le moment survient, il est magique, et éclipse toutes les heures d’attente stériles. Quand il ne vient pas, on se satisfait d’avoir passé un bon moment au contact de la nature, et peut-être d’avoir pu entendre un troglodyte mignon faisant la coure à sa dame à quelques centimètres de l’affût. Non, la photographie animalière n’est pas chose aisée pour celui qui prend soin de se faire discret et qui s’interdit d’interférer avec la faune qu’il observe pour ramener une image. Mais quel plaisir de passer un bon moment en plein air, loin de l’agitation et du stress de notre civilisation…
Les sorties sans images ne sont jamais illustrées sur ce site, et pourtant elles sont nombreuses, à l’instar de cette semaine de vacance passée sans réaliser un seul cliché. Clin d’oeil de la nature ou ironie du sort, c’est dans les derniers mètres d’une ballade du dimanche après-midi dans la réserve du Creux-du-Van que ce magnifique bouquetin a choisi de se montrer durant quelques instants. La lumière n’y est pas, mais le plaisir de le voir après plusieurs mois sans observation était bien présent, même s’il ne s’agit pas du plus sauvage des sujets photographié cette année…
Neuchâtel, le 13 octobre 2013